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Réalisation Manoel de Oliveira - Scénario : Manoel de Oliveira - Photo : Sabine Lancelin - Décors : Christian Marti - Montage : Valérie Loiseleux - Distribution France : Epicentre Films
Avec :
Pilar López de Ayala (Angelica), Ricardo Trepa (Isaac)…Manoel de Oliveira est le seul réalisateur actuel à avoir commencé sa carrière à l'époque du cinéma muet. Il est né en 1908 à Porto et, à 21 ans, reçoit sa première caméra avec laquelle il tourne un documentaire muet sur le Douro, le fleuve de sa ville natale. Il commence sa carrière cinématographique, comme acteur, en particulier dans le premier film parlant portugais (A Cançao de Lisboa – 1933) et son premier long métrage Aniki Bobo date de 1942. Pendant la période 1963-1971, il fut interdit de tournage par le gouvernement portugais. Il ne se remit au travail qu’après le décès de Salazar et n’a pas cessé de filmer depuis. Documentaires ou fictions, ses films connaissent beaucoup de succès auprès du public des cinémas d’Art et d’Essais. En 2008, l’année de son centenaire, il a reçu une Palme d’Or au Festival de Cannes pour l’ensemble de son œuvre.
Isaac (Ricardo Trepa), jeune photographe portugais, vit dans une pension de famille sur les bords du Douro. Par une nuit très pluvieuse, il est appelé d’urgence dans un riche domaine pour faire le portrait d’Angelica, une jeune femme qui vient de mourir. A travers son objectif, il la voit lui sourire. C’est le basculement dans un monde où se mêlent intimement rêve et réalité.
Manoel de Oliveira, lorsqu’il était photographe débutant, fut invité à faire le portrait d’une jeune morte. Il eut l’impression, au cours du réglage de la focale, que la jeune femme sortait du corps étendu et qu’il voyait ainsi s’échapper son âme. Cet épisode lui a inspiré en 1952 un scénario où le héros était un photographe juif ayant fui les persécutions nazies. Le régime de Salazar ayant censuré le projet, celui-ci n’a pas pu être tourné.
Ce film, sorti donc 60 ans plus tard, est un poème autobiographique sur le thème de l’étranger, de l’amour, de la mort comme une transition, avec de nombreuses références artistiques. Isaac est un « émigré juif séfarade », mal accueilli dans la maison très catholique de la jeune femme, et qui est encore hanté par des bruits de camions, réminiscences, sans doute, de ce qu’il a dû subir dans son enfance (seulement suggéré dans le film). Sur les épreuves des photos qui sèchent dans sa chambre, Angelica recommence à lui sourire, puis le fantôme de la jeune femme l’emporte dans une tendre étreinte. Ils planent ensemble au-dessus du Douro à la manière des couples de Chagall : fusion de l’amour jusque dans la mort, et union des âmes après le passage. La bande son accompagne chacun de ces thèmes : Des grondements et roulements soulignent le statut de l’étranger ; le piano de Chopin, les rêveries amoureuses ; le bruit du vent, l’envol des âmes.
Mais d’autres sujets sont aussi abordés, beaucoup plus astucieusement. Les déroutantes conversations des locataires de la pension tournent autour de la crise économique, représentée dans le film par un mendiant aux portes de l’église et du cimetière ; de l’écologie - le passage du pont sur le Douro plonge Isaac dans un monde rural aux coutumes ancestrales ; et de l’antimatière effectuant une fusion totale avec la matière, fusion qu’on retrouve dans les corps enlacés d’Angelica et Isaac. Ces trois notions sont des reflets de ce qui est la trame principale du film : le temps et les transformations qu’il entraîne, objet du délicat poème lu par Isaac au début du film.
A 102 ans Manoel de Oliveira tente de filmer ses pensées et ses rêves. On savoure ce voyage intime et les magnifiques images de la vallée du Douro qui évoquent des toiles de Millet.
(Nicole Vercueil)
z de Ayala (Angelica), Ricardo Trepa (Isaac)…Manoel de Oliveira est le seul réalisateur actuel à avoir commencé sa carrière à l'époque du cinéma muet. Il est né en 1908 à Porto et, à 21 ans, reçoit sa première caméra avec laquelle il tourne un documentaire muet sur le Douro, le fleuve de sa ville natale. Il commence sa carrière cinématographique, comme acteur, en particulier dans le premier film parlant portugais (A Cançao de Lisboa – 1933) et son premier long métrage Aniki Bobo date de 1942. Pendant la période 1963-1971, il fut interdit de tournage par le gouvernement portugais. Il ne se remit au travail qu’après le décès de Salazar et n’a pas cessé de filmer depuis. Documentaires ou fictions, ses films connaissent beaucoup de succès auprès du public des cinémas d’Art et d’Essais. En 2008, l’année de son centenaire, il a reçu une Palme d’Or au Festival de Cannes pour l’ensemble de son œuvre.
Résumé :
Isaac (Ricardo Trepa), jeune photographe portugais, vit dans une pension de famille sur les bords du Douro. Par une nuit très pluvieuse, il est appelé d’urgence dans un riche domaine pour faire le portrait d’Angelica, une jeune femme qui vient de mourir. A travers son objectif, il la voit lui sourire. C’est le basculement dans un monde où se mêlent intimement rêve et réalité.
Analyse :
Manoel de Oliveira, lorsqu’il était photographe débutant, fut invité à faire le portrait d’une jeune morte. Il eut l’impression, au cours du réglage de la focale, que la jeune femme sortait du corps étendu et qu’il voyait ainsi s’échapper son âme. Cet épisode lui a inspiré en 1952 un scénario où le héros était un photographe juif ayant fui les persécutions nazies. Le régime de Salazar ayant censuré le projet, celui-ci n’a pas pu être tourné.
Ce film, sorti donc 60 ans plus tard, est un poème autobiographique sur le thème de l’étranger, de l’amour, de la mort comme une transition, avec de nombreuses références artistiques. Isaac est un « émigré juif séfarade », mal accueilli dans la maison très catholique de la jeune femme, et qui est encore hanté par des bruits de camions, réminiscences, sans doute, de ce qu’il a dû subir dans son enfance (seulement suggéré dans le film). Sur les épreuves des photos qui sèchent dans sa chambre, Angelica recommence à lui sourire, puis le fantôme de la jeune femme l’emporte dans une tendre étreinte. Ils planent ensemble au-dessus du Douro à la manière des couples de Chagall : fusion de l’amour jusque dans la mort, et union des âmes après le passage. La bande son accompagne chacun de ces thèmes : Des grondements et roulements soulignent le statut de l’étranger ; le piano de Chopin, les rêveries amoureuses ; le bruit du vent, l’envol des âmes.
Mais d’autres sujets sont aussi abordés, beaucoup plus astucieusement. Les déroutantes conversations des locataires de la pension tournent autour de la crise économique, représentée dans le film par un mendiant aux portes de l’église et du cimetière ; de l’écologie - le passage du pont sur le Douro plonge Isaac dans un monde rural aux coutumes ancestrales ; et de l’antimatière effectuant une fusion totale avec la matière, fusion qu’on retrouve dans les corps enlacés d’Angelica et Isaac. Ces trois notions sont des reflets de ce qui est la trame principale du film : le temps et les transformations qu’il entraîne, objet du délicat poème lu par Isaac au début du film.
A 102 ans Manoel de Oliveira tente de filmer ses pensées et ses rêves. On savoure ce voyage intime et les magnifiques images de la vallée du Douro qui évoquent des toiles de Millet.
Nicole Vercueil
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