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Recension : Mission et cinéma

Emilie Gangnat, Annie Lenoble-Bart, Jean-François Zorn (édts.) Mission et cinéma, éd. Karthala 2013

Actes du CREDIC (Centre de Recherches et d’Echanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme) suite au colloque de sept. 2012 à Montpellier (34), auquel Pro-Fil a participé

INTRODUCTION

Voir les trois introductions des co-éditeurs sur notre site :

 

I. APPROCHES HISTORIQUES :

Introduction. P. 23 : « L’exemple du Burkina Faso et du Mali » (Dragoss Ouedraogo)

C’est vers les années 1930 que commencèrent à être produits des films sur la Mission. Ceci pour donner un bilan positif de l’œuvre missionnaire européenne dans le monde. Ces films sont des documentaires visant à faire connaître l’œuvre missionnaire et faire de la publicité pour les missions (susciter des missionnaires et trouver des soutiens financiers).

1. P. 39 : « Quand la mission fait son cinéma : De la barbarie à la civilisation chrétienne » (Laurick Zerbini)

Le film De la barbarie à la civilisation chrétienne  a un titre significatif désirant montrer tout l’intérêt civilisateur de la Mission en Afrique subsaharienne. C’est un outil de propagande plus fictionnel que documentaire et anthropologique.

2. P. 59 : « Le Père Aupiais et ses deux films de 1930 sur les religions du Dahomey » (Pierre Trichet)

En 1930 un missionnaire catholique (Aupias) produit deux films sur le Dahomey dans un esprit différent : faire découvrir les traditions africaines présentées avec une authenticité ethnographique certaine. C’est le cas de son premier film Le Dahomey religieux (la tradition africaine). L’autre cherche à susciter des volontaires pour la mission. Lorsqu’il présente ses deux films en France pour récolter de l’argent, il réhabilite la ‘race noire’ et les valeurs de la civilisation africaine, par rapport au mépris et au dénigrement de l’Afrique à cette époque. Ses opinions trop positives seront critiquées, accusé qu’il est de vanter le fétichisme et la polygamie. Cependant il a apporté un changement dans l’opinion publique en faveur des noirs.

3. P. 59 : « La mise en images des traditions indigènes face à l’évangélisation : Etienne Berger au Barotseland » (Emilie Gangnat)

C’est à la même époque (1930) que la Mission Protestante de Paris tourne un film sur le Zambèze, présenté en France en 1939. C’est une série de 5 petits films. L’un sur la royauté support de l’activité missionnaire. Un autre, bref, sur le paganisme local présentant un devin d’une manière objective. 2 autres sur l’activité missionnaire elle-même, dont un sur les activités sociales de la mission. Le tout insistant sur l’avenir de l’Evangile au Zambèze.

Ces films veulent montrer les bienfaits de la mission aux yeux des occidentaux, apportant des

changements importants en Afrique. Plus qu’un support descriptif, les images illustrent les commentaires missionnaires. Le respect des traditions indigènes est mis en valeur, car leur étude permet de mieux adapter le message évangélique aux populations.

A partir des années 30 le cinéma missionnaire est un support d’information grand public. .Le souci n’est pas anthropologique, de description de la vie des autochtones en tant que telle. Les scènes locales sont intégrées dans la perspective missionnaire. Il n’en reste pas moins que ces films sont des sources historiques de valeur, des témoignages rares de la transformation du continent africain par la mission.

4. P. 73 : « Lux in tenebris : Oblats de Marie Immaculée et Inuits du pôle magnétique en interaction derrière la caméra » (Eddy Louchez)

Un peu plus tard, en 1957 parait un film sur les Inuits (esquimaux du nord du Canada), tourné par un missionnaire des Oblats de Marie. D’autres seront tournées entre 1933 et 1956 par cette congrégation, come il en a été tourné pas mal à caractère ethnographique pur. Ce film Lux in tenebras est une réussite technique pour l’époque. La moitié des scènes présentent les activités traditionnelles, l’autre porte sur les activités missionnaires proprement dites. Le titre : « la lumière luit dans les ténèbres » indique un projet double : ethnographique, vu que la la lumière manque pendant de longs mois d’hiver, éclairé par les lampes à huile de phoque, en attendant la venue du printemps et sa clarté ; spirituel, consistant à présenter la lumière venue d’En Haut éclairer l’humanité plongée dans les ténèbres (les Inuits plongés dans le paganisme).

