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Réalisation : Philippe Garrel. Scénario: Marc Cholodenko, Caroline Deruas-Garrel et Philippe Garrel - Photo: Willy Kurant – Montage : Yann Dedet – Décors : Manu de Chauvigny – Son : François Musy - Compositeur: John Cale - Production: Rectangle productions – Distribution : Wild Bunch Distribution
Avec :
Monica Bellucci (Angèle), Louis Garrel (Frédéric), Jérôme Robart (Paul), Céline Sallette (Elizabeth), Maurice Garrel (le grand père), Vladislav Galard (Roland), Vincent Macaigne(Achille).
Rescapé marginal mais flamboyant de la « Nouvelle Vague », Philippe Garrel, maître du noir et blanc, a tourné depuis Marie pour mémoire en 1967, 23 longs métrages et obtenu 2 Lions d’argent à Venise, en 1991 pour J’entends plus la guitare et en 2005 pour Les amants réguliers. il reste le plus souvent fidèle à ses acteurs familiers - son père Maurice, sa compagne de 10 ans, Nico, qui a tourné dans 7 de ses films, et son fils Louis, dans les 3 derniers.
Résumé :
Paul rencontre Frédéric par un ami commun. Frédéric est peintre. Il vit avec Angèle, une actrice qui fait du cinéma en Italie. Pour vivre en attendant d’être acteur, Paul fait de la figuration. Sur un plateau, Paul rencontre Elisabeth qui est aussi figurante. Ils tombent amoureux. Frédéric invite Paul et Elizabeth à Rome.
Analyse :
Il est vrai que l’œuvre poétique de Philippe Garrel est une récurrente et inlassable variation sur le « tendre et dangereux visage de l’amour » chanté par Prévert , et certains seraient tentés de penser, agacés, que le cinéaste fait toujours le même film . Une fois encore, il nous raconte une histoire désespérée d’amour et de mort, persuadé sans doute comme Brassens qu’« il n’y a pas d’amour heureux ». Une fois encore sourd de ce film la petite musique si personnelle et si authentique de l’auteur avec l’émotion qu’elle distille. A son image, ses personnages, lorsqu’ils ne parviennent à vivre leur amour idéal, sombrent souvent dans la dépression et la tentation du suicide ou réinvestissent en abyme leurs sentiments sur les plateaux de théâtre ou de tournage. Mais, fait nouveau, la brûlure de l’amour est ici un temps rafraîchie, quoique avivée, par la caresse de l’amitié ; et la partition de ce quatuor, dont les regards nous atteignent autant que les paroles, se déploie ainsi sur 4 duos : le contraste est grand entre l’amour mythique et maudit du peintre et de l’actrice, égarés dans leur quête d’absolu, et le registre (néo?)réaliste de celui des deux figurants dont l’aventure se conclura par une naissance. Sur le versant de l’amitié, la belle entente de Frédéric et de Paul, dont la voix off de narrateur est le fil rouge de cette poignante histoire, permet de croiser les raisons de vivre de Garrel - l’amour, l’art, la famille, le militantisme politique- et fait écho à la complicité touchante d’Angèle et d’Elisabeth. Chronique d’une mort annoncée dès la première séquence, ce film élégant, et sensuel bien que pudique, développe mystérieusement une séduction vénéneuse et envoûtante qui tire son efficacité du ballet intime en plans moyens et en couleurs franches de ses 4 protagonistes, amoureusement dirigés par un réalisateur passionné qui les révèle à eux-mêmes.
Jean-Michel Zucker
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