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Réalisation : Scénario, réalisation et montage: Scandar COPTI & Yaron SHANI - Image : Boaz Y. YAACOV - musique : Rabih BOUKHARI.
Avec :
Shahir KABAHA (Omar), Ibrahim FREGE (Malek), Eran NAIM (Dando), Fouad HABASH (Nasri), Youssef SAHWANI (Abu-Elias père de Hadir), Scandar COPTI (Binj), Ranin KARIM (Hadir amie de Omar).
Scandar Copti, 34 ans, diplômé d’ingénierie, et Yaron Shani, 36 ans, qui étudia le cinéma à Tel Aviv, font équipe depuis 2002. Le premier est Palestinien d’Israël, le second est Juif israélien. Après quelques courts (COPTI, The Truth, 2003 ; SHANI, Dysphoria, 2005) Ajami est leur premier long métrage : Shani en rêvait depuis onze ans, Copti est né dans ce quartier... Le film, présenté à Cannes en 2009 (Quinzaine des Réalisateurs), a obtenu une Mention spéciale du jury de la Caméra d’Or.
Résumé :
Une histoire à cheval sur la frontière israélo-palestinienne, éclatée en cinq épisodes formant puzzle. Omar, pour échapper au racket d’un gang qui a taxé sa famille d’une somme énorme, émigre à Jaffa où il travaille dans un restaurant. Il y est rejoint par Malik, jeune travailleur clandestin, qui a besoin d’argent pour faire opérer sa mère. Un paquet de cocaïne leur fait croiser le chemin de Dando, policier juif dont le petit frère, à peine engagé dans l’armée, a disparu.
Analyse :
Ajami, premier film co-réalisé par un arabe et un juif, a été reçu très chaleureusement (meilleur film en Israel, mention à Cannes, proposé aux Oscars). Une fois rendu l’hommage que mérite cette démarche rare et compliquée (ainsi, Copti, d’un famille israélienne par la force des armes, refusait, à la cérémonie des Oscars, d’être considéré comme représentant Israël, au contraire de Shani) que vaut le film ?
Un film sombre, avec gangs, racket, dealers, immigrés, clandestins, descentes de police, parrains, meurtres – cela évoque une ambiance de cités en marge où débrouille et violence sont les clés de la survie. Brutalité et précarité d’un univers où l’ordre et la justice sont assurés par des truands et des parrains, par la loi et la force du clan et de la jungle, plutôt que celles de la ‘société organisée’ qui semble ailleurs et ne se manifeste que par les représentants de sa méfiance et de sa surveillance, au service de la communauté dominante.
Dans ce magma cauchemardesque, des familles paisibles cherchent à vivre normalement – affections familiales, travail consciencieux, amours sages – sans y parvenir, malgré les bonnes volontés individuelles : les barrières s’élèvent dans toutes les directions. Check-points omniprésents de la frontière israélienne ; intolérances, l’appartenance religieuse n’étant plus affaire personnelle, mais bien enjeu social ; société complexe faite de communautés qui coexistent sans convivialité, chacune ayant ses lois et ses mobiles, au bord du conflit entre elles quand ce n’est pas en plein...
Joué par des acteurs non-professionnels fort bien dirigés, et qui connaissent dans leur vie ce milieu qu’ils dépeignent, Ajami utilise le mécanisme des récits enchevêtrés et convergeant enfin, dont Inarritu avait montré l’efficacité (Amours Chiennes). Complication artificielle, certes, mais qui sert le propos en faisant partager au spectateur cette sensation de chaos incompréhensible qui est la note dominante de ce monde de ténèbres. Seule lueur : le travail en commun des co-réalisateurs.
Jacques Vercueil
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