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Avec :
Galina Vishnevskaya( Alexandra), Vasily Shevtsov (Denis), Raisa Gichaeva (Malika)
Alexander Sokourov. Un des plus grands cinéastes russes actuels. Premier long-métrage « La voix solitaire de l’homme » (1978), censuré, qu’on ne pourra voir que 20 ans après. Beaucoup de documentaires, les « Élégies », et surtout une trilogie de « portraits » :« Moloch » 1999 (Hitler), « Taurus » 2000 (Lénine) et « Le soleil » 2004 (Hiro Hito). « L’Arc russe » 2002.
Résumé :
Un officier russe basé en Tchétchénie reçoit la visite de sa grand-mère Alexandra. Par son indépendance d’esprit et son franc-parler, la vieille dame bouleverse la vie bien réglée du camp militaire qui l’accueille. Elle pose des questions, écoute les soldats. Elle sort aussi dans le village voisin pour aller au marché. Elle y rencontre des femmes tchétchènes…
Analyse :
« J’ai fait ce film pour dire qu’il faut arrêter cette guerre, qu’elle est finie, que c’est un cauchemar qui doit prendre fin, maintenant, et qui ne doit pas recommencer ». Cette déclaration du cinéaste est importante, eu égard aux réactions négatives exprimées à Cannes à l’encontre de ce film, et dans la presse spécialisée depuis. Il est légitime, en effet, de se poser des questions sur la responsabilité de l’armée russe dans l’oppression d’un peuple, qui lutte pour sa liberté. Le problème est complexe. Sommes nous, Français, bien placés pour juger de la façon d’évoquer le problème ? La phrase de Sokourov : « Pour moi, la Tchétchénie fait partie de mon pays » est dépourvue d’ambiguïté ! Mais, que peut exprimer un grand cinéaste sur le sujet, alors que l’on assassine une journaliste trop engagée contre Poutine ?
Ce film ne répondrait donc pas à ce qu’on pourrait appeler un film de dénonciation directe du conflit entre deux peuples, mais tendrait à une prise de conscience de la nécessaire acceptation mutuelle. Peut -être vaut-il mieux cela que le silence coupable…
Et puis, il y l’actrice, Galina Vishnevskaya, ancienne cantatrice, femme de Rostropovitch, que Sokourov avait approchée dans son documentaire « Élégie de la vie ». Il faut la voir déambuler dans ce camp de Grosny, au milieu des soldats à la fois curieux et respectueux, irradiant de sa présence magnifique de simplicité et de dignité, un environnement de tensions et de danger permanent. Le mérite du cinéaste est d’avoir tourné en Tchétchénie, occasionnant du coup une protection permanente de l’actrice et de l’équipe de tournage. Film d’atmosphère (on ne « voit » pas la guerre, mais la tension dans le camp est perceptible à de multiples détails), tourné en 35 mm et retravaillé sur ordinateur, pour mieux servir l’univers visuel du cinéaste. La bande-son joue aussi un grand rôle : bruit du vent, cliquetis des armes que les soldats préparent, voix qui se mélangent.
C’est un film à voir, afin de ne pas se contenter d’avis définitifs sur les intentions du cinéaste.
Alain Le Goanvic
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