Ce film cherche à montrer le rôle prépondérant des missionnaires, critiqués à cette époque comme des destructeurs de la société des esquimaux. D’où des scènes valorisant des coutumes inuits, comme la danse du tambour par exemple. Le film laisse à penser à tort qu’il y aurait une disparition de certaines pratiques traditionnelles : (échange de femmes, suicides, tabous…). Il est fait de raccourcis, de silences et d’accommodations en faveur de la propagande missionnaire. Car en fait, il cherche avant tout à valoriser tout le bénéfice que les Inuits retirent de la richesse du christianisme, grâce à l’interaction entre les esquimaux et les missionnaires.

Ce film est tourné pour informer les gens du Sud (Canada et E-U notamment) et ainsi obtenir du soutien. Il n’empêche que ce film a développé la connaissance de ces populations et a inspiré d’autres réalisateurs.

II. REPRESENTATIONS, DIFFUSION et VALORISATION :

5. P. 95 : « L’Office Catholique International du Cinéma et son travail dans le domaine du cinéma en pays de mission avant le concile Vatican II » (Guido Convents)

Regard sur l’OCIC (Office Catholique International du Cinéma) de 1930 à Vatican II. Aider le public catholique à voir de bons films et préserver les jeunes des productions dégradantes, tout en luttant contre la sécularisation et diverses idéologies problématiques. Au début pas d’ouverture sur la Mission. Et donc parallèlement se crée une société de propagande missionnaire par le film pour combattre les forces antireligieuses du colonialisme en pays de mission. La vague des films commerciaux qui déferle partout n’a aucun intérêt pour les croyances catholiques. Ce n’est qu’en 1957 qu’est créé à l’OCIC un sous-secrétariat pour le cinéma missionnaire.

6. P. 111 : « Le cinéma au service de l’évangélisation : Les Scheutistes au Congo belge » (Flavien Nkay)

Les missionnaires belges au Congo vont utiliser le cinéma comme moyen d’évangélisation. 2 d’entre eux organisent des projections pour les Congolais entre 1935 et 1940 pour valoriser la morale chrétienne. Après la guerre ils vont réaliser des films en vue de l’éducation des congolais, suivant les recommandations de l’Unesco elle-même. Un véritable ministère a lieu pour le cinéma missionnaire. Il vise d’abord les Européens, mais ensuite ce sont les africains qui sont concernés et qui visionneront la vie religieuse en Europe. Après cette évangélisation de type coloniale, les films seront africanisés, en mettant en scène la vie des africains eux-mêmes. Les missionnaires découvrent les difficultés d’interprétation des films par ces populations. Reste que sur le long terme ces films ont eu un impact durable d’évangélisation. De plus les élites acquièrent par là une ouverture à divers aspects du monde de l’époque, plus de liberté et d’émancipation. Celles-ci n’apprécient pas qu’un type de cinéma soit réservé aux Blancs et un autre aux Africains, population infantile et inférieure. Tous ces efforts, sont à qualifier de ‘malentendu productif’. Après l’indépendance l’effort de développement du cinéma missionnaire disparaît , mais reste que les élites africaines ont été marquées par cette dimension chrétienne culturelle et religieuse.

7. P. 129 : « Les missions québécoises à travers le cinéma ; un regard socio-ecclésia en mutation (1942-1990) » (Catherine Foisy)

Les missions québécoises ont aussi utilisé le cinéma dès 1942 et jusqu’en 1990. On peut en citer deux représentatifs : A la croisée des chemins (1942) et Cubaniana  (1957). Il faudra attendre l’après Vatican II pour que la propagande missionnaire face place à la mise en valeur des pratiques et des réflexions des églises du Sud, avec collégialité et réciprocité entre missionnés et missionnaires. Les années 80 voient la mutation du regard de ce cinéma sur le monde et l’Eglise.

Ces deux films mentionnés sont produits par le prêtre POITEVIN. L’un sur la Chine et son exotisme, susceptible d’attirer de nouveaux missionnaires. L’autre sur les différents aspects de la vie à Cuba, une manière d’éduquer le public québécois. Est soulignée l’avance culturelle et religieuse des missionnaires par rapport aux autochtones, qui ont besoin d’évoluer. Les années 60 et 70 ne vont pas être favorables à ce genre de discours, liant mission et colonialisme. Désormais il s’agira d’accompagner les populations en vue de leur autonomie, par une conscientisation plus personnelle. L’idée des nouveaux documentaires est de favoriser l’indigénisation des églises locales, avec une inculturation des missionnaires eux-mêmes.

