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Avec :
Sandrine Bonnaire (Mona), Macha Méril (la platanologue), Stéphane Freiss (Jean-Pierre), Yolande Moreau (la bonne).
Agnès Varda (1928-2019) naît en Belgique. En 1940 ses parents quittent la Belgique bombardée pour rejoindre Sète, où elle passe son adolescence. Étudiante à l'École du Louvre, elle obtient un CAP de photographie. Se faisant connaître grâce à ses clichés de vedettes, elle réalise son premier long métrage, La Pointe courte (1954). Le succès public suivra en 1961 avec Cléo de 5 à 7 puis Le Bonheur, prix Delluc en 1965. Sa filmographie est riche, passant du court au long métrage, du documentaire à la fiction. Par son originalité elle a su se faire une place à part dans le cinéma français.
Résumé :
Une jeune fille errante est trouvée morte de froid. Que pouvait-on savoir d'elle et comment ont réagi ceux qui ont croisé sa route ? C'est le sujet du film. La caméra s'attache à Mona, racontant les deux derniers mois de son errance. Elle traîne. Installe sa tente près d'un garage ou d'un cimetière et marche, marche, jusqu'au bout de ses forces.
Analyse :
Sans toit ni loi reste le plus grand succès commercial d’Agnès Varda qui a obtenu le Lion d’or à Venise en 1985. Un film à petit budget avec un scénario qui s’est construit tout au long du tournage. Varda a voulu aller à la rencontre des marginaux, sans idée préconçue, sans même essayer de comprendre le personnage de Mona, ni a fortiori le juger. Ce film est l’histoire d’une errance, celle d’une femme réellement rencontrée par la cinéaste au cours de ses recherches. Qui est cette Mona dont on ne sait pas grand-chose. Pourquoi voyage-t-telle ? Que fuit-elle ? La routine ? Le système ? La société ? Elle-même ? C’est une rebelle qui refuse toutes les contraintes. Les jugements portés sur elle nous donnent, en creux, l’image d’une société fermée, hostile aux étrangers, à ceux qui ne sont pas comme tout le monde. Un des paysans, qui ne l’a jamais rencontrée, la juge sans concession : « C’est peut-être une criminelle en fuite, une malade mentale ou une droguée ». Un film féministe. Une femme seule est une proie, un objet de désir des hommes. Mona qui couche dans sa tente sur les routes est constamment en danger et finit d’ailleurs par se faire agresser, sans que la cinéaste veuille s’attarder sur le viol. Mais elle ne laisse aucun doute sur la lente descente aux enfers de l’héroïne dont elle montre l’indigence, la crasse, nous faisant presque sentir sa puanteur.
Si le sujet est échevelé, le film est en revanche parfaitement construit. Les premières images montrent la mort par le froid de Mona dans un fossé. Le récit est une remontée des derniers mois de la jeune fille à travers les témoignages de ceux qui l’ont croisée ou ont entendu parler d’elle, et la reconstitution de son parcours chaotique, avec ses manques, et le désir de toujours avancer. Il s’articule autour de douze travellings, à contresens (de la droite vers la gauche), où l’on voit longuement Mona marcher seule. La force du film tient également par le jeu exceptionnel de la jeune Sandrine Bonnaire, 17 ans, qui n’a pas été ménagée pendant le tournage pour être au plus près de la vérité du personnage. Le choix de la musique classique de la compositrice polonaise Joanna Bruzdowicz donne plus de force encore à la solitude de Mona.
Un film résolument moderne, qui n’a pas pris une ride, qui nous parle de problèmes d’aujourd’hui, des sans-abris, des marginaux, de la condition des femmes, de l’écologie (avec la présence d’une 'platanologue' qui veut sauver les platanes). Un film à revoir.
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