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Réalisation Teddy Lussi-Modeste - Scénario : Rebecca Zlotowski, Teddy Lussi-Modeste - Photo : Claudine Natkin - Décors : Citronelle Dufay - Montage : Albertine Lastera - Distribution France : Pyramide Distribution
Avec :
Guillaume Gouix, Béatrice Dalle, Hafsia Herzi, Serge Riaboukine…
Teddy Lussi-Modeste signe ici son premier film qui a été primé au Festival Premiers Plans d’Angers 2011. Le réalisateur est né en 1978 à Grenoble et a fait ses études de cinéma à la Fémis. Il déclare que les influences qui l’ont formé sont celles des cinéastes américains comme Francis Ford Coppola ou Todd Haynes. Il est lui-même un « Voyageur » et très attaché à sa ville de Grenoble. C’est dans ce milieu qu’il a choisi de faire évoluer ses personnages mais en évitant le style du documentaire : les rôles importants sont tenus par des acteurs qui ont fait leurs preuves.
Jimmy (Guillaume Gouix), un jeune gitan, abandonné par son père dans son enfance, a été élevé par le pasteur pentecôtiste de sa communauté. Il lui demande le baptême et veut suivre son enseignement jusqu’à, peut-être, devenir pasteur à son tour. Mais l’interdiction de la violence doit le pousser à renoncer à la boxe thaïe, et ses élans vers sa petite amie doivent être réfrénés.
Les premières images donnent immédiatement le ton du film : au petit matin plan sur la nuque d’un marcheur dans une forêt dense, il marche rapidement entre les arbres, sans suivre de sentier, le plan s’élargit sur d’autres marcheurs vus de dos empruntant la même direction, tous en shorts et tee-shirts, ils s‘arrêtent en rond dans une clairière pour y déféquer.
Les gens du voyage forment une communauté solidaire qui a ses coutumes, ce qui la fortifie, ce sont des personnes comme les autres, avec les mêmes préoccupations cependant ils sont rejetés. C’est ce que veut nous faire comprendre le réalisateur. Nous nous intéressons aux hésitations de son héros entre une voie toute tracée conforme à son baptême et ses passions pour la boxe et pour Sonia (Hafsia Herzi aussi pétulante que dans La graine et le mulet d’Abdellatif Kéchiche) et croyons reconnaître des drames bien classiques comme les stances du Cid, les aspirations du Marius de Marcel Pagnol ou tout simplement les difficultés de la jeunesse.
Voilà un rappel qui peut être nécessaire lorsque les politiques mettent en avant les questions d’identité et d’appartenance à des communautés. C’est illustré par la scène de la discussion entre les représentants de la communauté qui veulent organiser une rencontre européenne et les élus locaux. Les difficultés de dialogue dues à l’ignorance et les préjugés des édiles font apparaître des amalgames bien connus.
Mais la composante fondamentale de l’intrigue, c’est le baptême. Pour José (Serge Riaboukine), le pasteur, une vie de violence est incompatible avec la foi et la boxe est une forme de violence. Alors Gina (Béatrice Dalle excellente dans ce personnage), la patronne de la salle de boxe, chausse le rôle de tentatrice. Les relations amoureuses avec une étrangère au clan sont aussi prohibées. Et voici Sonia en bien jolie diablesse furieuse des dérobades de Jimmy. Est-ce un hasard si, dans ce film, les femmes sont là pour faire trébucher les hommes ? On peut remarquer que notre héros évolue dans une société d’hommes aux bourrades viriles qui détiennent le pouvoir.
En filigrane se dessine aussi une quête du père. Jimmy découvre que celui qui, pensait-il, l’avait abandonné, avait été rejeté par la communauté pour mauvaise conduite et que sa mère avait refusé de le suivre avec ses enfants. Cette information ne va pas conforter une décision de Jimmy mais au contraire l’inquiéter davantage par le parallèle entre sa situation et celle du père disparu.