La visée est d’appliquer concrètement les valeurs chrétiennes dans les zones évangélisées d’Amérique latine par ex. Des documentaires comme Où habites-tu ?, ou Les 2 côtés de la médaille mettent les églises locales et celles du Nord en situation de réciprocité partenariale, avec la visée d’une émancipation complète de ces divers peuples du monde. Ce changement de vision entre les années d’après-guerre et celles d’après Vatican II est aussi lié à un rejet important de l’église catholique canadienne trop cléricale pendant des décennies.

8. P. 143 : « L’usage du cinéma sur le terrain de la mission à Madagascar » (Robert Martel)

Madagascar et le cinéma en milieu missionnaire protestant : En 1955 les missionnaires vont réaliser des films montrant l’activité des églises en Europe. Mais dans les années 60 la mission devient vie d’église centrée sur musique, chants et prédications. Dans les villes les cinémas projettent des séries américaines négatives du point de vue des églises et des missionnaires (sexe, violence et guerre). Certains films existent, valorisant la langue et la culture française. Dans ces années 60 la ville d’Ambositra et son important lycée protestant, donne à voir des films distrayants et éducatifs. Il deviendra un ciné-club animé par un jeune professeur envoyé en mission. Tentative d’apporter aux élèves des grandes classes un cinéma plus culturel et moral. Des débats ont lieu après les projections.

La formation des jeunes y gagne, ainsi qu’une réhabilitation du cinéma chez les adultes, qui ont droit à une séance mensuelle. En développant la langue française, les animateurs ont appris à mieux comprendre l’âme malgache. L’aspect symbolique de l’image a pu être approfondi, avec ouverture sur l’invisible et le spirituel dans sa relation avec la réalité ordinaire. Néanmoins priorité est restée à la parole prêchée, au moment même où une autre période commençait, celle de la télévision.

9. P. 153 : « L’utilisation et valorisation des films missionnaires du Centre de Documentation et de Recherche : Religion – Culture – Société de l’Université catholique de Leuven (KADOC-KU). Trente ans d’expérience » (Luc Vints)

Ce centre possède un patrimoine missionnaire du cinéma religieux et profane d’une grande richesse. Beaucoup de films sur les sociétés civiles des années 50, réalisés avec des partenariats financiers européens, et qui ont eu un impact pour des vocations missionnaires.

Les collections les plus importantes proviennent de congrégations missionnaires : les pères de Scheut et les pères blancs. Films réalisés par les missionnaires, à but éducatif, et de transmission des valeurs chrétiennes occidentales, traitant de sujets religieux et profanes.

La recherche à partir de ces collections a attiré plus d’africains que d’européens, avec des études sur l’histoire de la colonisation belge en Afrique, lors des 100 ans de la colonisation belge, ou suite au génocide rwandais, ou encore pour le 50ème anniversaire de l’indépendance du Congo, du Rwanda et du Burundi. Une consultation importante de ce fonds existe donc, mais porte plus sur les images que sur la valeur intrinsèque de ces productions cinématographiques.

III. ETUDE DE FILMS :

10. P. 173 : « Un missionnaire de Maurice Cloche (1955) : Ambition d’un projet, Aventure d’une réalisation, Accueil passionné et contradictoire » (Paul Coulon)

(Maurice Cloche est l’auteur du fameux Monsieur Vincent.)

Un jeune prêtre part en Guinée comme missionnaire, plein d’ardeur pour évangéliser et convertir les noirs. Déçu à la suite de certaines difficultés sur le terrain, le voilà de retour en France. Il retrouve son ancien supérieur des missions devenu évêque, qui réussira à le renvoyer en mission, alors qu’il souhaitait entrer dans un monastère.

Le film a connu des destinées diverses en France, avec une bonne exploitation jusqu’en 1963.

