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Réalisation : Jean-Marc Moutout, Scénario : JM Moutout, Olivier Gorce, Sophie Fillières - Montage : Maria da Costa - Son : François Guillaume – Photo : Pierric Gantelmi d’Ille – Distribution : Les Films du Losange
Avec :
Jean-Pierre Darroussin (Paul), Valérie Dréville (Françoise), Xavier Beauvois (Alain Fisher), Yannick Renier (Fabrice), Laurent Delbecque (Benoît
Né en 1966, ce cinéaste dénote un réel talent. Après un court-métrage « césarisé » en 1998, Tout doit disparaître, il réalisa : Violence des échanges en milieu tempéré (Meilleure première œuvre –César 2005) qui décrivait l’univers impitoyable des consultants d’entreprise – puis, La fabrique des sentiments (2008), dont le sujet est la critique d’une société fermée, conformiste et axée sur la rentabilité.
Résumé :
Lundi matin, Paul Wertret se rend à son travail à la banque CICF. Il a un air sombre, et froidement déterminé. Le regard fixe, il entre dans les bureaux où les gens sont au travail. C’est un matin comme les autres… Non, pas tout à- fait : Paul sort de sa mallette un revolver et tue son patron et un jeune consultant.
Analyse :
Un long et terrible flash-back se déroule ensuite sous nos yeux encore tout ébahis de la scène du crime : quatre coups de feu précis, stridents. Le lieu de travail très banal est le théâtre de cette tuerie incroyable. Jean-Pierre Darrousin fascinant en cadre aigri ne peut se soumettre à son patron au visage lisse et poupon (génial Xavier Beauvois) dont le seul langage se résume par les mots : tenir ses objectifs, être performant et rentable, rebondir sur les obstacles ! Le « milieu tempéré » de la banque est bousculé par la crise financière évoquée avec justesse mais sans plus, car le film n’a pas de prétention pédagogique ou politique. Le regard sur sa vie, Paul lui donne le caractère de l’échec. Il s’est consacré totalement à son travail professionnel, on se demande s’il n’a pas été impitoyable, aussi, avec ses collègues et subordonnés. Maintenant, sous le feu des critiques, qui entraînent sa « déchéance » (il passe du Commercial au Contrôle de Gestion !), il assiste, avec passivité, aux engagements humanitaires de sa femme, une parfaite « bobo », dont le probable ennui dans la vie aux côtés de cet étrange mari, la pousse à s’éprendre d’un jeune Africain, centre et raison de son engagement. Il n’y a pas d’émotions dans ce monde fermé. Paul est filmé à huis clos : la belle maison de cadre supérieur, les bureaux de la banque, et même la voiture, semble une prison. Le générique fait entendre une belle musique ample et souveraine, variation au piano sur un thème de la Septième symphonie de Beethoven, moment précèdant la séquence du crime. Plus tard, dans le déroulement de sa vie, on le verra faire du bateau sur le lac d’Annecy avec sa femme, son fils (ado avec qui il a du mal à communiquer) et le jeune Youssef, le seul moment où il sourit !
Le sang coule. Au début, il teinte l’eau du lavabo après un brossage de dents. Il suinte ensuite des corps abattus. À la fin, c’est l’explosion sur le mur de l’Entreprise. Du bon cinéma, mise en scène efficace. Mais c’est dénué de tout espoir, dommage.
Alain Le Goanvic
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