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Fiche technique :

Réalisation : Bertrand Bonello ; Scénario et dialogues : Bertrand Bonello ; Image : Josée Deshaies ; Musique : Albin De la Simone, Laurie Markovitch ; Montage : Fabrice Rouaud

Avec :

Clara Choveaux (Tiresia), Thiago Teles (Tiresia), Laurent Lucas (Terranova / le père François), Célia Catalifo (Anna)

Tirésia

France, Canada, 2003, 115min.

Réalisation : Bertrand Bonello

Biographie :

Bertrand Bonello est né en 1968 à Nice. Réalise ici son troisième long-métrage après "Quelque chose d'organique" (1998) et "Le pornographe", présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 2001. Tiresia figurait dans la sélection officielle du Festival de Cannes en 2003.

Résumé :

Tiresia est un transsexuel brésilien dont la beauté fascine Terranova. Celui-ci l'enlève et le séquestre pour se réserver sa contemplation. Mais, privé de ses hormones quotidiennes, Tiresia va se transformer peu à peu et son apparence devient de plus en plus virile. Après lui avoir crevé les yeux, Terranova s'en débarrasse alors, en l'abandonnant à la campagne. Tiresia est alors recueilli par Anna, une jeune fille quasi mutique, qui le prend en charge. Au cours de sa convalescence Tiresia se découvre peu à peu des dons de prédiction qui vont attirer auprès de lui du monde. Le père François, curé de la paroisse, s'en émeut et s'interroge sur la personnalité de cet oracle.

Analyse :

Très beau film dominé par le thème de l'ambiguïté. Ambiguïté sexuelle de Tiresia jouée d'ailleurs par deux acteurs différents (et de sexe différent) selon qu'elle est jeune homme qui se transforme en "femme", ou "homme" aveugle et oracle. Ambiguïté des sentiments : chez Terranova dont l'amour possessif va le pousser à la mutilation de l'objet de son admiration ; chez le père François qui se sent remis en cause par cet oracle qui obtient ce que lui-même n'obtient pas : que ses paroissiens lui ouvrent leur coeur et se confient à lui. Il n'est pas innocent que ce soit justement le même acteur qui joue successivement le pervers et le prêtre. On ne peut donc voir ce film comme un simple récit plus ou moins réaliste. C'est une parabole qui suppose que le spectateur possède un certain nombre de clefs de lecture. Par exemple la référence au mythe de Tiresias qui fut homme et femme et qui, aveuglé par la rage d'une déesse, obtint des dieux une vision supérieure. Le film de Bertrand Bonello veut être une transposition moderne de ce mythe et reste dans une atmosphère plus ou moins irréelle. Cette cave, dans laquelle Tiresia reste enfermée dans la première partie et dont la nudité fait écho à celle que Terranova réclame à Tiresia, fait penser aux enfers par l'obscurité dont elle est entourée et malgré les savants jeux d'éclairage. Cette maison où Anna recueille Tiresia semble hors du temps et de lieux repérables mais elle est ouverte sur le dehors. La musique et les images du début (éruptions volcaniques sur 5° Symphonie de Beethoven) ne paraîtront emphatiques qu'à ceux qui voudraient se situer sur un mode réaliste, ce à quoi un tel film ne prétend évidemment pas.

L'utilisation de deux acteurs différents pour jouer le personnage de Tiresia ne gêne pas vraiment. En revanche il faut souhaiter que tous ceux qui verront le film soient bien prévenus de l'utilisation d'un même acteur (Laurent Lucas) pour jouer deux personnages différents. Car en cas de confusion, le sens du film change radicalement.

Maguy Chailley

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