Grand succès à Venise en 1959. La presse est partagée à son propos. Les Noirs ne sont que des figurants, et silence sur les problèmes rencontrés par les missionnaires en A.O.F. Les prêtres africains en France sont critiques, car ils espèrent un changement de politique missionnaire, qui prenne en compte les valeurs indigènes, et suscite des initiatives locales instaurant une Eglise africaine. Ce film se trouve en décalage par rapport à l’évolution de la conjoncture coloniale et missionnaire, entre le moment où il a été pensé et celui où il est présenté. A quoi bon un tel film, alors ? Il a suscité des vocations missionnaires. Un évêque canadien a salué ce film, chronique d’un découragement ministériel surmonté. Preuve que « c’est dans la faiblesse que nous devons conquérir le monde », dit-il. Il est lui-même parti ensuite travailler dans une léproserie au Cameroun. D’après la visée des Spiritains, ce film de fortes convictions chrétiennes a servi la mission de façon moderne.

11. P. 203 : « Au risque de se perdre (The Nun’s Story) de Fred Zinnemann, 1959. Un engagement missionnaire en question au cinéma » (Bernadette Rey Mimoso-Ruiz)

Ce cinéaste hollywoodien renommé va produire un film sur la mission. Il faut savoir qu’aux E-U., vers 1960, le cinéma s’est ouvert à la dimension religieuse, vu le besoin de retrouver les valeurs chrétiennes dans une société ébranlée par la 2ème guerre mondiale, la guerre froide, le marxisme, etc…A côté des comédies hollywoodiennes, le western va valoriser les pionniers, les films de guerre les vainqueurs, et la foi chrétienne doit rester le socle de la nation américaine. Tel est le contexte de ce film, inspiré d’un roman issu de la rencontre en camp de concentration entre la romancière et une ancienne sœur missionnaire, ayant rompu ses vœux pour aller soigner les blessés de la guerre en Europe.

Le réalisateur va porter un regard humaniste sur le parcours de cette sœur, même s’il donne un peu de place aux valeurs chrétiennes d’évangélisation. L’apostolat est l’objet de quelques scènes, mais il montre la difficulté d’évangéliser dans une société très différente. Dans le cadre médical où se déroule le film, un médecin non-croyant est mis en valeur pour son côté moral d’humaniste, à côté de la sœur missionnaire.

Grâce aux techniques des effets lumineux, le cinéaste fera ressortir le contraste entre l’Europe religieuse de la sœur, faîte de sacrifice et de renoncement, et l’allégresse du dévouement humanitaire au Congo (par beaucoup de couleurs africaines contrairement à la grisaille belge). 2 mondes en viennent à se confronter dans la vie de l’héroïne (Audrey Hepburn) et la liberté reprendra le dessus chez elle.

Le film est centré sur la sérénité de l’Afrique, car à cette époque la décolonisation ne fait pas problème, et la mission à caractère humaniste est valorisée. Zinnemann lui-même se situe dans un humanisme qui dépasse les enjeux politiques et religieux. En mettant sur pied d’égalité les africains et les européens, il s’oppose à la ségrégation régnante aux E-U. Ce film est une ode à la vie, au caractère impartial sur les missions. Au-delà du problème spirituel de l’héroïne, il valorise l’option humaniste laïque du service du vivant.

12. P. 233 : « L’image du colon missionnaire dans le cinéma africain : le cas d’Albert Schweitzer dans Le grand blanc de Lambaréné du Camerounais Bassek Ba Kobhio » (Vendelin Abouna Abouna)

Avec ce film de 1994 l’auteur va montrer que la mission est un facteur de développement social et spirituel. Pour lui A. Schweitzer, imitateur du Christ, a un respect de l’homme et de la vie traduisant l’amour de Dieu en Christ. Le héros est montré aussi avec son côté humain fait de faiblesses. On voit A. Schweitzer mettre en place une vision plus humaniste de la présence coloniale. Mais il n’est pas soutenu pour autant par la Mission de Paris. Il montre son influence pour le Gabon devenu indépendant en 1960. Son dévouement humaniste correspond à la phrase du Christ : « venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos ». Dans ses messages il moralise l’évangile du salut par l’engagement humanitaire. Il éveille la conscience morale des indigènes, dont les traditions n’ont pour lui, guère de valeur.

Ce médecin à l’esprit colonial va être critiqué et un jeune qu’il a connu enfant, fait bien ressortir ces diverses critiques tant africaines qu’européennes, en lui envoyant la pique suivante : « vous avez seulement voulu partager notre enfer en espérant gagner le ciel ». Le cinéaste montre aussi A. Schweitzer critique à l’encontre des nouveaux politiciens parvenus de l’Afrique, à la veille de l’indépendance.

