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*Voir aussi l’hommage que lui rend Jean-Michel Zucker, page 19 de Vu de Pro-Fil n°47.


Un conteur au parcours éclectique et atypique

Jean-Claude Carrière*, scénariste et écrivain, est mort à l’âge de 89 ans, le 8 février 2021

Né en 1931 dans l’Hérault, au sein d’une famille de viticulteurs qui s’installera plus tard en banlieue parisienne, élève au lycée Lakanal, Jean-Claude Carrière entre ensuite à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud pour y suivre des études de lettres et d’histoire. Il abandonne rapidement sa vocation d’historien pour le dessin et l’écriture.

En 1957, alors qu’il a 26 ans, il commence sa carrière de romancier en publiant Lézard, puis se tourne vers le cinéma après sa rencontre avec Jacques Tati et Pierre Étaix, avec qui il cosigne des courts et des longs métrages. En 1964, il travaille avec le réalisateur Luis Buñuel à l’adaptation du roman Le Journal d’une femme de chambre ; c’est le début d’une collaboration qui durera près de 20 ans, jusqu’à la mort du réalisateur. Jean-Claude Carrière a travaillé aussi aux côtés de Jacques Deray sur les scénarios de La Piscine et de Borsalino, ou encore avec Volker Schlöndorff (Le Tambour, Ulzhan, présenté au Festival de Cannes en 2007), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut la vie) et le réalisateur tchèque Milos Forman (Valmont). Le Retour de Martin Guerre, de Daniel Vigne, lui vaut le César du meilleur scénario en 1983. 

Parallèlement, il poursuit sa carrière de dramaturge et adaptateur, en particulier avec André Barsacq, Jean-Louis Barrault et Peter Brook (Le Mahâbhârata). Il s’attaque également à l’adaptation d’œuvres littéraires comme Cyrano de Bergerac, Le roi des Aulnes ou encore L’insoutenable légèreté de l’être. Il continue également en tant que romancier et publie entre autres La controverse de Valladolid (1992) et ainsi que des entretiens autour de la spiritualité et de la métaphysique comme La force du bouddhisme (1994), Conversations sur l’invisible (1996) ou les Entretiens sur la fin des temps (1998). Il fut aussi parolier avec Une fourmi et moi, une chanson écrite pour son amie Delphine Seyrig.

Explorateur de l’humain

Extrêmement curieux de la nature humaine et de ses expressions polymorphes, Jean-Claude Carrière est aussi un fin observateur et un excellent interprète (carnets de dessins et d’écriture) des histoires qu’il rencontre et des changements ténus des multiples sociétés qu’il côtoie. Son travail incessant et minutieux se construit aussi bien durant les fréquents voyages à l’étranger qu’il effectue, que lors de nombreuses rencontres qu’il provoque dans ses maisons parisiennes ou languedociennes. Homme d’arts et de lettres, souvent sollicité, il reste cependant très sensible à l’échange et aux regards croisés, autant à ceux de ses contemporains qu’à ceux de ses prédécesseurs. Vectrices d’idées et d’histoires, les paroles ‘fragiles’, si promptes à disparaître, pourraient définir peut-être les biens les plus précieux qu’il s’efforçait avant tout de cerner, de sertir et de servir, afin de pouvoir les faire résonner encore. Selon lui, 

« L’histoire c’est ce qui, sous une forme narrative divertissante, quelquefois dramatique, apporte une petite lumière particulière. »

Dans un livre de souvenirs publiés en 2019, intitulé Ateliers, Jean-Claude Carrière, écrivait : 

« Personne ne peut dire, ni même espérer, que quelque chose restera de son travail. Au moins aurai-je connu, à partir d’une enfance paysanne des plus modestes, une vie d’imagination, de surprises, de rencontres inespérées, de voyages, d’amours rêvées et de crimes impunis ». 

Griot des temps modernes

L’homme au parcours éclectique et atypique se définissait avant tout comme un conteur, qui pour lui « a plus qu’une place de pur divertissement ». Son travail et ses œuvres restent empreints de ses racines profondes, de son incroyable histoire et d’une très grande discrétion. Il disait : 

« Je suis un touche-à-tout, un dispersé, mais je ne pourrais pas concevoir ma vie autrement ». 

Conteur né, pédagogue surdoué, passeur fervent, Jean-Claude Carrière aura donc passé sa vie à rencontrer, explorer, communiquer, partager, rendre ce qu’il a reçu. Griot des temps modernes mi-enchanteur, mi-iconoclaste, doté d’un sens inné de la clarté, voué à « pouvoir tout dire à tout le monde », il a été sollicité pour se présenter à l’Académie française, et dans d’autres glorieuses institutions, mais il a toujours décliné ces invitations, fidèle à son refus de ce type de notoriété.

Nadège Pierron

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