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Réalisation : et scénario : Cipri Danièle et Franco Maresco – Montage : Jacopo Quadri – Décor : Enzo Venezia - Photo : Luca Bigazzi – Musique : Joseph Vitale - Production : Digital Film - Distribution : Ed Distribution.
Avec :
Salvatore Gattuso (L’oncle de Brooklyn), Pippo Augusta (Don Masino), Salvatore Schiera (Gaetano Gemelli), Gaspare Marchione (Toto Gemelli).
Né en 1962 à Palerme (Sicile) Daniele Cipri co-réalise la plupart de ses films avec Franco Maresco. En 1995, il tourne son premier film, L'oncle de Brooklyn. Puis il filme des courts métrages, documentaires. Il revient au long métrage en 2009 comme directeur de la photo pour Vincere, de Marco Bellochio, puis en 2012 pour La belle endormie, du même réalisateur. En 2012, il filme Mon père va me tuer.
Résumé :
Difficile de résumer ce film dérangeant et scabreux : une famille sicilienne dans une banlieue sordide de Palerme survit tant bien que mal, entre les voisins du même tonneau et la pression de la mafia assimilée à la présence divine.
Analyse :
Pourquoi avoir sorti de l'ombre, 18 ans après sa première sortie, ce film à la limite du supportable, mélange d'influences de Pasolini, de Buñuel, de Ferrara ? On y retrouve l'ambiance de Affreux, sales et méchants en bien plus sordide. Rien n'est épargné au spectateur, du père obèse à moitié nu se goinfrant à pleines mains de chair crue, cerné par une meute de chiens qui finissent par dévorer la viande avec lui avant d'envahir la ville, du nain en costume sombre et cravate qui n'ouvre la bouche que pour roter, au pauvre borgne plus ou moins débile qui ôte devant nous son œil de verre avant de jouer les statues christiques sur un autel promené dans les rues de la banlieue déserte. Tout dans ce film est laid, en ruine, les hommes, les paysages, le décor. Rien de beau ou de positif à quoi se raccrocher pour éprouver un peu d'optimisme. Pas une femme, en dehors de la vieille mère qui passe son temps à vider ses intestins aux moments les plus inopportuns. Scatologie, éructations, zoophilie tarifée, voilà les principes de vie de cette communauté peu reluisante.
Et pourtant, on les suit jusqu'au bout, espérant que quelque chose va enfin se produire, éclairer l'obscurité dans laquelle se débattent ces pauvres bougres qui ne savent pas s'exprimer sans hurler, beugler des chants insipides, répéter dix fois leurs répliques.
Enfin, vers le troisième tiers du film, apparaît l'Oncle de Brooklyn, et le film prend une autre tournure. Vieillard magnifique et muet, il se contente de regarder pour agir, et son regard en biais transforme les êtres qu'il touche. Figure divine, c'est pourtant un ponte de la mafia à laquelle Cipri semble identifier la religion. Du moins c'est ce que j'ai cru comprendre. Et ce qui donne un sens à ce film délirant.
S'il n'y avait pas ces images en noir et blanc parfois superbes, et quelques fulgurances drôlatiques qui arrachent un rire accueilli comme une soupape de sécurité, on aurait du mal à regarder jusqu'au bout. On en sort abasourdi comme d'avoir frôlé un ravin vertigineux, mais malgré tout séduit par l'art du réalisateur.
Catherine Forné
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