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Réalisation : Clint Eastwood - Scénario : Anthony Peckham , d’après « Playing the enemy » de John Carlin - Chef opérateur : Tom Stern - Montage : Joël Cox, Gary D. Roach - Son : Walt Martin - Musique : Kyle Eastwood - Production : Clint Eastwood, Lori McCreary - Cie de Production : Malpaso, Revelations Entertainment - Distribution : Warner Bros
Avec :
Morgan Freeman (Nelson Mandela), Matt Damon (François Piennar), Tony Kgoroge (Jason Tshabalala), Patrick Mokofeng (Linga Moonsamy), Matt Stern (Hendrik Booyens)
Ce grand réalisateur indépendant a fait l’objet de nombreuses fiches sur le présent site, se référer entre autres à L’échange, Lettres d’Iwo Jima, Gran Torino. Grâce à la diversité de son œuvre, il rencontre un public nombreux : Amoureux du western avec Pale Rider (1985) et Impitoyable (1992), passionnés de jazz avec Bird (1988), intéressés par des sujets politiques et de société : Un monde parfait (1993), Pleins pouvoirs (1997), Mystic river (2003) ou les histoires d’amour : Sur la route de Madison (1995), ou encore, une réflexion sur la guerre Mémoires de nos pères (2006). Ce qui frappe et séduit chez Eastwood c'est la beauté du style, la rigueur du propos, une analyse critique dénuée de manichéisme.
Résumé :
En 1994, l’élection de Nelson Mandela consacre la fin de l’apartheid. Pour unifier le pays, Mandela mise sur le sport et fait cause commune avec le capitaine de la modeste équipe de rugby sud-africaine, François Piennar. Leur pari : se présenter au Championnat du Monde 1995. Nelson Mandela va leur insuffler le goût de la victoire d’une nation qui surmonte ses frustrations. Et le sport peut être un magnifique instrument de cette politique « humaine ».
Analyse :
Le plus bel hommage que l’on puisse donner à un homme politique de son vivant ! Cela commence avec l’élection de Nelson Mandela comme Président d’Afrique du Sud, alors que les blancs sont partagés entre la peur et le mépris. Eastwood décrit, avec précision et de manière convaincante, l’intelligence politique de Mandela. L’homme a puisé dans sa captivité de 28 ans une force de caractère remarquable qui se nourrit d’un humanisme exceptionnel. L’idée de montrer en permanence comment se comportent les gardes du corps autour de Mandela, leurs peurs, leurs antagonismes (certains sont blancs et anciens membres de la protection rapprochée du président sortant) et leur évolution devant les évènements inouïs qui se produisent, est une trouvaille pour traiter la nécessaire collaboration entre les deux races antagonistes! Qu’on aime le rugby ou non, on peut admirer la façon de filmer les joueurs en pleine action, à la fois brillants et bestiaux. La prise de son, lors des mêlées, semble avoir été réalisée au milieu d’un troupeau de taureaux ! Les phrases prononcées par Mandela sont toutes réfléchies et profondes, elles s’adressent au cœur des hommes. « Je suis maître de mon destin et capitaine de mon âme » dit en off, la voix de Morgan Freeman, troublant de ressemblance avec Mandela. Ce film n’est pas seulement un hymne à la grandeur de celui qui a permis à l’Afrique du Sud de faire sa transition pacifique vers une société unie (one team, one country), mais il est une leçon radicale de morale politique à l’endroit de tous les dirigeants du monde. C’est un film « post-Bush » ! Souvent l’émotion nous envahit : au premier discours à la Fédération de rugby tenue par les Noirs (ils veulent faire disparaître le nom des Springboks et son drapeau) ; la visite par l’équipe de la cellule où a été enfermé Mandela à Robben Island ; l’arrivée dans le stade aux matches décisifs (la foule d’abord hésitante, puis en délire), et, bien entendu, la victoire finale contre les All Blacks. Après Gran Torino, qui comportait une fin dramatique, malgré une affirmation de tolérance à l’égard de l’étranger, nous baignons avec Invictus dans la croyance en un monde de réconciliation, grâce aux valeurs de pardon et d’ouverture. C’est arrivé en Afrique du Sud en 1995.
Alain Le Goanvic
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