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Mise en scène : Jacques Rivette ; Adaptation d'après "La duchesse de Langeais" de Balzac : Pascal Bonitzer, Christine Laurent ; Image : William Lubtchansky ; Son : Florian Eidenbenz ; Montage : Nicole Lubtchansky
Avec :
Interprétation : Jeanne Balibar (Antoinette de Langeais) - Guillaume Depardieu (Armand de Montriveau) - Bulle Ogier (Princesse de Blamont-Chauvry) - Michel Piccoli (Vidame de Pamiers) - Barbet Schroeder (le duc de Grandieu)
Jacques Rivette a commencé sa carrière par le biais de la cinéphilie et la critique, comme d'autres réalisateurs de la Nouvelle Vague. Un de ses premiers films "La religieuse", inspiré de l'œuvre de Diderot, fera scandale. Avec plus de vingt-cinq films à son actif (dont "Céline et Julie vont en bateau", "La belle noiseuse", "Jeanne la pucelle", "Va savoir"...), il reste un des meilleurs représentants français du cinéma d'auteur.
Résumé :
Sous la Restauration, la duchesse de Langeais se refuse au général Montriveau qu'elle prend pourtant plaisir à séduire. Celui-ci est follement amoureux d'elle mais finit par comprendre qu'il n'obtiendra rien. Il organise alors sa vengeance.
Analyse :
Le film est construit en commençant par la fin : lorsque le général Montriveau débarque dans une île espagnole au cours de l'expédition française pour rétablir l'autorité de Ferdinand VII. Il s'intéresse au carmel dans lequel il espère retrouver Antoinette de Langeais, disparue depuis cinq ans. Effectivement, sœur Thérèse est bien la femme qu'il cherche. Mais pas plus qu'elle ne s'est donnée à lui lors de sa vie mondaine passée, elle n'acceptera de quitter l'habit religieux et de le suivre. Et l'on voit ici que toutes les rencontres entre elle et son "amant" sont encore sous le signe de l'obscurité : celle du carmel maintenant, celle des salons et des intérieurs nobles autrefois. Admirable rendu de ces éclairages intimes mais qui n'offrent jamais à ces deux personnages de se voir en pleine lumière. Cette pleine lumière qui n'existe que pour montrer l'inaccessibilité du carmel ou l'étendue de la mer lorsque tout est fini.
Le retour en arrière, cinq ans auparavant, va nous permettre d'assister à ces "danses" de séduction de la duchesse de Langeais auprès d'Armand de Montriveau. Rien de tel que la lenteur pour faire entrer dans ces manœuvres amoureuses, d'un autre âge penseront certains. Et pourtant une grande vérité psychologique se dégage de ce va et vient entre "je te séduis" et "je te repousse". Jeu dangereux aussi bien pour celui qui le subit et dont la fierté finira par se rebeller, que pour celle qui s'y livre et qui découvrira, trop tard, qu'elle s'est elle-même prise au jeu. Tous deux sont des victimes : la duchesse, enfermée dans un carcan de convenances sociales et de prescriptions religieuses; le général, naïf incapable de percer à jour le sens de ces manœuvres et de comprendre l'authenticité du revirement de celle qu'il aime.
L'essentiel du film repose sur ce face à face, servi par un jeu d'acteurs sans reproche.
La fidélité à Balzac est totale dans les dialogues et l'atmosphère. Elle va même jusqu'à faire reprendre par Rivette le titre, qui avait d'abord été celui de la nouvelle de Balzac et qu'il n'avait modifié que dix ans plus tard.
Maguy Chailley
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