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Réalisation : Xavier Giannoli - Scénario : Xavier Giannoli - Producteurs : Pierre-Ange Le Pogam et Edouard Weil
Avec :
François Cluzet (Philippe Miller), Emmanuelle Devos (Stéphane), Gérard Depardieu (Abel), Stéphanie Sokolinski (Monika), Vincent Rottiers (Nicolas), Brice Fournier (Louis)
Né en 1972, Xavier Giannolli a débuté sa carrière en réalisant de nombreux courts métrages et documentaires, dont "L'interview" en 1998, avec Mathieu Amalric, qui remporte la Palme d'or du court métrage. Son premier long métrage, en 2003, "Les Corps impatients", réunit Laura Smet et Nicolas Duvauchelle. Il réalisera ensuite "Une aventure" (avec Ludivine Seigner) en 2005, puis en 2006 "Quand j'étais chanteur" (avec Cécile de France et Gérard Depardieu), qui sera sélectionné en Compétition au Festival de Cannes, comme "A l'Origine" en 2009.
Résumé :
Philippe Miller vit de petites escroqueries dans le monde des travaux publics. Un jour, il découvre un chantier d'autoroute abandonné, arrêté, depuis des années, par des écologistes qui voulaient protéger une colonie de scarabées. L'arrêt du chantier avait été une catastrophe pour la région, durement frappée par le chômage. Aussi, quand Philippe arrive dans le village en se faisant passer pour un cadre de la société de travaux publics, tout le monde pense que le chantier va reprendre et l'espoir renaît. Philippe n'y voit d'abord que l'occasion d'empocher de juteuses commissions personnelles et pense s'enfuir aussitôt avec l'argent. Mais il se laisse convaincre de rester par Monika, l'employée de l'hôtel à laquelle il s'est attaché, et par son petit ami Nicolas, qui lui demandent de les aider. Dès lors, il va se trouver pris dans un engrenage et finira par se passionner pour un projet qui ne peut que mal finir pour lui.
Analyse :
Comment construire une autoroute sans argent ni entreprise ? Ou comment un petit escroc peut-il faire travailler des dizaines d'ouvriers et de monstrueux engins sans avoir le moindre sou ni le moindre contrat ? Le film est d'abord une fable ironique sur les mécanismes économiques (groupes tentaculaires, paiement à 90 jours, sociétés de travail intérimaire), et les arrangements et corruptions qui vont rendre possible une telle incongruité. Les sous-traitants locaux sont tellement soucieux de ne pas rater les contrats si le chantier redémarre qu'ils vont faire avancer tout seul un projet que le héros du film serait bien en peine de conduire. Mais rien ne serait possible s'il n'y avait une telle attente dans la collectivité tout entière. Et le film nous touche et nous met mal à l'aise quand il montre l'espoir que met toute une population, asphyxiée par les délocalisations industrielles, dans le redémarrage du chantier. Ah ! la joie de tous les habitants, sur le pas de leur porte, devant le défilé des engins qui traversent le village ! Surtout, ce film est l'itinéraire d'un homme. L'escroc minable interprété par François Cluzet ne songe d'abord qu'à ramasser des dessous-de-table et s'enfuir le plus vite possible. Puis, insensiblement, ému par la confiance que lui font les habitants, maire en tête, il va vouloir tenir jusqu'à l'échéance fatidique des 90 jours. Tendu, anxieux, craignant de montrer son incompétence, il évite le chantier, surtout préoccupé de faire traîner les fournisseurs qui s'impatientent. Pourtant, ultime étape de son évolution, il va se prendre au jeu, comprendre qu'il a la possibilité, unique dans son existence médiocre, de réaliser une grande ouvre, un exploit, un monument durable. On le voit alors, tel un général sur le champ de bataille, passer toutes ses heures sur le chantier, galvaniser ses hommes, ne plus s'occuper de l'intendance mais seulement de l'avancement du ruban de bitume et, pour cela, tout sacrifier et tout risquer. Des personnages attachants, très bien interprétés, une histoire étonnante, un bon film.
et Marie-Jeanne Campana,
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