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Le prix du jury œcuménique 2019 est attribué à
Une vie cachée (Hidden Life) de Terrence Malick

Etats-Unis d'Amérique, 2019, 180min.

L'histoire de Franz Jägerstätter, un fermier autrichien, qui, avec le soutien de son épouse Fani, refuse de prêter allégeance à Hitler, met en scène un profond dilemme. La haute qualité cinématographique, en termes de réalisation, de scénario et de montage, permet d'exprimer et d'explorer les questions qui se posent à la personne confrontée au mal. C'est un récit universel à propos des choix que nous avons à faire et qui transcendent les préoccupations terrestres pour suivre la voix de sa conscience.

Le choix du jury œcuménique s'est porté sur un film somptueux mettant en scène la vie ordinaire et véridique d'un objecteur de conscience autrichien qui loin de vouloir être un héros le devient cependant à son corps défendant. Enrolé en mars 1943, il refuse de prêter le serment d'obéissance indéfectible à Hitler, requis de tout soldat de la Wehrmacht, il est emprisonné, battu, jugé et finalement exécuté le 9 août de la même année.

Par ce choix, le jury œcuménique met en valeur un "héros ordinaire", à la manière dont le théologien américain Ralph Waldo Emerson parlait de "Sublime ordinaire" pour évoquer la façon que Dieu a de se manifester dans les choses les plus simples de l'existence alors même qu'il s'agit comme ici des circonstances extraordinaires de la guerre.

"On peut être un héros sans ravager la terre" (Boileau). 

C'est dans le secret de sa conscience et dans l'amour de son épouse, Fani, que Franz va trouver la force de résister. Le réalisateur n'en fait ni un martyr ni un héros au sens traditionnel du terme. Il raconte le lent cheminement, les doutes et les hésitations, qui contribuent à la décision. Et surtout Franz ne prétend en aucune manière juger ni détenir une révélation particulière voire une connaissance spéciale de ce qui est bien ou ce qui est mal. Franz n'agit qu'en cohérence avec sa foi, convaincu qu'il est qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes et qu'il ne faut pas ajouter de l'injustice là où elle est déjà surabondante.

Somptueux, le film l'est d'abord par sa réalisation. Comme à son habitude, Terrence Malick filme la nature dans toute sa beauté et son immensité au point que le moindre brin d'herbe devient un monde à lui tout seul. Dans cette nature généreuse d'une vallée du Haut-Tyrol, Franz et Fani cultivent leur terre en bonne intelligence avec leurs voisins.

Sa décision est celle d'un instant ! Ce moment précis du serment qu'il refuse de faire est traité dans le film pour ce qu'il est, une courte séquence qui fait basculer Franz dans le monde gris et terne, sale et bruyant des prisons et des tribunaux. La correspondance avec son épouse, Fani, qui a servi de base pour le scénario, les efforts de celle-ci pour sa libération, la haine des villageois envers celui qu'ils considèrent désormais comme un traître, les difficultés de sa famille juste à assurer leur subsistance, tout cela est en contre-point avec la première partie du film.

Mais cet instant est nourri de tout ce qui l'a précédé, de cette terre que Franz et Fani travaillent, de ces jeux avec leurs enfants, de ces moments de tendresse. C'est au nom de tout cela que Franz prend sa décision, sachant pertinemment qu'il va tout perdre, même la vie, justement pour ne pas sombrer dans la barbarie.

"Je ne juge personne, chacun sait pourquoi il fait ce qu'il fait"

Terrence Malick ne livre pas un film à thèse, assénant une vérité incontestable. Ses héros, Franz et Fani, ne sont pas des blocs de certitudes mais de chair et de sang. Faisant simplement ce qu'ils pensent être juste, sans jamais en vouloir à ceux qui les tiennent en leur pouvoir, ils atteignent la liberté malgré les barreaux, les coups, les menaces et la haine sans jamais se laisser atteindre par la haine en retour.

Pour le Jury œcuménique,

Roland Kauffmann

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