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Méditation

Séminaire 2006

texte : Genèse 1

Face à la montée du créationnisme, il faut affirmer clairement qu’interpréter ce premier chapitre de la Bible à la lettre est une insulte, 

Le peuple hébreu, déporté à Babylone et confronté aux cultes et aux mythes, bref à la culture de cette grande civilisation, était mis au défit : 

Les prêtres/prophètes choisirent de se distancier de la culture dominante en recyclant ses mythes. Ils expriment alors ce récit de la création sous forme d’un nouveau mythe. 

La « logique », créatrice de mythe, est celle de la confession de foi : notre Dieu est le vrai maître du monde. Les astres - dont vous pensez qu’ils sont divins et auxquels vous rendez un culte - ne sont que de simples lampions posées dans le ciel par notre Dieu pour nous éclairer, nous, humains. Lire ce mythe comme un récit d’histoire naturelle comme le font les créationnistes, pose plusieurs problèmes : 

  1. Cette lecture réduit la confession de foi à l’adhésion à une croyance posée. Croire en Dieu en revient alors à croire à la véracité du récit. 
  2. La confession de foi est liée à cette réduction à la croyance : dans le système des créationnistes, je ne suis « sauvé » que par cette adhésion sans réserve à la lettre écrite. Ce n’est pas la certitude d’être accepté par un Dieu qui m’aime qui me donne mon identité de croyant, c’est au contraire l’émotion religieuse qui est mise au service de l’adhésion inconditionnelle à un système de croyance, cette adhésion étant décrétée condition sine qua non de mon identité de croyant, donc de mon salut. 
  3. Ce faisant, la Bible est réduite au statut d’un livre d’histoire. Ses récits ne sont plus des témoignages d’humains ayant fait sens pour eux et m’invitant à une appropriation personnelle afin qu’ils fassent sens à leur tour pour moi, mais des descriptions de faits qu’il faut admettre comme vrais. Point. 
  4. Encore plus grave : Le récit de Gn 1 se termine par l’affirmation que la création est bonne. C’est là en contradiction flagrante avec la cosmogonie babylonienne où le monde naît de la victoire des dieux sur le monstre primordial, monstre dont la chair livre la matière première pour la création du monde ; la Bible en garde des traces, comme dans ce Psaume 74, 13-14 :  Tu as fendu la mer par ta puissance, Tu as brisé les têtes des monstres sur les eaux;  Tu as écrasé la tête du Léviathan, Tu l'as donné pour nourriture au peuple du désert. D’autres récits mythiques font allusion à Satan (Job) ou au « Malin ». Nous n’avons pas le temps de développer ici toutes les nuances de la conception du Mal dans la Bible, mais même ces références-là n’ont rien avoir avec un royaume infernal organisé et opposé au divin tel que l’ont formulé les siècles ultérieurs, et notamment le Moyen Age. Et dans notre récit il n’y a aucune allusion au « diable », juste la référence au « Tohu va Bohu » sur lequel plane l’Esprit de Dieu. Or, la peur du diable et des flammes de l’enfer est une des armes majeures des créationnistes : Si vous ne croyez pas que Dieu a créé le monde tel que c’est décrit dans la Bible, voici 6000 ans, alors vous allez en enfer.

La bonté de la création affirmée en Gn 1 n’est pas compatible avec cette vision du monde-là. 

En résumé, la lecture créationniste du récit de Gn 1 

S’en tenir au mythe, au contraire, permet de prendre au sérieux le témoignage que nous ont transmis ceux qui l’ont mis par écrit : Croire envers et contre tout, et surtout contre la culture dominante, en un Dieu qui est le seul, le vrai maître, « créateur » du monde, qui par sa bonté continue à soutenir ce monde et chacun de ses habitants. Il ne nous voue pas à l’enfer, mais il partage nos souffrances. Seule la foi en ce Dieu-là nous permet d'affronter nos angoisses existentielles – quelles qu’elles soient : en quelque sorte notre exil babylonien à nous – et seule cette foi nous fait vivre.

Waltraud Verlaguet

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