Si entre les deux guerres, Schweitzer est réticent devant l’évolution et l’émancipation des ‘indigènes et primitifs’, il montre que cela est dû à la position critique du médecin devant le développement technique dangereux pour la nature. Le véritable développement pour lui étant d’ordre spirituel. On comprend donc le reproche qui lui fut fait de maintenir les Noirs dans un état d’infériorité. Mais par ailleurs Schweitzer apparaît comme favorable à l’inculturation, et ceci rend le personnage crédible et attachant, en dépit des critiques à son encontre.

13. P. 241 : « Jeux de miroir entre Mission et Cinéma : Tambien la Lluvia (Même la pluie) d’Iciar Bollain, scénario Paul Laverty » (Waltraud Verlaguet)

Dans ce film de 2011, une équipe de cinéastes vient tourner un film en Amérique latine sur la mission au moment de la Conquista espagnole du XVIème siècle. Lors du tournage avec les indiens de Bolivie à Cochabamba, ils rencontrent une situation sociale d’exploitation de ces populations pauvres, reflet des problèmes rencontrés par ces mêmes populations 5 siècles plus tôt. Une confrontation complexe a lieu entre les personnages blancs jouant l’histoire de la Conquista, et les acteurs indiens de ce même film en tournage, qui vont se révolter contre le pouvoir local qui veut leur imposer une taxe sur l’eau. Le cours des événements socio-politiques aura des conséquences sur les différents acteurs impliqués dans le tournage. Les émeutes s’aggravant, le tournage du film s’interrompt, certains Blancs abandonnant le tournage. Par contre le producteur du film s’engagera aux côtés des acteurs indiens pour sauver la fille de l’acteur principal des indiens. La bataille de l’eau verra la victoire des indiens, victimes comme par le passé de la volonté d’exploitation des riches (des espagnols au XVIème siècle, à la recherche de l’or). Le film dans le film voulait dénoncer l’histoire de la Conquista. L’histoire semble se répéter pour ces indiens de Cochabamba qui essaient de survivre. Le cinéma est une manière bien actuelle de réécrire l’histoire.

IV. ACTUALITE DE LA MISSION :

14. P. 251 : « La mission sur le petit écran à partir du téléfilm Une histoire de liberté (Sénégal), France 2, Présence Protestante, 1994 » (Jean-François Zorn)

Le cinéma n’est plus le seul moyen de transmission de l’actualité missionnaire. Il y a désormais les téléfilms, mais aussi internet, sans oublier les DVD. Nous allons signaler quelques exemples typiques.

Sur le petit écran, un téléfilm : Une histoire de liberté (Sénégal 1994)

En France c’est le DEFAP qui a fait la promotion de la mission via la télévision et Présence Protestante, avec pour objectif de montrer la collaboration entre frères d’Afrique et d’Europe.

A partir de 1982 plusieurs téléfilms permettront d’être informé sur la mission en Côte d’Ivoire, Togo et Bénin, ainsi que sur le Cameroun et Madagascar. En 1993 un téléfilm est présenté au Sénégal : Une histoire de liberté. Il est produit par l’organisme français de la catéchèse : Méromédia. Il sera passé en raccourci à Présence Protestante. C’est l’histoire d’un missionnaire zaïrois envoyé au Sénégal en 1871 pour évangéliser et qui y fera un travail diaconal, à l’origine de l’Eglise protestante au Sénégal. Cela ne plaira pas au directeur de la Mission de Paris lors de sa visite là-bas en 1891, ce qui conduira à la démission de l’envoyé zaïrois. Ce téléfilm veut montrer que les Africains prennent toute leur part dans le développement de la mission. Le missionnaire à cette époque mène un combat anti-esclavagiste. Il y aura ensuite un demi-siècle de colonialisme, non évoqué dans le téléfilm. On laisse seulement entendre que l’Afrique doit encore sortir de son écrasement, même si le colonialisme est terminé.

15. P. 265 : « Une manière de présenter la mission aujourd’hui : deux documentaires produits par les Œuvres Pontificales Missionnaires » (Bernadette Truchet)

La mission aujourd’hui (2 documentaires des Œuvres Pontificales Missionnaires, 2008).

