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Wajib (Devoir*) d'Annemarie Jacir, Palestine 2017
avec : Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik, Leila Bakri
© Festival Locarno 2017
Une leçon de vie.
Le « devoir » est ici celui des hommes de la famille d'apporter personnellement toutes les invitations pour le mariage d'une fille. C'est pour aider son père dans cette tâche que Shadi est revenu à Nazareth. Shadi vit à Rome avec sa petite amie, sans être marié, scandale aux yeux du père, alors que sa mère a quitté son père voilà longtemps pour vivre avec un autre homme - scandale encore plus grand - dont on apprend au cours du film qu'il vient de mourir.
Les deux hommes s'engagent donc dans un road movie bien particulier, à travers la ville, allant de l'un à l'autre des futurs convives, prenant un café ici, un gâteau là, parlant des uns et des autres, des personnes qui se sont souvent perdus de vue mais qu'il convient de réunir pour le mariage. En route dans une vieille voiture, qu'ils ont depuis toujours apparemment, père et fils parlent. De la vie du père et de ses soucis de santé. De la vie du fils que le père voudrait tant voir revenir au pays. Et c'est par petites touches au gré des rencontres que les deux hommes se rapprochent, se disputent, se cherchent mutuellement, s'apprivoisent comme lors d'une danse émotionnelle oscillant entre amour et incompréhension, apprenant à s'accepter et à accepter la situation telle qu'elle est.
C'est un des protagonistes, un voisin, qui dit que rien n'est plus beau que d'être chez soi dans son pays - qui fait comprendre à Shadi à quel point son père est fier de lui. Voilà ce que Shadi avait besoin d'entendre. Heureusement qu'il y a des devoirs auxquels on ne saurait se soustraire pour remettre parfois les choses et les sentiments à leur place.
Ce qui est particulièrement appréciable dans ce film c'est la délicatesse avec laquelle les événements douloureux de la politique actuelle sont présents en arrière-fond, par petites touches aussi, une remarque par ci, une annonce radio par là, sans jamais obstruer la vue sur la vie telle qu'elle se déroule dans la petite bourgeoisie chrétienne palestinienne, celle dont on parle peu mais qui endure tout - et on comprend l'envie féroce des jeunes de partir, de quitter cette situation qui semble inextricable et pour laquelle ils ne peuvent rien. Et pourtant, c'est leur pays. Et pourtant, loin d'être un long fleuve tranquille, c'est la vie.
Merci à Annemarie Jacir pour ce film, dont le récit tendre et juste est infiniment plus parlant que la géopolitique.
Waltraud Verlaguet
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