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Réalisation : scénario et montage : Kim Ki-duk – Image : Jo Yeong-jik – Son : Lee Seokjun – Producteur : Kim Soon-mo – Distribution France : Pretty Pictures
Avec :
Cho Min-soo (Mi-sun) – Lee Jung-jin (Kang-do)
Kim Ki-duc est né en 1960 en Corée du Sud. Il a exercé différents métiers (ouvrier, marin) et étudié pour devenir pasteur avant de se tourner vers le cinéma. D’abord scénariste, il réalise son premier film, Crocodile, en 1996. Il enchaine ensuite des films à petit budget avant de connaître son premier grand succès en 2000 avec L’Île, sélectionné à la Mostra de Venise. Après The Coast Gard en 2002 et Printemps, été, automne, hiver… et printemps en 2003, il reçoit les prix du meilleur réalisateur au Festival de Berlin pour Samaria et à la Mostra de Venise pour Locataires qui sort en 2004. Ses personnages principaux sont souvent des marginaux, à l’écart de la société coréenne. Depuis 2008, il n’avait quasiment plus tourné à l’exception d’un documentaire, Arirang, et d’Amen, un film à très petit budget.
Résumé :
Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié, il menace ou mutile les petits artisans endettés d’un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, un sentiment s’installe en lui, et bientôt il va connaître la compassion mais aussi la peur.
Analyse :
Ateliers sombres et sales, montagnes de ferrailles, machines inquiétantes, bruit grinçant des rideaux métalliques, ruelles étroites au sol graisseux, l’univers de ce quartier de Cheongguechon, où Kim Ki-duk a travaillé entre 16 et 22 ans, imprègne le film.
La première partie baigne dans une atmosphère de violence qui pourra rebuter nombre de spectateurs. Même si cette violence reste contrôlée et évite les effets trop réalistes, la vue des victimes en gros plan derrière leurs outils instruments de leurs supplices, le bruit des machines, les cris des victimes mettent les nerfs du spectateur à rude épreuve. Les premiers rapports entre Kang-do et cette femme, Mi-sun, qui lui dit être sa mère, montrent la même brutalité. Puis, peu à peu, Kang-do se fait à cette idée d’avoir une mère et s’attache à elle. Il va faire preuve pour la première fois de sa vie d’un peu de compassion, et, en même temps, il découvre la crainte, la peur, pour lui, mais surtout pour un être auquel il s’est attaché. Il s’humanise.
Film sur l’évolution de la société, charge contre un capitalisme impitoyable et contre la puissance de l’argent qui pousse ces artisans miséreux à vendre une partie de leur corps. Film aussi sur la déshumanisation de l’individu et son possible retour, non pas vraiment vers une rédemption, mais vers une certaine humanité. Film enfin sur la vengeance : on ne peut pas se venger d’une machine, or Kang-do au début du film est une simple machine, sinon à tuer du moins à estropier, insensible à tout sentiment. Le tuer serait casser un objet. Il faut qu’il redevienne humain, qu’il éprouve un sentiment pour qu’il puisse souffrir.
Ce film au titre religieux porte-t-il des valeurs chrétiennes ? Difficile de l’affirmer. Même si l’on peut y voir certains symboles religieux, il reste trop éloigné de ce que représente pour nous le mot Pieta et le début d’humanisation du héros ne peut être assimilé à une rédemption.
Jean-Michel Zucker
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