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Fiche technique :

Scénario et réalisation : Nadir Mokneche ; Musique : Bastarolli

Avec :

Lubna Azabal - Biyouna - Nadia Kaci- Lounès Tazaïrt

Viva l'Aldjerie

Belgique, France, 2004, 113min.

Réalisation : Nadir Moknèche

Biographie :

Nadir MOKNECHE, né à Paris en 1965. Petite enfance à Alger puis en 1984 il passe son bac France, fait des études de droit, suit des cours d'art dramatique de 89 à 93 ; suit des cours de cinéma à la New School for Social Research de New York et reçoit le 1er prix de l'Université en 1996. En 2000 il réalise en Tunisie le film Le harem de madame Osmane.

Résumé :

Goucem, 27 ans, travaille chez un photographe, a un amant médecin, marié, généreux mais volage. Le week-end, elle drague volontiers dans les cabarets branchés de la capitale. Elle vit avec sa mère, ancienne danseuse de cabaret, dans une pension de famille, depuis qu'elles ont fui leur banlieue, après les attentats islamistes. Leur plus proche voisine est une jeune prostituée, protégée par un amant, haut fonctionnaire des Services de Sûreté Nationale. Trois destins de femmes, loin des conventions et de l'orientalisme ; trois volontés de sortir de la “condition de mineure à vie” imposée par le Code de la famille algérien ; trois expressions de la soif de vivre et de s'en sortir, et, pour partenaire, une ville omniprésente qui leur ressemble, avec ses splendeurs et son délabrement, avec, surtout, son inaliénable confiance en l'avenir. 

Analyse :

C'est un film coup de poing. Parce qu'il brise l'imagerie des Femmes d'Alger, indolentes et lascives, que nous ont transmis les peintres orientalistes du XIXe. Parce qu'il brise le tabou de la femme islamiste, enfermée et soumise, otage d'un effroyable obscurantisme. C'est un film coup de poing, sur des femmes qui regardent le monde, grâce à la parabole, et revendiquent leur droit à la modernité, leur droit à disposer d'elles mêmes. 
C'est l'histoire de femmes qui ont appris à dire “non”! et, “... dire non! c'est commencer à dire :je! ” ; de femmes qui évoluent, choisissent, décident et prennent de plus en plus leur place dans une société civile citadine où les hommes ont toujours la part belle, mais que Moknèche ébranle à coups de poings ciblés. Il appelle un chat : chat, un homo : homo, la bureaucratie : corruption. Aucun folklore, dans ce film, juste un exercice difficile : rendre compte d'une manière de vivre entre deux cultures, deux héritages légitimes et tenaces : l'Algérie et El Djezaïr. Certes, ce milieu n'est pas le plus représentatif. Mais il existe. C'est celui des femmes seules (qui n'ont aucune existence juridique), obligées de survivre grâce à leurs charmes, leurs fantasmes, leur nostalgie. On a pu évoquer Almodovar, dans la tendresse avec laquelle Moknèche décrit ses héroïnes dans leur quotidien désenchanté, dans son respect du combat pour leur survie, montrant à l'écran, et pour la première fois, la vie nocturne des “tchis-tchis” (les jeunes gens fortunés) dans les boîtes branchées où règnent le sexe, l'alcool, et l'homosexualité : tabou suprême ! 
Mais l'histoire de ces trois femmes ne serait pas aussi émouvante sans leur partenaire omniprésente, prégnante, envoûtante : la ville d'Alger. Filmée, elle aussi avec amour, dans ses rues étroites, ses escaliers interminables, ses terrasses et ses hauteurs panoramiques, Alger, filmée avec amour, tant dans ses beaux quartiers que dans la saleté de ses rues, dans la lèpre de ses murs, jamais ravalés depuis quarante ans. Alger de la Casbah toujours mystérieuse, aux sublimes maisons mauresques, Alger des boîtes à la mode aux effets laser, Alger et sa baie secouée par la tempête, Alger de la foule vivante et bariolée où voiles islamiques et cheveux au vent se côtoient tout comme à Marseille. 
Et que dire de la musique qui accompagne l'héroïne sous les arcades désertes la nuit, dans les escaliers plongeant sur la mer au grand soleil, dans les rues grimpantes et les boulevards surplombant la baie illuminée ? L'action se passe à la “ Pension Debussy ”. Ferait-il, lui aussi partie du “butin de guerre” de la culture française dont s'inspire et se délecte une certaine culture algérienne contemporaine ? 

Arlette Welty-Domon

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