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Réalisation : et réalisation : Michel Franco - Chef opérateur : Chuy Chavez - Montage : Michel Franco, Antonio Bribiesca - Son : José Miguel Enriquez - Distribution : BAC.
Avec :
Tessa La (Alejandra), Hernan Mendoza (Roberto), Gonzalo Vega Sisto (José) Marco Trevino (le proviseur)
Né à Mexico en 1979, Michel Franco fait des études de communication, puis commence à réaliser des courts métrage (entre autres, Cuando sea grande en 2001 et Entre dos en 2003). Il réalise en 2009 son premier long métrage, Daniel y ana, qui, sélectionné dans la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, provoque un choc par sa violence et sa radicalité. 2012 verra la sortie de son second long-métrage, Despues de Lucia qui sera couronné à Cannes par le prix Un Certain Regard.
Résumé :
Lucia est morte dans un accident de voiture. La douleur est insupportable pour Roberto, son mari, et Alejandra, sa fille, qui changent de ville, s’installent à Mexico, veulent créer du neuf : nouvel appartement, nouveau travail pour Roberto, nouveau lycée et nouveaux amis pour Julia. Tout commence bien. Mais au cours d’une fête trop arrosée entre copains, Alejandra fait l’amour avec l’un d’entre eux, José. Cette scène est enregistrée par le portable de José qui, via internet, la diffuse à tout vent. Bafouée, traitée de pute, Alejandra devient l’objet d’un harcèlement sexuel incessant et croissant.
Analyse :
Le cinéma mexicain est souvent un cinéma de bûcheron : il cogne dur. Que ce soit Ripstein, Inarritu, Arriaga ou Reygadas, ses réalisateurs travaillent davantage à la hache qu’aux ciseaux à ongles. Michel Franco fait partie du club, vous voilà prévenus, son cinéma rend compte avec violence d’une société violente, et il ne prend pas de gants pour la démonter sous nos yeux. Mais il a le talent de savoir jusqu’où on peut aller trop loin et de s’attacher davantage à l’intériorité des personnages victimes d’un incendie qu’à l’incendie lui-même.
Ainsi le film de Michel Franco semble-t-il au premier degré la mise en scène minutieuse, brutale, cruelle, d’un comportement de groupe — hélas classique et déjà maintes fois porté à l’écran —, celui des élèves d’une classe qui s’unissent contre un des leurs pour en faire leur souffre-douleur ; mais derrière cet aveuglant et parfois insupportable rideau de fumée se dessine le véritable sujet de Despues de Lucia : la relation entre un père et sa fille adolescente, Roberto et Alejandra.
Plus exactement entre elle, son père, et la disparue, la morte, Lucia, dont l’absence ne cesse de peser sur les survivants. Physiquement presque. Non pas comme un fantôme qui irait les tirer par les pieds, mais par le biais de la caméra, et c’est là où le film capte, vampirise presque le spectateur, bien plus que dans les scènes de brimades, somme toute assez conventionnelles dans leur outrance. Les longs plans séquence fixes de Michel Franco (et en particulier ceux, extraordinaires, qui ouvrent et clôturent le film) sont comme hantés, habités par une présence invisible assistant, réduite au silence, à des événements qui lui échappent mais sur le déroulement desquels elle continue d’influer. D’ailleurs, le titre, « après Lucia » l’annonce clairement : c’est elle le personnage principal.
Jean Lods
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