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Festival de FID 2015

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Santa Teresa & Otras Historias (Santa Teresa & Other Stories) de Nelson De Los Santos Arias (Mexique, Etats-Unis, République Dominicaine 2015, 1h05) avec Marie-Aimée Montalembert, Cristina Kahlo, Priscilla Lazaro, Judit Gomes, Megan Cuevas. Première mondiale – FID Marseille 2015, Compétition internationale.

Retratos de identificaçao (Photos d'identification) d'Anita Leandro (Bresil 2014, 1h13), documentaire, couleur et N&B, avec Antonio Roberto Espinosa, 'Chael' Charles Schreier, Maria Auxiliadora Lara Barcellos et Reinaldo Guarany Première européenne – FID Marseille 2015, Compétition internationale.

Toponimia (Toponymy) de Jonathan Perel (Argentine 2015, 1h22) film documentaire Première internationale – FID Marseille 2015, Compétition internationale.

A Ultima das Minas (The last Vodunsi) de Larissa Figueiredo & Rafael Urban (Brésil 2015, 0h25) avec Deni Prata Jardim, Hippolyte Brice Soghossi. Première mondiale – FID Marseille 2015, Ecran parallèle Histoires de portraits.

Koloni (Colony) de Gürcan Keltek (Turquie 2015, 0h52) avec Yanis Iliadis Première internationale – FID Marseille 2015, Ecran parallèle Futurs.

War Prayer de Richard Wiebe (Chypre/EUnis 2015, 0h17) documentaire Première française – FID Marseille 2015, Ecran parallèle Futurs.

Le divan du monde (The World on a Couch) de Swen De Pauw (France 2015, 1h35) documentaire avec Georges Federman Première mondiale – FID Marseille 2015, Compétition française.

Dernières premières

Du samedi 4 au lundi 6 juillet, j'ai regroupé en deux lots tous les films que j'ai vus : après la livraison précédente consacrée à quatre films 'commerciaux' (terme nons péjoratif, qui désigne des productions visant le circuit des salles 'normales'), voici sept 'premières projections' de films qui pourront peut-être, eux aussi, être vus un jour ou l'autre sur d'autres écrans qu'en festival... s'ils ont beaucoup de chance : la télévision est un peu plus probable, et Internet sans doute encore davantage, mais qui prend plaisir à un film d'un mètre ou moins de diagonale ?

Sur ces sept films, six sont des documentaires au sens classique, le septième utilisant l'outil de la fiction : Santa Teresa & autres histoires est une libre adaptation du livre 2666, chef d'œuvre posthume du grand écrivain chilien Roberto Bolano. Le réalisateur a prévenu avant la projection : « Mon film est un tissu de mensonges » et expliqué après : « Les personnages, les histoires ne sont pas ceux du roman » – ce qui, à dire vrai, ne l'est pas tout à fait : Santa Teresa est bien cette ville mexicaine fictive, avatar créé par Bolano de la sinistre Ciudad Juarez, où des centaines de corps de femmes assassinées (2666 ? depuis 1993...) furent trouvés sans que les autorités s'en émeuvent... et tel est bien le sujet des récits assez décousus, comme dans le roman (inachevé du fait du décès de son auteur), dont Arias a constitué son film. Assez dur à suivre.

Des dictatures sud-américaines...

Pour ne pas éparpiller l'intérêt de mon lecteur ou ma lectrice par le survol désarticulé d'un pèle-mèle de films glanés en réalité au hasard, il me semble sage d'introduire une certaine continuité géographique dans ce compte-rendu, et je vais donc rester en Amérique latine pour les trois prochains, et même, pour les deux premiers, dans l'évocation de ces dictatures qui ont martyrisé la région pendant des décennies. Sujet rebattu peut-être, mais je me suis rendu compte que j'en savais bien peu sur cette longue et terrible période...

