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Jean - Luc Godard

(France, 2018 - 1h34)


L'image en main

 Le livre d'image de Jean-Luc Godard

Les films que nous savourons en salle sont formés de photos, de l'animation de ces photos, de leur composition, de leurs couleurs ou des teintes de gris, du texte parlé ou écrit, de la bande son. Le regroupement de tous ces éléments crée le sens perçu par le spectateur. C'est un travail d'équipe, à plusieurs mains.

Le livre d'image, ce livre singulier est d'image au singulier : celle-ci réunit toutes les images au long du parcours de l'élaboration d'un film. Le réalisateur nous montre dans l'un de ses premiers plans sur une table de montage, l'importance des cinq doigts de la main qui vont choisir pour les spectateurs parmi les nombreux plans tournés ceux qu'on préférera leur montrer. La manipulation — dans les deux sens du terme — exercée par ce tri influencera la perception qu'en aura la salle au cours de la projection. C'est le 'Remake', premier doigt de la main évoquée par Godard, pris dans le sens littéral du mot anglais. Un texte coupé verticalement en deux, moitié gauche des lignes montrée en premier, moitié droite en second, illustre cette idée : la perte de sens du texte original est totale puisque le surgissement ultérieur d'autres images ne laisse pas le temps de réunifier mentalement les deux parties. Des exemples de manipulations du type 'Remake' se multiplient : format de l'image passant de l'écran large au 16:9 ; saturation ou désaturation des couleurs ; colorisation d'une image noir et blanc ; modifications des contrastes... ces opérations vident les images de leur sens premier. Bien sûr, la bande son peut aussi être trafiquée de manière à la rendre méconnaissable : Jean-Luc Godard le prouve en décalant, comme en canon, plusieurs copies de la bande d'origine. Que reste-il alors de l'œuvre après cela ? Exemple, un tableau de Soulages devient un Klimt. Plus loin, le quatrième doigt (appelé 'Esprit des lois' en référence à Montesquieu qui s'intéresse aux mœurs politiques) parodie les 'fake news' qui surfent sur internet avec des images recomposées.

En début de film, photo trafiquée, une gigantesque ombre noire semble planter un pieu dans le ventre d'une femme en longue chemise blanche, étendue en sacrifice sur un rocher. En fin de film, la photo d'origine reconstitue le monstre supposé : un paisible pêcheur à la ligne tient haut sa canne, tournant le dos à sa compagne qui fait la sieste sur son rocher.

Dans cette critique de la facilité des effets au cinéma, le réalisateur s'inscrit toujours dans la ligne de la Nouvelle vague qui rejetait l'illusion pour montrer au spectateur la réalité du cinéma. 

Nicole Vercueil

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