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Réalisation : Claude Chabrol. Scénario, adaptation, dialogues : Odile Barski, Claude Chabrol. Montage : Monique Fardoulis. Son : P. Lenoir, T. Lebon. Image : E. Serra. Musique : Mathieu Chabrol. Producteur : P. Godeau.
Avec :
Isabelle Huppert, François Berléand, Patrick Bruel, Robin Renucci, Maryline Canto, Jacques Boudet, Jean-François Balmer.
Ce dinosaure du grand écran a fait ses premières armes sous la nouvelle vague (Le Beau Serge 1958). Il a signé depuis plus de 50 films, aux fortunes et à la qualité diverses. Il donne surtout sa mesure dans ses réquisitoires contre la bourgeoisie provinciale : son œuvre a pu être qualifiée de "Comédie humaine de la 5ème République".
Résumé :
Jeanne Charmant Killman, juge d'instruction, avance avec obstination dans le cloaque d'une très grosse affaire de détournement de fonds, abus de biens sociaux, trafic d'influences. Rude combat solitaire, aux prises avec les chausse-trappes des "gros poissons" menacés. Sa vie privée, son ménage en paient le prix. La hiérarchie lui concède deux gardes du corps, mais son acharnement inquiète dans un "univers" où il est mal vu de révéler au grand jour les compromissions entre le monde des affaires et celui d'une certaine politique. La collaboratrice qui lui est adjointe dans l'intention de la "neutraliser" s'avère de la même trempe ; elle lui passera sereinement le flambeau, dans cette volonté commune de privilégier la justice, plutôt que l'image de cette dernière.
Analyse :
Chabrol n'est jamais aussi talentueux que lorsque les circonstances conduisent l'œil de la caméra dans le monde glauque de gens "en marge de la morale". Avec L'Ivresse du pouvoir, le voilà servi. La formule : "toute ressemblance avec… serait COMME ON DIT, fortuite", ne trompe personne : la fiction n'a rien à envier à la réalité ! Isabelle Huppert promène sa frêle silhouette glacée parmi ces êtres au faîte de la puissance matérielle acquise et alimentée (!) grâce à des magouilles, dont ils sont tout surpris d'apprendre qu'elles n'ont pas droit de cité dans une république point encore bananière. Elle ne se départit jamais de servir du "Monsieur le Président" à ce bonhomme devenu pitoyable. Au fil des jours, à la stricte technique juridique, succède l'acharnement pour la cause de la Justice. Autour d'elle s'agite une poignée de pantins fortunés qui vont tenter, plus ou moins licitement, de se débarrasser de cette femme dont ils ne comprennent pas la vindicte à leur égard. Chacun à sa manière, Bruel, Boudet, Balmer sont, à la suite de Berléand, mis au tapis pour le compte. A ce petit jeu, Huppert se brûle "au 3ème degré" .. et son mari avec. Le pouvoir qu'elle devine chez ceux qu'elle traque, voilà qu'elle a du mal (par contagion ?) à ne pas le faire sien, avec les moyens de son "statut". Mais si le juge d'instruction a tous les moyens, ce ne sont que ceux qu'on lui donne ! Une coïncidence heureuse fait que le portrait de Jeanne honore une profession qu'un certain procès récent a quelque peu écorné. Quant à la pestilence de ces êtres en complet veston et portables "à tout va", elle ne manquera pas d'évoquer les larrons et les mauvais riches d'un autre temps…
Jacques Agulhon
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