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Fiche technique :

Réalisation : Jim Jarmusch - Scénario : Jim Jarmush - Montage : Alfonso Gonçalves - Son : Robert Hein - Production: Recored Picture Company

Avec :

Tilda Swinton (Eve), Tom Hiddleston (Adam), Mia Wasikowska (Ava), John Hurt (Marlowe).

Only lovers left alive

Chypre, France, Allemagne, Royaume-Uni, 2013, 123min.

Réalisation : Jim Jarmusch

Biographie :

Jim Jarmusch est un cinéaste original, et un musicien confirmé. Il a fréquenté les films très tôt grâce à sa mère qui était critique de cinéma et de théâtre. Après des études de cinéma il passe un an à Paris où la cinémathèque lui fait découvrir les réalisateurs japonais qui l’influenceront. En 1984 il reçoit la Caméra d’or à Cannes pour Strangers in Paradise.

Résumé :

Adam et Eve, deux vampires désabusés, se retrouvent après des années de séparation. Au cours de leurs promenades de nuit dans Détroit, ville meurtrie par la crise, ils évoquent leurs anciens amis poètes ou musiciens d’un autre siècle, puis, excédés par les frasques d’Ava, la jeune soeur d’Eve (elle a ‘bu’ Ian, le fournisseur d’Adam en instruments de musique), ils se réfugient à Tanger.

Analyse :

Jarmusch s’est senti étranger parmi les siens depuis l’âge de quinze ans où sa chevelure est devenue entièrement blanche. Cette expérience d’ado prématurément vieilli le poursuit dans chacune de ses œuvres, mais est ici métaphorisée dans ce couple venu du fond des âges qui garde cependant une éternelle jeunesse. Il nous livre dans ce film une sorte d’autobiographie où se révèle sa passion pour la musique punk rock des années 70, son goût pour la littérature romantique, son dandysme désabusé.

Même si Adam et Eve ont besoin de sang frais pour se nourrir, et ne sortent que la nuit, ce film de vampires n’a rien de ceux de Polanski ou des réalisateurs de Twilight (leur addiction se réfère plutôt à un mode de vie de dandy hippie). Le couple a traversé le temps et acquis une certaine sagesse, qui manque encore à Ava, la turbulente sœur d’Eve (son jeune double ?) Les protagonistes ont un élégant accent anglais, boivent leur nectar dans des verres en cristal, et se fournissent dans les hôpitaux, garants de salubrité. Ils possèdent aussi une grande culture grâce à leurs fréquentations, au cours des siècles, de poètes, théâtreux et musiciens qui sont devenus comme eux des oiseaux de nuit : Christopher Marlowe qui aurait écrit l’œuvre de Shakespeare, Byron, Schubert, Kafka, Buster Keaton, et bien d’autres. La lassitude de ceux qui ont vécu trop longtemps transparaît ainsi que leur vision sombre de l’avenir du genre humain. Au contraire de Jarmush à quinze ans, Adam et Eve sont devenus vieux en gardant une apparence juvénile. Adam vit d’ordinaire dans un immeuble décadent de Detroit, ville fantôme, au milieu d’un bric-à-brac d’appareils de sono datant de la fin des années soixante ; Eve vit entourée de livres à Tanger. Les décors et la photographie sont exceptionnels. Tilda Swinton porte le film avec une énergie remarquable et Tom Hiddleston, en rock star dépressif qui ne peut se suicider qu’à l’aide d’une balle de bois dur pour remplacer le pieu traditionnel de la chasse aux vampires, nous devient attachant.

Même si les règles du cinéma sont importantes, il faut les transgresser, professe le réalisateur. Dans chacun de ses films, contrairement à la plupart de ses semblables, il ne laisse que peu de place à l’émotion. Il évolue sur un tout autre registre. Ses personnages marginaux restent étrangers à leur environnement, se laissent porter par les évènements dans un contexte étrangement décalé (comme la nuit et le jour, comme leur nourriture), à la manière des héros romantiques incertains du XIXème siècle. Cependant l’humour, dans ce film, reste toujours sous-jacent. Le temps n’a plus de frontière. Adam et Eve peuvent comparer hier et aujourd’hui. Leur désenchantement provient-il de ce que chacun éprouve en regardant derrière lui : l’époque de l’inconscience, telle qu’Ava la vit, était plus heureuse ; ou bien, comme le suggère ce film, notre culture, accumulée depuis de nombreux siècles, est-elle sur le point de s’écrouler devant la force de la crise ?

Nicole Vercueil

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