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Fiche technique :

Réalisation : Benoit Jacquot – Scénario : Gilles Tourand, Benoit Jacquot - Direction photo: Romain Winding – Montage : Luc Barnier - Musique : Bruno Coulais- Décors : Katia Wyszkop- Son : Brigitte Taillandier - Distribution France : Ad Vitam

Avec :

Léa Seydoux (Sidonie Laborde), Diane Kruger (Marie-Antoinette), Virginie Ledoyen (Gabrielle de Polignac), Xavier Beauvois (Louis XVI), Noémie Lvovsky (Mme Campan)

Les adieux à la reine

France, Espagne, 2012, 100min.

Réalisation : Benoit Jacquot

Biographie :

Né en 1947, ses premiers films : Les enfants du placard (1977), Les ailes de la colombe ((1981) révèlent un créateur exigeant qui rompt avec l’esthétique de la nouvelle vague. Ses films majeurs : La désenchantée em>(1990), Le septième ciel ((1997), La fausse suivante et Sade en 2000. Deux films sont des adaptations fidèles des oeuvres originelles : Tosca (2001), Adolphe (2002). Films récents : Villa Amalia (2009), Au fond des bois (2010). Un styliste.

Résumé :

C’est un roman de Chantal Thomas qui a inspiré le film, mais les scénaristes ont concentré l’action sur trois nuits et quatre jours fatidiques : 14, 15, 16 et 17 juillet 1789. L’Histoire est racontée ou plutôt évoquée par une domestique, en fait lectrice de Marie-Antoinette, Sidonie Laborde. On pourrait dire que le film veut raconter le début de la Révolution par un côté particulier, un point de vue intime sur la Cour et la famille royale, qui est désinvolte mais de plus en plus soucieuse, pressentant un destin tragique.

Analyse :

Marie-Antoinette suscite toujours l’engouement des Français, peut-être même de la compassion. Et le cinéma se devait de relayer cet intérêt, car à sa manière, elle fut une star de son époque, suscitant convoitise, admiration et rejet. Surtout, les révolutionnaires ne l’ont pas épargnée, il fallait donc qu’elle ait suscité tant de haine et de passion ! Avant les réalisations de Sofia Coppola, en 2006, et  de Jacquot, il y a eu deux films importants : celui de W.S. Van Dyke en 1938, le romanesque hollywoodien et une star oubliée, Norma Shearer– et l’autre de Jean Delannoy, en 1956 , l’académisme distingué où flamboie la plus belle femme du moment, Michèle Morgan. Par-delà l’image d’Épinal, les deux films récents ont apporté une bouffée de renouveau dans l’approche de l’immigrée autrichienne : le film de Sofia Coppola, avec la diaphane et ‘punky’  Kirsten Dunst  dans le rôle– et le présent film de Benoit Jacquot où le personnage principal n’est pas Marie-Antoinette ! (Mais c’est un canon de beauté qui incarne la Reine, Diane Kruger).
Ce qui rend le film si original, c’est d’une part l’invention d’un personnage qui de spectatrice devient le témoin unique d’une femme, qui progressivement va prendre conscience du danger et de sa fragilité. Il suffit d’observer le regard de Diane Kruger d’une beauté bouleversante. Sidonie / Léa Seydoux pose son regard étonné mais empathique sur la Reine, à peine accompagnée d’un Roi, réaliste mais peu combatif, et d’une cour qui sent la fin prochaine.
D’autre part, autre originalité, le réalisateur met en scène deux autres femmes : Madame de Polignac et Madame Campan, qui participent aux troubles de Marie-Antoinette. Sensualité féminine, dont les hommes sont absents.

Une séquence extraordinaire, qui se répète plusieurs fois, est celle où l’on voit les nobles errer la nuit dans les couloirs de Versailles, en quête d’informations et de paroles rassurantes. Sidonie est filmée de dos dans sa traversée rapide de la foule aux abois. Cette évocation « poétique » évoque magistralement la Grande Peur de la Révolution, l’angoisse devant un monde qui change et l’effondrement des existences individuelles sous les grands coups de l’histoire collective en train de se faire… Les décors sont très élaborés, les éclairages ont une touche surnaturelle. On retient son souffle, on est en apesanteur. La musique est ample et belle. Une pièce nouvelle au thème  ‘Cinéma et Histoire’ !

Alain Le Goanvic

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