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L'Opéra, film franco-suisse de J.S. Bron (2017, 1h50, documentaire).

Jean-Stéphane Bron est un réalisateur et scénariste suisse, né à Lausanne en 1969, essentiellement connu pour ses documentaires politiques.

Après Connu de nos services(1997) qui s’inspire du scandale des fiches compilées par la police fédérale à la fin des années 1980, et La Bonne Conduite (1999) qui remporte de nombreuses distinctions, il réalise pour le cinéma Le Génie helvétique (2003), qui a été un grand succès. Il réalise en 2006 son premier film de fiction, Mon frère se marie.

En 2010, Cleveland contre Wall Street est présenté au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Il remporte en 2011 le Prix du cinéma suisse pour la seconde fois. En 2013, il réalise L’expérience Blocher, portrait du leader national populiste Christoph Blocher.


L'Opéra

Une saison dans les coulisses de l’Opéra National de Paris.

Ce film documentaire n’est pas destiné aux amateurs d’opéra qui penseraient y retrouver leurs interprètes ou leurs œuvres favorites. Il est une immersion dans cette vénérable et majeure institution culturelle qu’est l’Opéra National de Paris, qui comporte deux espaces importants, Bastille et Palais Garnier. Jean-Stéphane Bron a planté sa caméra, des combles au sous-sol, dans les coulisses, sur le plateau, dans les salles de répétition, dans les couloirs et les bureaux de l’administration, au cœur de ce travail de milliers de gens qui font vivre cet art, ballet ou chant lyrique, pour notre plus grand bonheur. Ils sont 1 700 employés répartis en 70 corps de métiers. Caméra muette, sans commentaires ni interview, sans voix off, qui montre, tout simplement. Personne n’est négligé, des petites mains indispensables et laborieuses, techniciens de plateau, maquilleuses, coiffeuses, couturières, blanchisseuses, repasseuses, femmes de ménages (métiers traditionnellement au féminin mais qui comportent des hommes également), jusqu’aux directeurs de chant, de ballet, d’orchestre, et la Direction.

Le documentariste a passé l’année 2015 dans cette institution. Il n’a pas choisi tous les évènements qui se sont produits pendant cette année importante. L’Opéra accueille son nouveau directeur, Stéphane Lissner, affable et rassurant, qui est sur tous les fronts, que l’on voit préparer les présentations à la presse, organiser la venue du Président Hollande ; mais qui doit aussi affronter la démission de l’éphémère directeur de la danse, Benjamin Millepied, le remplacement à la dernière minute d’un soliste malade ; qui doit également gérer des conflits sociaux, préavis de grève des intermittents, remous de la loi El Khomri, demandes d’augmentation des choristes, caprices du metteur en scène Romeo Castellucci ; mais surtout, on le voit organiser l’après 13 novembre. Dans un discours émouvant il rend hommage aux victimes, fait chanter la Marseillaise au public et que le spectacle continue ! Documentaire politique donc dans lequel on voit également Lissner aborder avec son équipe le prix des places, qui est un réel problème, qu’il voudrait voir baisser mais qui se heurte aux restrictions budgétaires ministérielles et aux compressions obligées de personnel.

En moins de deux heures c’est donc le travail de cette ruche dynamique, bourdonnante, joyeuse ou tendue qui nous est présenté, toujours ponctué par la musique, omniprésente (Mozart, Verdi, Beethoven, Berlioz, Ligeti …). Mais pas uniquement. Jean-Stéphane Bron nous présente également des moments cocasses, quand il s’agit de faire monter sur scène un taureau tout en muscle de plusieurs centaines de kilos pour le spectacle d’ouverture de la saison, Moïse et Aaron de Schönberg, choix musical qui manifeste la volonté du directeur de moderniser l’institution.

Des moments de grande émotion également quand on suit le jeune Mikhail Timoshenko, 21 ans, à la superbe voix de baryton basse, débarqué d’une petite ville de Russie, passé par l’Allemagne et qui découvre avec une indicible joie qu’il est sélectionné à Paris. Sa voix est un ravissement mais aussi son innocence, ses doutes et sa si touchante fraicheur.

Émotion également lorsque le documentaire nous montre les élèves d’une classe de CM2 en ZEP, en formation de violon, guidés par une superbe femme passionnée, qui les couve du regard, qui les encourage en leur disant « la musique est une entrée dans un monde magique » ; ils vont jouer la 7ème de Beethoven, concert auquel assistent les familles. Ils sont pour la plupart noirs et dans un raccourci saisissant ils croisent dans un escalator la femme de ménage noire qui astique les rampes.

Ce documentaire est très réussi. Que l’on aime ou pas l’opéra il nous montre le travail, l’implication humaine, les rapports sociaux, les joies, les enthousiasmes, les conflits qu’il y a derrière chaque spectacle. Il nous rappelle que la musique est bien ce langage universel qui ne connaît qu’une distinction, ceux qui l’aiment et ceux qui ne l’aiment pas.

Un regret toutefois : l’orchestre est totalement absent de ce documentaire, même si son chef, Philippe Jordan (fils d’Armin Jordan) y est très présent.

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