PROtestants et FILmophiles Festival de Berlin 2016

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Compétition officielle

Allemagne, France, Mexique 2016, 2h00

Réalisateur Rafi Pitts

Interprètes Johnny Ortiz (Nero), Ian Casselberry (Jesus son frère)

Soy Nero

(Moi, Nero)

Le Dream Act (2009) ayant promis la nationalité américaine (Green Card) à de jeunes sans-papiers résidant aux Etats-Unis s'ils s'engageaient deux ans dans l'armée U.S., Nero, Mexicain qui pense remplir les conditions requises, franchit la frontière. Le film se déroule en trois étapes : la première au bord du Rio Grande do Sul, où Mexicains et autres Latino-américains tentent de franchir la frontière des Etats-Unis ; la seconde dans le luxe à Hollywood ; la troisième dans la guerre au Moyen-Orient.

Le film est riche en allégories : sur l'absurdité de la frontière fermée, une partie de volley-ball entre migrants du Sud et garde-frontières du Nord, la grille infranchissable qui les sépare servant de filet ; sur le mirage du rêve américain, la course de Nero à travers le no-man's land établi entre les deux pays, vers l'éblouissant feu d'artifice de la Saint-Sylvestre ; sur le mensonge des promesses, sa visite à son frère dans une fabuleuse villa de Beverly Hills... Sans oublier la violence omniprésente dans le paysage étatsunien, illustrée, entre autres, par l'automobiliste paranoïaque que Nero rencontre sur sa route.

Le titre insiste sur la revendication d'identité du protagoniste, que son parcours de clandestin et de soldat a fortement mise en danger : il avait, notamment, dû emprunter le prénom de son frère pour s'engager. C'est pour ne pas déclarer une nouvelle fois ce faux prénom qu'il prend la fuite vers nulle part, comme le montre l'affiche du film.

Très spectaculaire, fortement rythmé, voilà un beau et sévère réquisitoire qui fait comprendre pourquoi les candidats au bénéfice du Dream Act sont appelés Dreamers (rêveurs). Il risque cependant de laisser sur la touche les spectateurs peu concernés par les astuces et les pièges des agents recruteurs du Pentagone.

Jacques Vercueil