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Réalisation :Réalisateur : Manoel de Oliveira ; Scenario : Manoel de Oliveira ; Directeur de la photographie :Sabine Lancelin ; Monteuse : Valérie Loiseleux ; Chef décorateur : Christian Marti ; Ingénieur du son :Henri Maïkoff ; Production : Filbox producoes (Portugal), Les films d’ici( France) ; Distribution : Les films du Paradoxe
Né le 12 décembre 1908 à Porto, ce grand sportif débute comme acteur dans le premier film parlant portugais, La chanson de Lisbonne. Après un premier long métrage en 1942, le deuxième, Actes de printemps, ne sort qu'en 1963 et évoque la passion du Christ. Auteur d'une 'Tétralogie des amours frustrées (Amour de perdition, Francisca), Manoel de Oliveira s’inspire volontiers d’œuvres littéraires comme Le soulier de satin (1985), La Divine comédie (1992), Val Abraham, variation sur madame Bovary (1993), La Lettre (1999), libre adaptation de La Princesse de Clèves. En sa 99ème année il fait le pari de faire revivre deux personnages du chef d'œuvre de Bunuel : Belle de jour
Résumé :
Séverine et Husson, l’ami de son mari qui l’avait convoitée trente huit ans auparavant tout en la méprisant, vont se croiser à nouveau. Elle essaie à tout prix de l’éviter. Mais lui insiste et tente de la convaincre de le revoir en lui promettant de révéler le secret qu’il est seul à connaître. Durant tout le dîner en tête à tête, elle, aujourd’hui veuve, est dans l’attente qu’il dévoile ce qu’il a réellement dit de ses vices à son mari - alors paralysé à la suite d’une balle tirée par un de ses amants. Elle partira sans connaître la vérité.
Analyse :
Le destin du roman de Kessel aura été éclatant grâce à Bunuel (Lion d’or 1967 à Venise) puis à de Oliveira qui impose ce nouvel avatar du vieillissement aux deux principaux personnages, à ces deux complices qui s’étaient quitté sur un non-dit : Piccoli, ancien séducteur confit dans un sadisme rancunier et Bulle Ogier, - puisque Catherine Deneuve a choisi de ne pas participer -, papillon affolé par l’irruption d’un passé torturant, s’attirent et se repoussent dans le clair obscur des passions éteintes. Cet amer opéra s’ouvre par une symphonie de Dvorak, prélude à un jeu pervers, tandis que la caméra, relie inéluctablement Husson à Séverine, faussement perdus parmi les auditeurs.
Dès lors, dans la première partie du film, il va, en un ballet quasi surréaliste du chat et de la souris, la traquer, sous l’œil intrigué de deux demi-mondaines, puis finir par la coincer après avoir fait au passage des confidences déplacées à un barman et nous avoir montré fugacement un Paris de carte postale. La rencontre a finalement lieu dans la salle à manger privée d’un hôtel de luxe ; les deux personnages (ennemis intimes contemplés avec la férocité bienveillante et sans moralisme aucun, du réalisateur, leur aîné) mangent en silence dans le bruissement feutré de la vaisselle. Husson, embusqué, avide de jouissance, sait qu’il ne peut plus posséder une femme que par la parole et va lui découvrir son jeu de dupes. De Oliveira , dans ce film raffiné et discrètement surréaliste (avec un coq bunuelien à l’épilogue) développe un humour et un érotisme insolite, parfois agressif et toujours très ironique : un régal !
Jean-Michel Zucker
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