Promotion de la mission visant à propager le message, une doctrine sans intention de tromper le destinataire. Tel est le sens originel du mot propagande. Leur titre : 3 missionnaires (45 min.) et La mission dans le monde (13 min.). La visée est de toucher tous les publics et de montrer l’inculturation missionnaire. Elle s’appuie sur des écrits, notamment magistériels, orientant vers l’Eglise, tout baptisé étant un missionnaire du fait de son baptême. Il y a un respect des personnes non contraintes avec une annonce de l’Evangile sous-jacente. La rencontre des cultures est valorisée et l’interreligieux est signalé, ainsi que la présence de prêtres étrangers en France en relation avec la question des migrants. La nouvelle évangélisation vise autant les gens à l’intérieur qu’à l’extérieur des églises. La mission est ici et ailleurs ; les frontières missionnaires se brouillent.

Ces deux DVD soulignent l’évolution sur la manière de ‘faire mission’ aujourd’hui face à de nouveaux défis.

16. P. 275 : « Mission évangélisatrice et mission développementaliste : deux manières de filmer les chiffonniers du Caire » (Jamie Furniss, Gaétan Du Roy)

« Les chiffonniers du Caire » ou deux missions : l’une « évangélisatrice » et l’autre « développementaliste ».

Parmi ces populations à majorité d’origine chrétienne, il y a l’œuvre bien connue de sœur Emmanuelle (développementaliste) et celle d’un prêtre copte Sam’ân.

Sœur Emmanuelle a privilégié un soutien et un accompagnement humains à dominante sociale et économique, alors que le prêtre copte a eu une action évangélisatrice envers des chiffonniers dont il estime qu’ils n’ont de ‘chrétiens’ que le nom, pour aboutir à une sorte de ‘civilisation’ de leurs comportements. Amour et absence de jugements d’un côté, mise en cause des attitudes de vie de l’autre au nom d’un choix de vie nouvelle en Christ.

Les médias francophones ont rendu compte de l’action de sœur Emmanuelle. Avec elle ce sont les pauvres qui ont à nous instruire et nous faire voir la vie autrement. D’où le point de vue des coptes sur elle : une travailleuse sociale. Le développement social et humanitaire est l’essentiel de sa vocation chrétienne, selon son premier livre : Chiffonnière avec les chiffonniers. A partir de ce livre les médias vont la relayer par l’image. Un DVD Sur les chemins est significatif de son option de valorisation de la pauvreté. Ceci lui fera dire aux chiffonniers : « vous leur avez donné plus que vous n’avez reçu : l’occasion pour eux d’aimer ».

En ce qui concerne les coptes, depuis les années 80, le cinéma leur sert de valorisation de la vie religieuse, édifiant leurs membres avec des productions pieuses : court-métrages d’abord puis DVD en 2000 et enfin internet. La diffusion religieuse s’est amplifiée depuis. Le cas du prêtre charismatique Sam’ân en est un exemple. Le monde des chiffonniers y est présenté comme un enfer sur terre. En 2006 un film met en valeur la position de ce prêtre, montrant que la réception de la Bonne Nouvelle par les chiffonniers a produit une amélioration de leurs conditions de vie. L’histoire de ce prêtre est largement répandue grâce aux chaînes satellitaires chrétiennes. D’autres réalisations sur cette œuvre missionnaire d’évangélisation ont été faites dont Les rochers de la foi valorisant le monastère copte devenu une véritable ‘megachurch’.

Dans les deux cas on voit de nouveaux supports médiatiques sensibiliser les gens à la misère de certaines populations. Les deux attitudes chrétiennes sont différentes. Cependant l’option évangélisatrice du prêtre n’est pas sans conséquences ‘développementalistes’ : progressisme et hygiénisme. Le changement individuel aboutit à des changements sociaux…

Les forces audio-visuelles dans les deux cas sont importantes : soutien financier pour soeur Emmanuelle, public égyptien élargi et transnational pour le prêtre copte. Tout ceci grâce aux chiffonniers, avant-garde d’un renouveau spirituel plus large, source où les chrétiens peuvent puiser et renouer avec les vraies valeurs et avec le Christ (dixit sœur Emmanuelle).

Index

Une liste des auteurs, des index des films et des réalisateurs, ainsi qu’un index général complètent l’ensemble.

Denis Rafinesque

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