PROtestants et FILmophiles Festival de Berlin 2016

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Sélection Panorama

Afrique du Sud, Allemagne, Etats-Unis 2016, 1h46

Réalisateur Oliver Schmitz

Interprètes Steve Coogan (Johann Webber), Andrea Riseborough (Kathleen Marais), Garlon Dowds (Léon Labuschagne)

Shepherds and Butchers

Bergers et bourreaux

Un film très fort et très impressionnant, sur le sujet de la peine de mort. Il s'y attaque sous un angle inhabituel, celui de l'impact qu'a cette sanction, là où elle est en vigueur, sur les personnels appelés à la mettre en œuvre : la violence crée la violence.

L'histoire est celle d'un jeune gardien de prison, Léon, affecté au couloir de la mort dans l'établissement de haute sécurité de Prétoria (Afrique du Sud). En contact permanent ('berger'), pendant des mois ou des années, avec ces condamnés, c'est lui aussi qui doit les accompagner vers la potence, et parfois mettre la main à leur pendaison si le bourreau préposé en a besoin. Après une série particulièrement intense de mises à mort, il massacre en rentrant chez lui les occupants bruyants et excités d'un minibus retour d'un match de foot.

Webber, l'avocat commis d'office, est un militant anti-peine de mort qui aborde ce cas avec répugnance. Mais tout son travail consistera à faire prendre conscience aux jurés - et cela influencera jusqu'à la procureure, Kathleen - de ce que lui même découvre au fur et à mesure : les conditions déshumanisantes auxquelles le jeune assassin, 19 ans, avait été soumis depuis deux ans par son métier et, en arrière-plan, par l'existence de la peine capitale. Le film présente, sans en protéger les spectateurs, des images crues et cruelles des exécutions par pendaison.

Situé (1987) dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, le contraste entre pouvoir blanc et sujets noirs, parmi ces derniers les condamnés et les victimes du jeune gardien, est omniprésent, mais le message est ailleurs. La peine de mort, abolie en Afrique du Sud par Nelson Mandela peu après son accession au pouvoir, reste en vigueur de nos jours dans plusieurs dizaines de pays.

Jacques Vercueil

Panorama, 66° Berlinale