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Réalisation : Arnaud Desplechin Desplechin – Scénario et dialogues : Arnaud Desplechin, Julie Peyr, Kent Jones, d’après l’ouvrage de Georges Devereux « Psychothérapis d’un indien des plaines : réalités et rêves » (1951) - Photo et décors : Dina Goldman – Musique : Howard Shore – Montage : Laurence Briaud Son : Jamie Scarpuzza
Avec :
Benicio Del Toro (Jimmy Picard) – Mathieu Amalric (Georges Devereux) – Gina Mckee (Madeleine)
Arnaud Desplechin est français, né en 1960 à Roubaix. Il a déjà 7 longs métrages à son actif : dont les plus connus sont Esther Khan (2000), Rois et Reines (2004), Un Conte de Noël (2008). Dans ces films se voyaient déjà son intérêt pour la psychanalyse mais c’est seulement dans son dernier film, Jimmy P., qu’elle en est l’objet principal
Résumé :
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Jimmy Picard, un indien blackfoot ayant combattu en France, est admis à l’hôpital militaire de Topeka au Kansas car il souffre de nombreux troubles : vertige, cécité temporaire, perte d’audition…. En l’absence de causes physiologiques, la direction de l’hôpital décide de prendre l’avis d’un ethnologue et psychanalyste français, spécialistes des cultures amérindiennes, Georges Devereux.
Analyse :
C’est une histoire vraie que nous raconte le film qui va ainsi nous permettre de découvrir Georges Devereux, véritable ancêtre de l’ethnopsychiatrie. Lorsque l’hôpital militaire qui tente de soigner Jimmy Picard se décide à le faire venir auprès de lui, Georges Devereux est un psychanalyste qui a la réputation de pouvoir tenter un traitement tenant compte des particularités culturelles de l’indien. Il avait, en effet, vécu avec les indiens Mohaves et développait une pratique thérapeutique originale qu’on appelle maintenant l’ethnopsychiatrie.
Né en 1908 en Roumanie, de famille juive, très tôt polyglotte, il avait fait ses études en Allemagne puis en France. Elève à l’Ecole des Langues Orientales où il avait appris le malais puis à l’Ecole pratique des hautes études où il s’intéressa à la sociologie et à l’anthropologie. Dans le cadre de cette formation il était parti en Indochine française étudier les populations Sedang dont il avait appris aussi la langue. Poursuivant sa formation aux Etats-Unis, il avait vécu parmi les Amérindiens Mohaves dont il avait appris la langue et observé les mœurs. Suivant une formation psychanalytique il resta plusieurs années dans une clinique où l’on admettait les non médecins et où il rencontra Jimmy Picard et commença à le soigner.
C’est de cette relation thérapeutique qu’il est question dans le film. Et l’on voit bien comment tout le passé et la formation de Georges Devereux l’aident à approcher son patient en intégrant sa langue, ses représentations culturelles et en s’impliquant lui-même fortement dans la relation thérapeutique. Mais comment éviter de n’en montrer que les séances de travail au risque de lasser le spectateur ? Le réalisateur s’efforce de trouver toutes sortes de moyens pour éviter justement le simple et permanent face à face des deux hommes et leurs dialogues, répétitifs dans leur forme, même s’ils ne le sont pas dans leur contenu. Interviennent alors des flashes back, des mises en images de rêves racontés par Jim, des épisodes plus ou moins réalistes de la vie en hôpital psychiatrique de l’armée, des allusions au passé de l’ethno-anthropologue, la venue sur place d’une ancienne amie de Devereux… Et il ne s’agit pas seulement du suivi d’une ethno psychanalyse mais aussi de la naissance d’une amitié qui va se nouer entre les deux hommes. Ils sont tous les deux des « déplacés », l’un de sa Roumanie natale et l’autre de sa réserve indienne. Ce fait là les rapproche et donne probablement au thérapeute une plus grande capacité à comprendre et à aider l’indien.
Dans le rôle de Devereux, Matthieu Amalric fait merveille, et Benicio Del Toro campe un indien des plaines extrêmement crédible. Espérons que ce film donnera aux spectateurs l’envie d’en savoir plus sur Georges Devereux et les incitera à ne pas en rester à la surface des choses.Maguy Chailley
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