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A la Cinémathèque française

Table ronde Je me souviens de...Federico Fellini le 21 octobre 2009

avec Anouk Aimée, Vittorio Boarini, Claudia Cardinale, Dominique Delouche, Serge July Magali Noël, Sam Stourdze, Serge Toubiana.

 

C’est l’amour de Fellini qui les réunit, et le fait d’avoir travaillé avec lui ou de s’être consacré à son oeuvre. Ils entreprennent très librement presque deux heures durant, sous la houlette de Serge Toubiana, le directeur de la Cinémathèque Française, de se souvenir avec émotion, admiration, sourires et un foisonnement d’anecdotes.

Anouk Aimée souligne sa façon de poser son regard sur elle, qui l’a séduite lorsque elle l’a rencontrée pour jouer dans Huit et demi. Magali Noël  rappelle que Fellini lui avait envoyé seulement “2 lignes “ de scénario pour la convaincre de tourner avec lui. Elle le lui fait remarquer en le rencontrant; et Lui: “Est-ce que vous me faites confiance?” Elle demande cependant à réfléchir... et revient pour accepter la proposition! La même actrice, lors d’une orgie romaine de Satyricon , mangeait avec trop de distinction, ce que reproche gentiment le Maestro à Magalotta (sic)...qui essaie de le satisfaire en allant un peu fort et Lui: “mangia como una bestia!!” Il n’en a pas moins été son témoin lors d’un mariage qui dure depuis 39 ans (...le mari est du reste dans la salle!). Claudia Cardinale, qui a tourné avec les deux réalisateurs dans un égal bonheur, oppose cependant la souple démarche d’improvisation de la mise en scène de Fellini, dont elle était la muse dans Huit et demi, à l’approche théâtrale et la précision contraignante quasi maniaque de l’écriture de Visconti.

Dominique Delouche raconte la détresse de Federico et Giulietta Masina après les huées d’une partie du public plus favorable à Luchino Visconti lors de la projection de La Strada au Festival de Venise 1954 où le film devait obtenir cependant le Lion d’argent. L’auteur de “mes felliniennes années” ne doutait pas pour sa part d'avoir vu un chef-d'œuvre et, abordant le maestro accablé et Giuletta dont les pleurs faisait abondamment couler son rimmel, il les assura qu’il s’agissait d’un des plus grands films de l’histoire du cinéma, ce qui devait être le début de leur collaboration et d’une longue amitié.

Sam Stourdze, organisateur de la grande exposition Fellini qui vient d’ouvrir ses portes au Jeu de Paume à Paris, rappelle que c’est sur l’incitation de son psychanalyste romain, élève de Carl Jung, que Fellini s’est mis à dessiner tous ses rêves, éblouissants créateurs de formes. L’exposition mentionnée vise ainsi à mettre en perspective les images mobiles des films de Fellini avec tout le travail plastique réalisé autour de son oeuvre: dessins, images fixes des photos de plateau etc ...

Vittorio Boarini souligne que Fellini a été le premier à accorder autant de place au rôle des média et au cinéma qui se fait dans le cinéma: tous ses films ou presque sont autobiographiques pour culminer dans Huit et demi qui décrit les tourments d’un cinéaste en panne d’inspiration. Il évoque le séjour du réalisateur aux Etats-Unis: pressé par les américains de venir tourner à New-York, Fellini, de guerre lasse, avait cédé... il visite New York, s’émerveille, mais annonce qu’il repart en Italie. On s’étonne: il va falloir maintenant faire les repérages lui dit-on. “Quels repérages?, j’ai tout vu de New York et vais le reconstituer à Cinecitta où je tournerai... !!

Serge July insiste sur le fait qu’il y a eu à cette époque une grande saison du cinéma italien post néoréalisme avec Fellini, Visconti, Antonioni, Zurlini, Comencini, Bolognini, puis Bertolucci. A partir des années 50 on se rend compte en effet que le néoréalisme est dépassé mais il y a eu des films qui conservent cette empreinte: Il grido d’Antonioni qui précède ses autres films; Ossessione et La terra trema de Visconti avant Senso; les films de Fellini sur la marginalité, La strada, Il Bidone et les nuits de Cabiria, qui inaugurent son oeuvre. Ce cinéma italien a bénéficié d’un essor supplémentaire particulier (que n’avait pas la nouvelle vague française) en raison de la défiscalisation des rémunérations des acteurs et réalisateurs tournant en Italie, défiscalisation suscitée par un ami de Fellini, ...Giulio Andréotti!

Pour revenir aux actrices et terminer avec leurs témoignages, elles s’accordent absolument sur les trois constations suivantes: 

  1. La différence du travail demandé par Visconti et Fellini: le premier ne laissant rien au hasard et ne supportant pas un froncement de sourcil supplémentaire non prévu par le metteur en scène, le second écrivant son scénario au fur et à mesure. Anouk Aimée fait remarquer plaisamment qu’on était soit dans la bande à Fellini soit dans celle de Visconti mais Claudia Cardinale dit que pour sa part elle faisait partie des deux!
  2. Le mimétisme étonnant de Marcello Mastroianni par rapport à Fellini qui culmine dans Huit et demi au point que Fellini fait mine de s’agacer: “il ne fait que m’imiter!”
  3. Le rôle à cette grande époque du cinéma italien de l’actrice Laura Betti comme catalyseur de la rencontre autour d’un plat de pâtes des réalisateurs - Fellini, Pasolini, qui admirait la Strada, Visconti - et des acteurs. Il est difficile d’imaginer la même chose en France, concluent elles.

Jean-Michel Zucker

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