Photos d'identification est le passionnant, impressionnant, émouvant portrait de quatre résistants à la dictature militaire du Brésil (1964-1985). Le matériau de base, formé des photos et rapports de police les concernant (époque 1971-1972) est complété par des entretiens avec deux survivants et (grâce à un entretien filmé en 1976) une résistante décédée depuis. Le quatrième était mort sous la torture, les trois autres firent partie d'un groupe nombreux échangé contre un otage, l'ambassadeur américain.

Du Brésil à l'Argentine, même époque, Toponymie : « ... comment répression politique et urbanisme ont partie liée », nous dit le catalogue. Dans la région de Tucuman, forêts et montagnes, l'armée argentine des années 1970, avant même l'établissement de la dictature, faisait la guerre aux Montoneros et, pour couper les révolutionnaires de la population, avait entrepris de regrouper celle-ci dans des villages construits pour cela. Ceci expliqué, suivent quatre chapitres de format identique (le film est constitué, du début à la fin, de plans fixes, animés ou pas, de 15 secondes chacun) qui montrent quatre fois : vue aérienne du site, puis vue du panneau portant le nom du village, puis vue du monument à un héros militaire, puis vue de l'école, puis d'une rue, puis du terrain de sports, puis... Sans surprise, tous ces villages sont de même plan, mêmes constructions, mêmes rues, seuls changent leurs noms et ceux des héros, et quarante ans plus tard – ils sont tous habités – les uns sont mieux conservés que les autres... Je vous autorise à quitter la salle après avoir vu le premier.

Retour au civil : avec La dernière reine Vaudou j'espérais approcher un peu le mystérieux Candomblé, la mythologie des Minas du Dahomey réinterprétée par les esclaves transportés au Brésil, que sais-je encore... Je n'ai eu qu'un plat reportage sur une vieille femme, agrémenté d'images de fêtes ou réunions folkloriques. C'est l'échec du communiquant lorsque le spectateur, si la foi ne l'habite pas déjà, reste extérieur à ce qui lui est présenté.

...à la partition de Chypre

Les deux films qui suivent ont pour cadre l'île méditerranéenne de Chypre, et pour thème la partition de l'île suite à l'invasion turque de 1974. Dans les deux cas, le décalage entre le pitch (les deux lignes annonçant ce dont parle un film) et le contenu de la projection m'a fait m'interroger sur la fabrication du pitch. Par exemple, Koloni : « Mémoire des lieux de conflits entre Chypre et la Grèce » traite des fosses communes résultant du conflit avec la Turquie, et d'un curieux travail de reconstitution d'individus à partir d'ossements recueillis dans la terre et réunis grâce à l'analyse ADN... Pour War Prayer, film consacré au langage symbolique des icônes qui peuplent les églises et chapelles de l'île, et au peu pacifique glissement du religieux à l'ethno-nationalisme, on lit au catalogue : « Après des années d'administration américaine qui a utilisé Chypre à des fins géopolitiques, que reste-t-il aujourd'hui de l'île ? » Je suis resté perplexe : cette idée (ou à peu près...) figure en tout et pour tout dans quelques mots prononcés off en fin de projection.

Après ces métrages qui ne m'ont pas séduit, et sautant du coq à l'âne, j'ai plaisir à terminer sur un travail modeste et très intéressant – en tous cas pour un ignorant comme moi : Le divan du monde. Dans le cabinet du psychiatre Federman de Strasbourg, ont été installées deux caméras fixes, outre celle portée par le cinéaste. Six patients ont accepté que soient filmées leurs rencontres avec leur thérapeute. Pour les uns, cela dure depuis 25 ans, d'autres viennent d'arriver – par exemple un esclave noir échappé aux Arabes de Mauritanie, dit-il, et fortement stressé par son histoire et sa situation. La déprime et le désir de médocs, l'un comme l'autre portés à une intensité impressionnante, sont le lot commun de tous ces personnages, et l'on suit leurs apparitions répétées et répétitives avec beaucoup de sympathie pour le docteur et sa présence chaleureuse – apparemment le plus puissant moyen qu'il ait de les aider.

Jacques Vercueil

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