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Femmes migrantes au cinéma

En prélude au lancement du festival de films sur le thème « Femmes et migrations » par le secrétariat national de la CIMADE (Migrant’scène), le présent article se propose de montrer comment le cinéma traite du rôle de la femme dans les diverses migrations humaines de notre époque qui sont à l’origine de problèmes politiques, juridiques et surtout sociaux et humains dans les pays dits riches.

D’un cinéma classique qui est surtout un monde d’hommes

Difficile de trouver des portraits de femmes migrantes avant la floraison des films des années 2000 -2012, où, phénomène rare et nouveau, le personnage central de l’action est une femme, dont la situation de migrante et tous les problèmes qui en résultent, forme la problématique .

Evoquer le western et le récit de milliers de migrants intérieurs obsédés d’atteindre des terres nouvelles aux richesses inouïes, c’est un point de passage obligé. Cette population était composée de femmes, mariées ou pas, qui accompagnaient les hommes rustres, avides, souvent sans éducation. On en voit un peu dans La conquête de l’Ouest (1962 - collectif réunissant de grands cinéastes : Hathaway, Ford, Marshall), hymne à la gloire de l’Amérique mais aussi d’Hollywood. Il y a en fait comme une dissociation du monde féminin entre la femme au foyer, sans séduction, travaillant dur pour la famille, et la danseuse de saloon destinée à récompenser les virils cow-boys… (On peut revoir volontiers L’homme des vallées perdues de George Stevens (1953) ou Rivière sans retour (1954) d’Otto Preminger) .

Mais, c’est avec John Ford que l’on voit apparaître, au sein de familles migrantes, quelques figures féminines intéressantes : Les raisins de la colère (la mère Ma Joad), 1940,Qu’elle était verte ma vallée (la jeune Angharad) 1941. Si ces femmes se distinguent au sein d’un groupe familial, par la défense des valeurs de justice et d’équité, il n’y a pas de gros plans sur elles. Elles font partie de la photo d’ensemble, où dominent de belles figures masculines, néanmoins émouvantes.

Elargissons un peu plus le champ d’investigation. America, America d’Elia Kazan (1963) est une œuvre magnifique sur l’émigration turque vers les USA au début du XX è siècle, mais elle ne comporte aucune figure féminine majeure. Il fallait donc attendre The immigrant de James Gray (festival de Cannes 2013) pour avoir le récit d’une jeune femme d’Europe Centrale, arrivant à Long Island dans les années 1910. L’intrigue un peu romanesque permet toutefois d’imaginer les conditions iniques et crapuleuses qui sèment autant d’obstacles à l’émancipation de femmes à la recherche de la liberté et du bonheur.

Un portrait néo-réaliste

Un petit détour par le néo-réalisme, avec le remarquable Stromboli de Rosselini (1951). Ce film dont il faut souligner la modernité, commence dans un camp de personnes déplacées dans le voisinage de Rome. Karin Bjorsen (Ingrid Bergman) réfugiée tchèque qui a passé la guerre en Yougoslavie et en Italie,(où elle est entrée clandestinement) rencontre un jeune soldat italien, qui veut l’épouser.

Comme elle ne peut obtenir son visa pour l’Australie, elle accepte de l’épouser et le suit dans son île natale de Stromboli. Karin se sent mal à l’aise dans ce monde hostile, face à l’homme inculte et brutal et à une population dont elle ne parle pas la langue. Voilà un beau portrait de femme vulnérable et combattante dans l’Europe d’après-guerre qui tente de se reconstruire.

Le cinéma moderne et « post-moderne » va montrer au contraire la prééminence féminine

Avant d’inventorier quelques films majeurs post 2000, il est bon de signaler le développement de films « féministes » dans les années 70-90 , en France en particulier. C’est ainsi que le cinéma devient « un outil d’expression et de revendication où la représentation des femmes s’en trouve modifiée, voire bouleversée » ( cf. Dictionnaire de la pensée du cinéma ).

Un magnifique manifeste féministe – intégrable dans le thème- serait La leçon de piano de Jane Campion (1992). Ada une jeune veuve émigre en Australie avec sa fille Flora, pour épouser Stewart, un colon que son père lui a choisi. Muette depuis l’âge de 6 ans, son piano est son seul moyen d’expression. Immigrée dans tous les sens du terme, elle luttera pour une vie nouvelle et digne.

Quelques titres à retenir de la décennie 2000-2012 :

Le point commun est la présentation de femmes prises dans les pièges de l’immigration et de l’exploitation par un pouvoir sans pitié. Femmes immergées dans un monde totalement nouveau, elles sont révélatrices de leur combat nécessaire pour sauver notre société de l’arbitraire.

Le départ de Myna (2008) : Une jeune femme, originaire d’u pays de l’Est, sans papiers, est engagée par une famille espagnole pour garder le petit Pablo. Blessé à la tête, le petit garçon doit être soigné d’urgence. Comment peut faire Myna qui ne peut dévoiler son identité à l’hôpital ?

Illegal (2010) : Tania et Ivan sont biélorusses et vivent clandestinement en Belgique depuis huit ans. A l’issue d’un contrôle de police, elle est arrêtée et séparée de son fils, elle est placée dans un centre de rétention, et s’attend à être expulsée. Son combat est exemplaire et l’illégalité n’est pas de son côté.

Le silence de Lorna (2008): Lorna , une jeune femme albanaise, est victime d’un mafieux, qui organise un faux mariage avec un jeune junkie Claudy, lequel est ensuite exécuté. Elle s’enferme dans son silence devant la perversité des exploiteurs.

La petite Venise (2012) : Dans une petite ville de la lagune vénitienne, une jeune chinoise sans papiers se lie d’amitié avec un vieux pêcheur d’origine yougoslave. Cette amitié déplaît à d’autres clients du bar où travaille la jeune femme.

Alain Le Goanvic

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