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Réalisation : Steve Jacobs - Scénario : Anna-Maria Monticelli d'après le roman de J.M. Coetze
Avec :
John Malkovich, Jessica Haines, Eriq Ebouaney
Steve Jacobs, né en 1967, est australien. Dès le lycée il se lance dans la mise en scène de théâtre. Engagé par la télévision australienne, il suit parallèlement des études d'audiovisuel. Il part ensuite à Londres où il effectue ses premiers pas d'acteur et parachève sa formation de réalisateur. De retour en Australie, il multiplie les rôles dans les téléfilms. En 2002 il réalise son premier long-métrage "La Spagnola", centré sur la précarité d'une famille espagnole émigrée en Australie. "Disgrace" est son deuxième long-métrage.
Résumé :
Afrique du Sud. David Lurie, professeur de poésie, est contraint de démissionner après avoir séduit une de ses étudiantes métisse. Il rejoint alors sa fille, dans une ferme éloignée et prend conscience des changements qui se sont opérés dans son pays depuis l'apartheid.
Analyse :
Le titre anglais "Disgrace" gardé pour la distribution en France peut prêter à confusion. Les deux traductions possibles, "pénitence" ou "déshonneur", rendent mieux compte des intentions probables du réalisateur (et de l'auteur du roman) que le mot français "Disgrâce". Car il s'agit bien de déshonneur tout d'abord dans ce qu'inflige à son étudiante ce professeur vaniteux et inconscient, incapable de résister à son désir. Déshonneur aussi que subit sa propre fille, cambriolée et violée chez elle par de jeunes noirs de passage. Mais déshonneur encore que ressent son père, de n'avoir rien pu faire pour empêcher ce viol alors qu'il était présent. Et déshonneur enfin que d'accepter de se faire peu à peu dépouiller de ses biens par le voisin noir, au comportement très ambigu. Mais ce que découvre peu à peu David c'est que sa fille accepte toutes ces épreuves avec résignation, comme une pénitence par elle subie, à laquelle elle ne veut pas se soustraire, comme une expiation.... Sont-ce les crimes passés de l'apartheid qu'elle expie, est-ce le crime de son père ? Rien n'est dit explicitement à ce sujet mais simplement suggéré.
Le parti-pris du réalisateur est de nous montrer tous ces événements du point de vue de David et de l'accompagner dans sa très lente évolution psychologique. Si l'on ne nous montre pas le viol de sa fille c'est parce qu'il n'y assiste pas lui-même, enfermé qu'il est dans une pièce à côté. De ce qu'il y endure, par contre, rien ne nous est épargné. Et la violence de tous ces comportements manifeste à quel point les relations entre blancs et noirs sont loin d'être apaisées !
Ce film est un intéressant contre-point à "Invictus" de Clint Eastwood, sorti en salle, en France, en même temps, car il brosse une peinture de l'après apartheid autrement plus complexe et subtile.
Maguy Chailley
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