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Réalisation :Réalisation et scénario : Kim Ki-Duk ; Image : Seng Jong-mu ; Musique : Kim Myeong-jong ; Montage : Kim Wang Su-ahn ; Producteur : Kim Ki-duk ; Sociétés : KKD Film Production, Cineclick Asia, Sponge.
Kim Ki-duk (République de Corée, né en 1960), enfant montagnard, étudiant à Séoul, puis ouvrier, passe cinq ans dans la marine, deux ans en monastère, étudie la peinture à Paris, en vit médiocrement au Languedoc, et découvre en France le cinéma qui sera son métier de retour en Corée en 1993. Un scénario où intervient déjà un condamné à mort, lui vaut un prix. A partir de sa première réalisation (Crocodile, 1996, inspiré de sa vie) il réalise chaque année un film à petit budget. L’île (2000) est son premier succès, Printemps été automne hiver… et printemps (2003) et Locataires (2004) lui valent la reconnaissance internationale. Soom (Souffle) est son quatorzième film.
Résumé :
Plein hiver à Séoul. Jang Jin, condamné à mort, tente pour la seconde fois de se suicider. Yeong, épouse négligée, est fascinée par cette information télévisée. Sur un coup de tête, elle rend visite au condamné, pour lui dire qu’elle-même, petite fille, est morte pendant cinq minutes… et en garde bon souvenir. Dans ses quatre visites ultérieures, elle créera dans le parloir l’ambiance des quatre saisons de l’année, chaque rencontre se terminant sur une proximité physique plus étroite – tout ceci permis par un énigmatique directeur de prison qui les observe sur écran video. Jang Jin finit étranglé par un compagnon de cellule amoureux et jaloux, tandis que Yeon repart avec son époux qui a congédié sa maîtresse.
Analyse :
Il faut dans ce film mettre de côté le besoin de crédibilité (qu’est-ce que ce Directeur à mi-chemin entre voyeur et Zeus pater ? et tant d’autres points d’interrogation…) et prendre l’histoire de Jang et Yeong comme un conte ayant ses propres règles. On découvre alors un monde glacial, des êtres seuls, jamais aucun dialogue : peu de paroles, toujours unilatérales. La mort fascine et rapproche deux prisonniers – Jang, terrorisé par une attente qu’il cherche obstinément à abréger, et Yeong enfermée dans le rêve nostalgique de son expérience d’enfant. Et de là surgit l’étrange démarche de Yeong, qui crée pour Jang avec de pauvres moyens (du papier peint aux murs, des vêtements changeants, des chants maladroits) un parcours de quelques heures à travers les saisons et une relation amoureuse – un dernier goût de la vie. Ces séances au parloir, dont le factice reste évident, introduisent néanmoins, dans un milieu insensible, des éblouissements de couleurs et des gestes de tendresse partagée, qui affirment la force et l’importance de l’amour – qu’il s’agisse d’aimer ou d’être aimé, et même de vérité ou d’apparence, puisqu’ici tout reste unilatéral et fictif. Les quelques comparses – le mari de Yeong, leur fillette, l’amoureux de Jang – fonctionnent comme éléments du décor plus que comme personnages, tant ils semblent insignifiants aux protagonistes emplis de leur obsession.
Le récit est très bien construit, la réalisation efficace et sans temps inutiles, ce qui est rare. La vie se déroule dans des paysages et décors ternes, où blancs et gris dominent, traités avec délicatesse. Mais on peut trouver les personnages principaux schématiquement traités, en dehors de leur relation. Et sans pouvoir les comprendre, car chacun est et reste seul, on suit avec attention l’itinéraire de ces âmes blessées. Cependant, la rencontre improbable de deux êtres peu ordinaires donne une tonalité artificielle à ce film. Fallait-il aller chercher si loin pour parler de la mort, encore, et de l’amour, toujours ?
Nicole Vercueil et Jacques Vercueil,
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