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Réalisation : et scénario : Reza Serkanian – Montage :Caroline Émery- Son : Mehdi Saleh Kermani– Photo : Mehdi Jafari–Musique : Hossein Alizadh – Distribution : Jupiter Films
Avec :
Mahnaz Mohamadi (Maryam) – Hussein Farzi Zadeh (Kazem) –Javade Taheri (Aziz) – Dorlush Asad Zadeh (Hadj)
D’origine franco-iranienne, Serkanian a mis trois ans pour faire accepter son scénario de Noces éphémères, son premier long-métrage, par les autorités de censure iraniennes. Tenace, il pensait bénéficier du relâchement de la censure, qui s’est fait jour un peu avant les élections, mais celles-ci ont donné le pouvoir aux partis conservateurs. Documentariste, scénariste et même producteur (Overlap), il a bénéficié de l’aide de l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) qui l’a sélectionné à Cannes en 2011, bénéficiant ainsi d’une couverture médiatique avant sa diffusion en France.
Résumé :
Dans une petite maison de Téhéran vit une famille, à l’abri des mouvements de rue et des discours enflammés des chefs religieux. Serkanian semble découvrir avec nous cet univers clos, où circulent plusieurs générations. Mais le repli sur la famille ne convient pas à Maryam, veuve, encore jeune et belle, qui est attirée par son beau-frère et rêve d’horizons nouveaux.
Analyse :
Des films de grande qualité nous apportent un autre regard sur l’IRAN, par la description des problèmes de société présentés au travers de destins de femmes. Citons rien que pour 2011 : Une séparation d'Asghar Fahradi (Ours d’Or Berlin 2011), Au revoir de Mohammad Rasoulof (Sélection Un certain Regard Cannes 2011), Noces éphémères de Reza Serkanian (Sélection ACID Cannes). Films critiques sur le régime, entraînant sans conteste de graves ennuis pour les réalisateurs. Ainsi, Panahi, Ghobadi, Rasoulov sont victimes d’une censure impitoyable et emprisonnés. Fahradi est sous haute surveillance, ainsi que le réalisateur franco-iranien Serkanian. Aller voir ces films est une manière de témoigner de notre solidarité.
Noces éphémères décrit une société qui étouffe les aspirations individuelles. Mais, contrairement au style des films précédents, le décryptage sociologique est ici plus subtil, plus en relation avec les personnages pris dans leur quotidienneté. Chaleur humaine, simplicité des gestes, dominance féminine. À l’étage vit Hadj, le vieux père et grand-père, très affaibli et priant sans cesse : il est mollah. On le respecte, on le supporte, on sait qu’il va mourir. Le fils et la belle-fille ont deux fils : l’un est mort à la guerre, sa veuve Maryam vit avec la famille ; l’autre c’est Kazem, jeune et fougueux, qui revient de son service militaire. Il est promis à sa jeune cousine, qui est aussi dans la maison. On prépare les fiançailles, Kazem est prié de se tenir à distance et d’attendre ! Mais une forte attirance réunit Kazem et Maryam. Comment vivre ce désir naturel dans ce monde empreint de coutumes et d’interdictions ? Une solution se dessine : le mariage à durée déterminée, pratiquée dans une ville voisine ! Deux autres évènements se déroulent dans la maison: la circoncision des deux plus jeunes garçons, la mort du vieux mollah. Nous participons à cette vie collective et c’est ce qui rend le film si attachant! Il se dégage une attention aux êtres, soulignée par de longs plans-séquences, comme dans un film intimiste. Bien qu’éloignés par la culture et les conditions de vie, ces êtres nous deviennent familiers.
Alain Le Goanvic
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