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Réalisation : et scénario : Terence Davies , d’après la pièce de Terence Rattigan (1911-1977) - Musique : concerto pour violon de Samuel Barber, chanson «you belong to me» interprétée par Jo Stafford, folk song Molly Malone.
Avec :
Rachel Weisz (Hester Collyer), Tom Hiddleston (Freddie Page), Simon Russel Beale (William Collyer), Ann Mitchell (Mrs Elton), Philip Welch (Jolyon Coy), Karl johnson (Mr Miller)
Terence Davis est né en 1945 à Liverpool, le dernier de dix enfants, dans une famille ouvrière et catholique. Après avoir quitté l’école à 15 ans, il exerce différents métiers puis entre au conservatoire. Il débute par trois courts métrages, une trilogie autobiographique (1976-1983), puis réalise Distant Voices et Still life en 1988. Ce sont ensuite The Neon Bible (1995), Chez les heureux du monde (2008, d’après une pièce d’Edith Warton) et Of time and the city (2008). Il a été qualifié de « cinéaste du murmure » .
Résumé :
Comme Anna Karénine ou Emma Bovary, l’héroïne, Hester Collyer, connaît le destin tragique de femmes adultères. L’action se passe cette fois dans l’Angleterre de l’après-guerre, vers 1950, à Londres. Hester, jolie jeune femme d’une trentaine d’années, y mène une vie stricte, ennuyeuse et convenue, aux côtés d’un mari paraissant être son père, magistrat, et d’une belle-mère froide et autoritaire. S’étant prise de passion pour un ancien pilote de la Royal Air Force, Freddie, elle quitte le domicile conjugal pour une vie plus ordinaire avec son amant mais assez vite les disputes éclatent au sein du couple. Le film commence dix mois plus tard, au moment où Hester, désespérée, organise son suicide.
Analyse :
Des premières images de Londres, encore détruit par la guerre, et du poêle à gaz qui doit mettre fin aux tourments de Hester, aux dernières où, dans la même maison, le gaz apporte cette fois la chaleur et la vie, une journée seulement s’est écoulée. Vingt-quatre heures qui sont décisives dans la vie de l’héroïne dont les sentiments -- révolte, amour, colère, tristesse, honte, désespoir -- sont analysés avec une extrême minutie. Le violon transperçant du concerto de Barber accompagne la détresse de cette femme que révoltent « l’insensibilité » et l’affectivité corsetée dans « la dignité » et le paraître de l’Angleterre puritaine du milieu du XXème siècle. On y juge les gens à la manière dont ils servent le thé, le suicide est un délit et l’amour physique entre époux mêmes est tabou. De nombreux flashes back éclairent le cours des événements et la plupart du temps Terence Davies suggère plus qu’il n’expose les ressorts dramatiques. De nombreux épisodes sont silencieux et la caméra tourne avec lenteur afin que l’on suive toutes les nuances de la psychologie des personnages. Pleine de grâce et de charme, perdue au fond de l’abîme, Hester nous touche dans son combat pour la vérité des sentiments et la libération de la femme. Elle se heurte dans un premier temps à son mari mais ce dernier, contrairement à Karénine, évolue positivement et essaie de la comprendre. Sa générosité le sauve et peut-être les sauvera-t-elle tous les deux. Quant au fringant Freddie, très à l’aise dans cette société patriarcale, il est resté figé à l’année 1940 et ne veut pas être « mêlé » aux sentiments des autres. L’amour de Hester, son courage et sa culture finissent par le déranger au plus haut point et il choisit de fuir. De nombreuses scènes sont très réussies, comme la première nuit des amants, en caméra tournante, le baiser tendre, reconnaissant et complice de Hester à Bill, ou le travelling dans le métro londonien qui sert d’abri sous les bombardements. (Le titre évoque l’idée d’être entre le marteau et l’enclume, perdu)
Françoise Wilkowski-Dehove
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