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Réalisation et scénario: Luc Moullet - Assistants réalisation: Sylvie Beaujard et Luis Bertolo - Photo: Pierre Stoeber - Son : Olivier Schwob - Montage : Anthony Verpoort - Montage son et mixage : Julien Cloquet - Production : Les Films d'Ici, Richard Copans - Distribution : Les films du Paradoxe.
Avec :
Luc Moullet (lui même)Né en 1937, Luc Moullet débute comme critique aux Cahiers du Cinéma et réalise son premier long métrage "Brigitte et Brigitte" en 1966. Dans une tonalité pince sans rire et burlesque il a écrit 39 films, dont 29 courts métrages. Considéré par Jean-Luc Godard comme un Courteline revu par Brecht et, par Jean-Marie Straub, comme le seul héritier à la fois de Bunuel et de Tati, ce marginal de la nouvelle vague a vu une rétrospective complète de son œuvre présentée en 2009 au Centre Pompidou, et ce dernier film sélectionné la même année pour la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Il faut laisser parler l’auteur qui se met en scène sans complaisance: «je ne suis pas très normal, on peut considérer que je suis un peu décalé par rapport à la réalité…ce film part d’un exemple dans ma famille; un cousin, dont le garde champêtre avait déplacé sa chèvre de dix mètres, a pris sa pioche et tué cet inconvenant ainsi que le maire et la mairesse». Originaire des Alpes du Sud, le cinéaste géographe, avec son sérieux imperturbable et son humour décalé, va alors étudier les causes et les conséquences d’une folie criminelle, surreprésentée pour lui dans un pentagone sanglant centré sur la ville de Digne.Plutôt que de raconter une histoire et de défendre ses élaborations par l’accumulation de preuves, le réalisateur de ce documentaire préfère appréhender des lieux et des situations, et juxtaposer des fragments d’histoires de crimes effrayants perpétrés par des personnalités délirantes. A la fois macabre et parfois émouvant, le déploiement de ces témoignages véridiques et d’une cartographie minutieusement décrite déclenche souvent aussi le rire qui ne quitte paradoxalement pas le spectateur tout au long de ce qu’il n’est pas interdit de considérer comme une mystification car, dans la scène finale, la compagne du cinéaste démonte ses hypothèses comme étant le pur fruit de son imagination. Ce qui dans la méthode Moullet convainc le spectateur c’est en effet beaucoup plus le recours à l’absurdité et à la drôlerie, moyens de défense contre le tragique des situations qu’exalte toute l’œuvre d’un Chaplin, qu’une démonstration prétendument géo-scientifique convoquant simultanément, dans le désordre et de façon également délirante, les hypothèses criminologiques, la théorie des climats, l’isolement, le nuage de Tchernobyl, le rôle des vents qui rendent fous, l’impossible cohabitation entre autochtones et néo-ruraux, la pathologie thyroïdienne (rappelons nous du crétin des Alpes !)… La mise en scène intrigue et déconcerte usant largement de la fixité des plans mêlés de quelques zooms et panoramiques : elle a surtout pour objet d’arpenter des espaces et de mettre en relation des comportements et des témoignages pour étayer la thèse du réalisateur qui paye du reste lui-même de sa personne, en juxtaposant ici sa propre folie à celle des habitants du pentagone dans les interviews, ou en proposant là en voix off ses doctes commentaires. Si le cinéma très personnel de Luc Moullet, pataphysique et cocasse, nous enchante comme le font les pièces teintées de folie douce d’un René de Obaldia, la Terre de la folie est aussi un film moral qui nous pousse à réfléchir sur la société et son évolution, et cette terre de folie n’est–elle pas aussi notre Terre ?(Jean-Michel Zucker)
(lui même)Né en 1937, Luc Moullet débute comme critique aux Cahiers du Cinéma et réalise son premier long métrage "Brigitte et Brigitte" en 1966. Dans une tonalité pince sans rire et burlesque il a écrit 39 films, dont 29 courts métrages. Considéré par Jean-Luc Godard comme un Courteline revu par Brecht et, par Jean-Marie Straub, comme le seul héritier à la fois de Bunuel et de Tati, ce marginal de la nouvelle vague a vu une rétrospective complète de son œuvre présentée en 2009 au Centre Pompidou, et ce dernier film sélectionné la même année pour la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
Résumé :
Il faut laisser parler l’auteur qui se met en scène sans complaisance: «je ne suis pas très normal, on peut considérer que je suis un peu décalé par rapport à la réalité…ce film part d’un exemple dans ma famille; un cousin, dont le garde champêtre avait déplacé sa chèvre de dix mètres, a pris sa pioche et tué cet inconvenant ainsi que le maire et la mairesse». Originaire des Alpes du Sud, le cinéaste géographe, avec son sérieux imperturbable et son humour décalé, va alors étudier les causes et les conséquences d’une folie criminelle, surreprésentée pour lui dans un pentagone sanglant centré sur la ville de Digne.
Analyse :
Plutôt que de raconter une histoire et de défendre ses élaborations par l’accumulation de preuves, le réalisateur de ce documentaire préfère appréhender des lieux et des situations, et juxtaposer des fragments d’histoires de crimes effrayants perpétrés par des personnalités délirantes. A la fois macabre et parfois émouvant, le déploiement de ces témoignages véridiques et d’une cartographie minutieusement décrite déclenche souvent aussi le rire qui ne quitte paradoxalement pas le spectateur tout au long de ce qu’il n’est pas interdit de considérer comme une mystification car, dans la scène finale, la compagne du cinéaste démonte ses hypothèses comme étant le pur fruit de son imagination. Ce qui dans la méthode Moullet convainc le spectateur c’est en effet beaucoup plus le recours à l’absurdité et à la drôlerie, moyens de défense contre le tragique des situations qu’exalte toute l’œuvre d’un Chaplin, qu’une démonstration prétendument géo-scientifique convoquant simultanément, dans le désordre et de façon également délirante, les hypothèses criminologiques, la théorie des climats, l’isolement, le nuage de Tchernobyl, le rôle des vents qui rendent fous, l’impossible cohabitation entre autochtones et néo-ruraux, la pathologie thyroïdienne (rappelons nous du crétin des Alpes !)… La mise en scène intrigue et déconcerte usant largement de la fixité des plans mêlés de quelques zooms et panoramiques : elle a surtout pour objet d’arpenter des espaces et de mettre en relation des comportements et des témoignages pour étayer la thèse du réalisateur qui paye du reste lui-même de sa personne, en juxtaposant ici sa propre folie à celle des habitants du pentagone dans les interviews, ou en proposant là en voix off ses doctes commentaires. Si le cinéma très personnel de Luc Moullet, pataphysique et cocasse, nous enchante comme le font les pièces teintées de folie douce d’un René de Obaldia, la Terre de la folie est aussi un film moral qui nous pousse à réfléchir sur la société et son évolution, et cette terre de folie n’est–elle pas aussi notre Terre ?
Jean-Michel Zucker
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