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Réalisation Michael Winterbottom et Matt Whitecross - Scénario : Naomi Klein - Montage : Michael Winterbottom - Production : Andrew Eaton, Renegade Pictures - Distribution : Haut et Court
Avec :
Michael Winterbottom, réalisateur anglais, alterne documentaires, téléfilms et films de fiction : Butterfly Kiss (1995), Jude (1996), Welcome to Sarajevo (1997), 24 Hour Party People (2002), The Road to Guantanamo(2006).
Résumé :
Ce documentaire est la défense et l’illustration du livre de Naomi Klein, The Schock doctrine, dénonciation très argumentée d’un « capitalisme du désastre », qui vise à profiter de situations graves : guerre, coup d’état, catastrophe naturelle, actes terroristes…pour mettre en place des mesures ultralibérales qui vont à l’encontre de l’intérêt général. De nombreuses images d’archives accompagnent les analyses de Naomi Klein lors de différentes conférences en Angleterre et aux États-Unis.
Analyse :
Le livre de plus de 600 pages de Naomi Klein est une critique radicale de la méthode de « traitement de choc » de l’économiste Milton Friedman. Celui-ci (Prix Nobel d’Economie en 1976 !) disait qu’après une crise, il fallait que les hommes politiques imposent immédiatement des réformes économiques douloureuses avant que les gens n’aient pu se remettre de la crise. Le film de 85 minutes aussi « engagé » que le pavé de l’économiste britannique, est un choc permanent pour le spectateur ! Le montage rapide alterne les déclarations Naomi Klein qui s’exprime en termes clairs appuyant une argumentation implacable, et des images d’archives dramatiques : attaque du palais présidentiel et violences policières sur des manifestants au Chili, guerre aux îles Falkland, tsunami en Thaïlande, attaque et effondrement des tours jumelles à New York, inondations en Louisiane après Katrina, révolte du Parlement russe contre Eltsine. Les images parlent d’elles-mêmes certes, mais on ne voit pas toujours le lien avec les idées de Milton Friedman, par exemple comment Regan et Madame Thatcher ont su imposer les décisions libérales dans leur pays respectif. Sauf pour le Chili, où la stratégie du choc semble avoir été menée de bout en bout par la CIA et les États-Unis, permettant à la doctrine néo-libérale de Friedman de s’affirmer dans ce pays dominé par un pouvoir sanglant. Il faut voir le malaise de cet éminent économiste, quand un journaliste lui oppose le fait que, selon ses idées, le « marché libre » (de toute contrainte étatique) entraîne la démocratie et le pluralisme, ce qui fut le cas inverse au Chili et puis en Argentine ! Également, l’intervention en Irak en 2003 a permis l’extension d’affaires fort lucratives des grandes sociétés américaines. À mon sens, ce film très politique apporte un éclairage passionnant sur les ravages du néo-libéralisme qui, souvenons-nous, déclarait la guerre à toute intervention de l’État dans les circuits économiques et financiers. Le "laissez faire" (prôné par Adam Smith, le père du capitalisme) nous a conduit tout droit à la grave crise financière de 2008 dont la conséquence inattendue mais inévitable a été le retour de l’État dans la conduite de l’économie ! Nous sommes confrontés (par-delà nos émotions et nos convictions politiques personnelles) à un effort de vigilance et de réflexion, car le film présente une thèse, assortie d’exemples, mais la démonstration n’est pas toujours convaincante. Comme pour Le cauchemar de Darwin ou Le marché de la faim , le débat est plus que jamais nécessaire sur la toujours possible « manipulation » exercée par les images ! Avec un peu de courage, il est utile de lire le livre qui est plus à l’abri des raccourcis du discours cinématographique…
Alain Le Goanvic
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