Teddy Lussi-Modeste, fait référence au Parrain de Francis F. Coppola disant qu’il y trouve « cet affrontement très fort entre l’appartenance à une communauté et l’idéal d’un pays ». Ici l’affrontement se situe davantage entre les contraintes exigées par l’appartenance à sa communauté et les aspirations d’un homme jeune à une certaine liberté. (Nicole Vercueil)
ouix, Béatrice Dalle, Hafsia Herzi, Serge Riaboukine… Teddy Lussi-Modeste signe ici son premier film qui a été primé au Festival Premiers Plans d’Angers 2011. Le réalisateur est né en 1978 à Grenoble et a fait ses études de cinéma à la Fémis. Il déclare que les influences qui l’ont formé sont celles des cinéastes américains comme Francis Ford Coppola ou Todd Haynes. Il est lui-même un « Voyageur » et très attaché à sa ville de Grenoble. C’est dans ce milieu qu’il a choisi de faire évoluer ses personnages mais en évitant le style du documentaire : les rôles importants sont tenus par des acteurs qui ont fait leurs preuves.
Résumé :
Jimmy (Guillaume Gouix), un jeune gitan, abandonné par son père dans son enfance, a été élevé par le pasteur pentecôtiste de sa communauté. Il lui demande le baptême et veut suivre son enseignement jusqu’à, peut-être, devenir pasteur à son tour. Mais l’interdiction de la violence doit le pousser à renoncer à la boxe thaïe, et ses élans vers sa petite amie doivent être réfrénés.
Analyse :
Les premières images donnent immédiatement le ton du film : au petit matin plan sur la nuque d’un marcheur dans une forêt dense, il marche rapidement entre les arbres, sans suivre de sentier, le plan s’élargit sur d’autres marcheurs vus de dos empruntant la même direction, tous en shorts et tee-shirts, ils s‘arrêtent en rond dans une clairière pour y déféquer.
Les gens du voyage forment une communauté solidaire qui a ses coutumes, ce qui la fortifie, ce sont des personnes comme les autres, avec les mêmes préoccupations cependant ils sont rejetés. C’est ce que veut nous faire comprendre le réalisateur. Nous nous intéressons aux hésitations de son héros entre une voie toute tracée conforme à son baptême et ses passions pour la boxe et pour Sonia (Hafsia Herzi aussi pétulante que dans La graine et le mulet d’Abdellatif Kéchiche) et croyons reconnaître des drames bien classiques comme les stances du Cid, les aspirations du Marius de Marcel Pagnol ou tout simplement les difficultés de la jeunesse.
Voilà un rappel qui peut être nécessaire lorsque les politiques mettent en avant les questions d’identité et d’appartenance à des communautés. C’est illustré par la scène de la discussion entre les représentants de la communauté qui veulent organiser une rencontre européenne et les élus locaux. Les difficultés de dialogue dues à l’ignorance et les préjugés des édiles font apparaître des amalgames bien connus.
Mais la composante fondamentale de l’intrigue, c’est le baptême. Pour José (Serge Riaboukine), le pasteur, une vie de violence est incompatible avec la foi et la boxe est une forme de violence. Alors Gina (Béatrice Dalle excellente dans ce personnage), la patronne de la salle de boxe, chausse le rôle de tentatrice. Les relations amoureuses avec une étrangère au clan sont aussi prohibées. Et voici Sonia en bien jolie diablesse furieuse des dérobades de Jimmy. Est-ce un hasard si, dans ce film, les femmes sont là pour faire trébucher les hommes ? On peut remarquer que notre héros évolue dans une société d’hommes aux bourrades viriles qui détiennent le pouvoir.
En filigrane se dessine aussi une quête du père. Jimmy découvre que celui qui, pensait-il, l’avait abandonné, avait été rejeté par la communauté pour mauvaise conduite et que sa mère avait refusé de le suivre avec ses enfants. Cette information ne va pas conforter une décision de Jimmy mais au contraire l’inquiéter davantage par le parallèle entre sa situation et celle du père disparu.
Teddy Lussi-Modeste, fait référence au Parrain de Francis F. Coppola disant qu’il y trouve « cet affrontement très fort entre l’appartenance à une communauté et l’idéal d’un pays ». Ici l’affrontement se situe davantage entre les contraintes exigées par l’appartenance à sa communauté et les aspirations d’un homme jeune à une certaine liberté.
Nicole Vercueil
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