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Réalisation et scénario : Marco Bellocchio ; Image : Pasquale Mari ; Montage : Franscesca Calvelli ; Son : Béatrice Kruger ; Compositeur : Riccardo Giagni ; Production : Filmalbatros - Rai-cinéma ; Distribution : Océan Films
Avec :
Maya Sansa (Chiara), Luigi Lo Cascio (Mariano), Pier Giorgio
Bellocchio (Ernesto), Giovanni Calcagno (Enzo), Roberto Herlitzka
(Aldo Moro)
Marco Bellocchio, est né le 9 novembre 1939 en Italie. Il passe successivement par l'université, l'académie d'Art dramatique de Milan, le centre expérimental de cinéma de Rome et la « Slade School » des Beaux-Arts de Londres. Il réalise son premier long métrage en 1965 « Les poings dans les poches ». Viennent ensuite des films comme « Le Saut dans le Vide » (1980), « Diable au corps » (1986). Il adopte un cinéma subversif, dérangeant qui titille là où ça fait mal. En 2001, il signe « Le Sourire de ma Mère ».
Résumé :
Librement inspiré du roman d'Anna L. Braghetti, Marco
Bellocchio retrace l'enlèvement le 16 mars 1978 par
les « Brigades rouges », la détention de
55 jours et la mort le 9 mai 1978, d'Aldo Moro, leader du
parti démocrate-chrétien de 1976 à 1978,
un des principaux artisans du compromis historique entre la
démocratie chrétienne et le parti communiste
italien.
Chiara, jeune femme impliquée dans cette arrestation
mène par ailleurs une vie au grand jour : boulot, bibliothèque,
amis. Malgré sa foi absolue en la révolution,
elle va entrer en conflit avec les autres membres du groupe
et va très vite se sentir mal à l'aise face
à la situation dans laquelle elle se trouve. Les certitudes
de Chiara se retrouvent agitées par un passé
et un présent dans lequel se profile tel un fantôme
le visage d'Aldo Moro.
Analyse :
Marco Bellocchio a su trouver le ton juste et ne pas tomber
dans un film qui se voudrait documentaire ou apologique. Il
fixe sa caméra de l'
intérieur, au contact direct de la « cellule
agissante » dans un huit clos (un deux pièce
cuisine) moite et angoissant, avec d'une part la froideur
du regard des personnages et d'autre part le silence non pas
musical, mais un silence sentimental où chaque personnage
se dévoile très peu.
Ce film témoigne à sa façon et sans jugement
à la légère du bouillonnement mais en
même temps de la confusion intellectuelle qui régnait
à cette période au sein de la société
italienne et plus généralement européenne.
La musique, si elle peut paraître parfois pesante et
récurrente pour le spectateur, nous fait entendre la
chanson des Pink Floyd « The great gip in the sky »,
qui inondait les ondes à cette époque, extrait
de l'album «Dark side in the moon » qui selon
Bellocchio symbolise la révolte et le désespoir
de ces quatre terroristes.
Car ce sont bien ces deux notions qui dominent tout le film
: la révolte,le désespoir ainsi que le doute,
incarné par le personnage de Chiara. Ce personnage
nous prouve à quel point l'être humain est fragile
et ne fonctionne pas qu'à l'instinct, mais sait faire
preuve parfois de compassion et de réflexion. Elle
incarne la peur et le doute sur cette mort imminente d'Aldo
Moro qui la hante notamment à travers les lettres qu'il
écrit à sa famille, au Saint-Père et
qui passe entre les mains de Chiara.
Elément également central dans le film : la
présence de la télévision qui opère
parfaitement son rôle dans la préparation mentale
de ces quatre révolutionnaires et l'alimente tout au
long du film. Toutes ces images ressurgissent dans l'esprit
de Chiara comme point de départ du malaise dans lequel
elle se trouve.
Ce film est un remarquable matériau pédagogique
pour la perception et la compréhension de cette période.
Il fait également preuve de beaucoup de recul idéologique.
S'il peut apparaître nostalgique pour toute une génération
ayant vécu cette période, il est très
utile pour une génération plus jeune qui voit
le jour quelques mois après ces évènements.
Bellocchio donne un point de vue qui colle directement au
vécu, à l'intériorité des personnages.
Il préfère raconter l'Histoire par les sentiments
et le corporel plutôt que par l'événementiel.
Un film à voir absolument.
Hervé Malfuson
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