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Réalisation : et Scénario: Paolo Sorrentino - Photo: Pasquale Mare - Son: Daghi Rondanini et Gianluca Costamagna - Montage: Giogio Franchini - Compositeur: Pasquale Catalano - Direction artistique: Lino Fiorito - Production: Indigo film et Keyfilms Roma. Distribution : Bellissima films
Avec :
Toni Servilio (Tony Pisapia ), Andrea Renzi (Antonio Pisapia), Nello Mascia (Il Molosso), Antonino Bruschetta (Genny), Angela Goodwin (Franca), Enrica Rosso (Elena), Clotilde Sabatino (Vanna)
Né en 1970 à Naples, Paolo Sorrentino débute en coécrivant le scénario du film Polvere di Napoli d'Antonio Capuano, en 1998. Sa brillante et originale filmographie comporte déjà 4 courts, et ce film est son 5ème long métrage avec 2 sélections officielles à Cannes (Les conséquences de l’amour en 2004 et L’ami de la famille en 2006), suivies d’un Prix du jury pour Il divo (2008) et un prix du Jury Œcuménique pour This must be the place (2011). Son premier roman, Ils ont tous raison (2011) porte un regard féroce et burlesque sur l’Italie d’aujourd’hui.
Résumé :
C’est l’histoire de deux hommes qui ont le même nom, Pisapia, inspirée de personnages réels ayant marqué la culture populaire italienne dans la Naples du début des années 1980 : Tony, un célèbre chanteur de variété cynique et dépravé, cocaïnomane et consommateur de jeunes admiratrices; et Antonio, une star du football, réservé et intègre. Les deux hommes sont au sommet de leur gloire et ne se connaissent pas, mais leurs destins vont brutalement basculer et les entraîner vers une descente aux enfers.
Analyse :
Il est presque impossible de réaliser un premier film de façon plus brillante : est-ce un mélodrame ? un film psychologique ? une fresque sociale ? un conte philosophique ? tout cela à la fois et bien plus encore. Le spectateur, happé dès le générique dans les tréfonds liquides de l’inconscient et interpellé par l’équivoque durable du titre, est promené, -au gré d’un scénario qui enchaîne en un rythme haletant séquences de genre comiques ou mélancoliques parfois délibérément outrancières et brèves notations elliptiques-, à travers les destins jumeaux des deux Pisapia au caractère contrasté : Antonio le footballeur et Tony le chanteur ; le perdant idéaliste, romantique et dépressif et le jouisseur extraverti et sans scrupules. On les verra tour à tour, dans un contrepoint cinématographique étourdissant, tout d’abord au sommet de leur gloire, puis victimes d’un accident de la vie sombrer dans la déchéance sociale. Ils retrouveront in fine, différemment, leur dignité en payant un tribut à la société futile et consumériste de leur temps, avide de leur confession télévisée et qui sans pouvoir sauver Antonio révélera Tony à lui-même et à leur commune humanité. Aux antipodes du minimalisme, ce film ambitieux pourra peut-être submerger certains spectateurs par le trop plein d’idées de scénario qui cavalcadent du début à la fin, et par la luxuriance des inventions cinématographiques que le réalisateur déploie pour brouiller les pistes, et susciter à chaque instant des questions sur les personnages qu’il nous montre, le mystère de leurs actes et les contraintes sociales qui les enserrent, illustrées par des figures secondaires admirablement dessinées. Evidente est enfin l’empathie de l’auteur pour l’élégiaque et pâle Antonio vaincu par la « combinazione », et le cynique Tony touchant malgré ses vices et incarné par le magnifique Toni Sevilio qui deviendra dans ses films ultérieurs le complice récurrent de Sorrentino
Jean-Michel Zucker
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