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Réalisation : Réalisation et scénario : Kim Ki-duk ; Dir. photo : Back Dong-hyun ; Prod. : Lee Seung-jae
Avec :
Oh Young-su : le vieux moine - Seo Jae-kyung : l'enfant moine - Kim Young-min : le jeune homme moine - Ha Yeo-jin : la jeune fille - Kim Ki-duk : le moine adulte
Autodidacte, âgé de quarante-quatre ans, Kim Ki-duk est un homme libre, un surdoué de l'image, inclassable auteur de dix longs-métrages en huit ans. Né en 1960, au fin fond d'une région montagneuse de Corée du sud, il dit avoir été peu à l'école. Voulant être peintre, il émigre en France, à Montpellier, où il peint effectivement pour gagner sa vie. Il devient réalisateur en 1996 après avoir gagné un prix de scénario. Parmi ses films : L'ïle (2000), Adresse inconnue (2001), Bad Guy (2002), Samaria (2004).
Résumé :
Il était une fois un lac paisible, protégé dans un écrin de montagnes verdoyantes. C'est le printemps. Au milieu du lac : un temple bouddhiste qui abrite un vieux moine et un enfant naïf et malicieux. Le vieil homme enseigne à l'enfant-moine, assez rudement, qu'il doit respecter la vie d'autrui, fût-il poisson, grenouille ou serpent. L'enfant, devenu jeune homme, connaît le désir et la souffrance de l'amour dans la fulgurance de l'été. Il commettra un crime passionnel. La leçon du vieux moine résonnera alors douloureusement dans le coeur de l'adulte. L'automne et l'hiver permettront-ils à l'homme meurtri de retrouver la paix intérieure ?
Analyse :
Kim Ki-duk est fou d'images et de couleurs : son film est un festival pour les yeux. Chaque saison est un tableau fabuleux, tout est luxe calme et beauté dans cette vallée reculée où le printemps est un jaillissement de fleurs, où l'été fait exploser la lumière. L'automne rutile, la blancheur scintillante et glacée de l'hiver est celle des contes de fées. Car le film de Kim Ki-duk est bien un conte, en cinq tableaux : cinq fois, le lourd portail en bois, planté sur la rive du lac, ouvre lentement ses deux battants sur le petit temple posé au milieu de l'eau. Cinq fois : pour dire les cinq âges de la vie aux couleurs des saisons annoncées. Tout au long de sa vie, semble dire l'auteur, l'homme est confronté à la violence de son désir. Mais, enseigne le vieux moine, "ce que tu désires, les autres le désirent aussi". Alors il croit que graver dans le bois dur, à la pointe du couteau, une soutra toute entière, puis peindre chaque caractère de couleurs harmonieuses, libère l'âme de celui que la passion tourmente. Le disciple n'oubliera pas les leçons du Maître : en quête de délivrance, il saura un jour que gravir une haute montagne, en traînant derrière soi une lourde pierre attachée à une corde, peut racheter celui que le remords dévore. D'un côté, la nécessaire maîtrise des passions, de l'autre, la rédemption : bouddhisme et christianisme se rejoignent, non pas dans le discours, mais dans le mystère d'images fortes, fascinantes, envoûtantes, qui nous habitent longtemps après le mot fin. Un beau film.
Françoise Lods
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