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Réalisation : Lech Majewski – Scénario : Michael Francis Gibson - Direction photo : Lech Majewski – Montage : Eliot Ems - Musique : Lech Majewski, Yozef Skrzek – Son : Zbigniew Malecki - Distribution France (2011) : Sophie Dulac
Avec :
Rutger Hauer (Peter Bruegel), Charlotte Rampling (Marie), Michael York (Nicolas Jong- helinck
D’origine polonaise, diplômé de la célèbre Ecole nationale de Cinéma de Lodz, Lech Majewski étudie la mise en scène avec Wojciech Has. En 1981, il fuit le communisme et prend la nationalité américaine. Il est à la fois metteur en scène de théâtre, scénariste, producteur, peintre et poète. La plupart de ses films (en tout une douzaine) n’ont pas été distribuées en France. Il montre un intérêt passionné pour la peinture de Bruegel l’Ancien et obtient la collaboration de l’historien d’art Michael Gibson pour réaliser ce film très particulier.
Résumé :
Année 1564. Les Flandres sont occupées par les Espagnols. Peter Bruegel achève son tableau « Le portement de la croix », où derrière la Passion du Christ, on peut lire la chronique tourmentée d’un pays protestant sous la répression religieuse et politique. Le film plonge littéralement dans le tableau : vastes paysages peuplés de villageois et de cavaliers rouges (l’armée espagnole).
Analyse :
La démarche la plus efficace pour comprendre toute la complexité d’un tableau célèbre est d’y entrer, semble nous dire le réalisateur. Et le résultat de ce voyage « dans la toile » laisse une impression d’étrangeté, comme s’il s’agissait d’un rêve. Les premiers plans du film sont composés de longs travellings de gauche à droite, permettant de découvrir une multitude de personnages qui sont immobiles mais vivants. Certains semblent se placer et s’arrêter sous le regard d’un homme à l’attitude hiératique, qui traverse le champ (aux deux sens du terme : ce qui est sous le regard de la caméra « peintre » et le terrain où se déroule le drame !). L’environnement, c’est du décor peint : un vallon large, quelques arbres, un moulin en arrière-plan (mais ses ailes tournent). Des personnages sont incrustés dans la profondeur de champ, rendant palpable la composition picturale.En marge de la crucifixion, tourné comme un reportage, on assiste aux exactions des soldats espagnols. Ainsi, un homme est poursuivi, roué de coups et subit le supplice de la roue. Belle trouvaille du cinéaste (aussi décorateur et musicien du film) qui nous fait accéder au hors champ du tableau, donnant par la même le sens de la quête ou du message historique. Toutefois, la distanciation est tellement grande qu’il n’existe aucun affect, les personnages ont du mal à prendre vie. La déception finale vient peut-être de la façon de nous montrer le peintre, sorte de figurine ou de marionnette, déplacé par le cinéaste. Le propos serait off record : le peintre est témoin de son temps, le motif biblique sert de prétexte à la dénonciation de l’oppression. On peut préférer dans le genre La ronde de nuit, inspiré du tableau de Rembrandt, de Peter Greenaway et dans lequel une lecture au second degré, proposait une investigation quasi policière sur les personnages représentés sur la toile (voir la fiche dans www.pro-fil-online.fr/).
Alain Le Goanvic
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