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A bord du Darjeeling limited

Réalisation : Wes Anderson

Avec : Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman

Bande son : Randall Poster

Chef décorateur : Mark Friedberg

Photographie : Robert D. Yeoman

Date de sortie : 2008

Pays : U.S.A.

 


Au 'Cinéma en plein air de Provence'

Une fraternité retrouvée

Le réalisateur Wes Anderson intéresse les cinéphiles qui se prêtent à ses jeux de piste. Les premières images de A bord du Darjeeling limited ne pourront être décryptées que vers la fin du film : un homme mûr, une mallette Vuitton à la main dans un taxi parcourant les rues encombrées d'une grande ville indienne, exhorte le chauffeur à aller plus vite, puis, sur le quai de la gare, se précipite pour rattraper le train qui a démarré. Il se fait alors dépasser par un personnage approchant la trentaine, muni de lunettes noires qui parvient à monter sur la plate-forme arrière et soulève ses binocles pour regarder, avec un léger sourire, l'autre renoncer à son voyage. Peter est à bord du Darjeeling Limited.

Il rejoint ses deux frères, Francis l'aîné, et Jack le benjamin, dans leurs compartiments. Commence alors un périple qui les réunit à la découverte de l'Inde. Le but affiché est de se retrouver dans une 'quête spirituelle'. Le manque d'amour de leurs parents l'un, businessman affairé décédé l'année précédente, et l'autre, partie pour s'occuper dans un couvent d'autres gamins que les siens (Francis rappelle à se frères qu'il les a élevés) a traumatisé leur enfance et les a empêché de devenir adultes. Leur quête spirituelle a tout d'un achat dans un supermarché : ils parcourent les temples en s'interrogeant sur leur manque de ferveur et n'ont aucun regard pour les personnes qui les entourent. Entre eux, ils n'ont pas de revendication sur des questions financières mais se disputent l'héritage du père dans des souvenirs dérisoires mais personnels comme des clefs, ou des lunettes de soleil inadaptées à leurs vues. Des enfants trentenaires qui souffrent mais ne sont concernés que par leur propre souffrance.

Leur prise de conscience se situe vers le milieu du film et les fait atterrir dans la vie réelle. L'émotion ressentie est si forte, la dignité rencontrée chez des villageois tellement imposante, qu'ils découvrent leur propre superficialité. Les trois frères se remémorent, au cours d'une cérémonie calme et apaisée pour un enfant mort, leurs folies à l'enterrement de leur père. Ils se décideront à voir leur mère, devenue mère supérieure dans un couvent indien, qui avait refusé de les rencontrer, et l'accepteront enfin, sans amertume, telle qu'elle est.

« Et les premières images ? » demandez-vous. Peter, courant pour attraper son train, imagine son père, figure de la réussite, rater son train alors que lui-même le dépasse et arrive à monter. Cette satisfaction s'est forgée pour l'aider à surmonter ses angoisses devant l'arrivée prochaine d'un bébé dans son couple : il craint de ne pas être à la hauteur, à la manière de son père qui a échoué dans son mariage et dans l'éducation de ses enfants.

Les acteurs principaux, Owen Wilson et Jason Schwartzman, sont des amis personnels et des familiers des films d'Anderson auxquels s'est joint Adrien Brody. Poussés par le scénario presque à la caricature, ils sont cependant touchants dans leur mal-être.

Le réalisateur choisit toujours très attentivement la musique de ses films. Pour A bord du Darjeeling limited il utilise beaucoup d'extraits de bandes originales de films : des films qui ont fait leurs preuves en occident comme Charulata (1964) de Satyajit Ray ou The Householder (1963), le premier long métrage de James Ivory tourné pendant sa période indienne avant 1970. Un générique de fin aux couleurs criardes avec Les Champs Elysée (1968) de Joe Dassin est un clin d'oeil glorieux au Paris où Wes Anderson réside la plupart du temps. Ces références confirment de sa prédilection pour le style rétro.

A l'instar de la musique, les décors séduisent par leur côté 'vintage'. Les extérieurs des wagons du train, comme les guirlandes d'éléphants qui ornent les couloirs et les compartiments, ont été peints à la main et on reconnaît dans le mobilier le travail soigné des artisans locaux.

Un film tragi-comique réalisé à une époque où le réalisateur n'avait pas encore conquis toute sa popularité, mais qui révélait déjà ses dons indéniables, confirmés jusqu'à nos jours comme dans L'île aux chiens (2018) ou The Grand Budapest Hotel Grand prix du jury à la Berlinale 2014.

Nicole Vercueil

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