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Réalisation : Réalisation, scénario, dialogues : Bruno Dumont –Chef opérateur : Yves Cape – Montage : Guy Lecorne –Musique : Richard Cuvillier- Production : Muriel Merlin, Dirk Wilutsky , Rachid Bouchareb - Distribution : Tadrart Films
Avec :
Julie Sokolowsky (Sœur Hadewijch/ Céline)- Yassine Selim (Khaled)- Brigitte Mayeux-Clerget (Mère Supérieure)- David Dewaele (David)- Kart Sarafidis (Nassir)
Cinéaste français né en 1958. Un cinéma austère et dépouillé, peu accessible au grand public. Quand on parle de son style, on pense à Bresson et à Pialat, références élogieuses. A réalisé : La vie de Jésus (1997), L’humanité (1999) Grand Prix du Jury à Cannes, Twenty nine palms (2003) et Flandres (Grand Prix Cannes 2006). « Profondeur métaphysique du cinéma et le sacré chez l’homme » (Le Monde), voilà les axes de recherche de ce singulier cinéaste.
Résumé :
Choquée par la foi extatique et aveugle de Sueur Hadewijch, la mère supérieure met celle -ci à la porte du couvent. Soeur Hadewijch redevient Céline, 20 ans, fille de diplomate. Sa passion amoureuse pour Dieu, sa rage et sa rencontre avec Khaled et Nassir, l’emportent sur des chemins de traverse.
Analyse :
« Je ne suis pas chrétien. J’ai une haine du religieux, du clérical » a déclaré Bruno Dumont. Cette prise de position attire par son côté provocateur. Cela cache peut -être quelque chose de plus profond (?)… Mystique du XIII è siècle, Hadewijch fut une « amoureuse du Christ » et voua sa vie à la contemplation et à la poésie. Que signifie dans notre monde matérialiste et irréligieux une démarche comme celle de Céline ? Elle est aussi amoureuse du Christ et recherche la présence de Dieu. Renvoyée du couvent car elle n’observe pas la règle, étant trop dans la mortification et le dédain du corps, aux yeux de la Mère Supérieure. Ce qui est bien observé, car la vie monastique n’est pas une vie éthérée, mais bien ancrée dans la réalité, hélas souvent douloureuse. Magnifiquement filmé, dans une lumière irradiante, le visage de la jeune fille est le seul indice qu’il se passe quelque chose à l’intérieur, mais quoi ? La rencontre avec Khaled et surtout Nassir, jeune imam, la met un peu plus dans la réalité. Mais elle refuse tout rapport sexuel. En particulier, Khaled qui respecte sa foi en Dieu, vante les mérites de l’action politique, seule arme des humiliés. Une séquence censée se passer au Liban montre Céline désemparée devant l’horreur d’un bombardement (cette parenthèse surprenante fait penser à l’épisode de la guerre au Moyen Orient dans Flandres). Elle prononce alors ces mots : « Je suis prête ». Mais Céline s’enfonce dans le désespoir et tente de se suicider. Sauvée par David, elle s’abandonne enfin à la sensualité de son corps. Le cinéaste a quitté les plaines monotones du Nord de la plupart de ses films. Son inquiétude métaphysique et la dénonciation des injustices de notre monde trouvent, selon lui, son inspiration chez Bernanos. Le style de cinéma est très épuré, longs plans fixes, plans séquences, ellipses nombreuses. Les moments musicaux induisent la contemplation (surtout Bach) et suscitent une certaine émotion chez le spectateur. Mais il est difficile de comprendre ce qui se passe chez Céline, qui cherche éperdument Dieu et son mystère. La plénitude est hors de portée, il n’y a pas assez d’amour de soi, des autres ! C’est une hypothèse, car le propos du cinéaste reste flou.
Alain Le Goanvic
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