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Réalisation : Marcela Said - Scénario : Julio Rosas et Marcela Said - Directeur photographie : Inti Briones - Compositeur musique : Alexander Zekki - Chef monteur : Jean de Certeau - Distribution France : Cinemadefacto
Avec :
Gregory Cohen (Francisco), Francisca Walker (Manena), Carlos Cayuqueo (Pedro)
Née en 1972 à Santiago, diplômée en philosophie de l'art au Chili, Marcela Said s'essaie à la video à New York puis passe un mastère Médias à Paris IV Sorbonne. Ses premiers documentaires sont pour la TV française (Valparaiso, 2001, puis I Love Pinochet, 2002, apprécié par les festivals et primé trois fois). En 2006 elle co-dirige avec son mari Jean de Certeau Opus Dei, puis en 2010 El Mocito (évocation du temps de la dictature) qui aura la consécration d'une sortie en salles. El verano... est son premier long métrage et fiction.
Résumé :
Au sud du Chili, dans le vaste et riche domaine de lacs et forêts de son père Don Francisco (Pancho), la jeune Manena (Mané) connaît les préoccupations et intérêts d'une adolescente. Les événements l'amènent à prendre conscience de la présence environnante des Indiens Mapuche, marginalisés sur leur propre territoire, mais désormais à la recherche de leurs droits et leur dignité.
Analyse :
Le titre, aussi poétique soit-il, n'est qu'un facile jeu de mots : les poissons volants sont les carpes que don Francisco fait sauter à la dynamite pour en purger son lac. Très beau film, images de lac et forêt sous la brume très réussies, et atmosphère d'angoisse permanente que déclenche, peu après le début, l'insert apparemment gratuit d'un chien se noyant bêtement.
La disparition du chien annonce d'autres drames. Le fil du récit commence en rose, par les amourettes de la fille du manoir avec Pedro, jeune employé du domaine ; il s'assombrit ensuite à l'évocation de l'insécurité alentour pour tourner au rouge avec morts et destructions. La violence est constamment présente, y compris dans le futile fracas des explosions anti-carpes, mais suggérée et non pas montrée ; de même n'est visible qu'en filigrane la violence originelle sur laquelle s'est bâtie la prospérité des privilégiés actuels : celle de la spoliation et de la soumission du peuple Mapuche, aujourd'hui au service de ses colonisateurs, comme Pedro est serviteur de Mané.
Le film nomme et dénonce le moins possible, et c'est au spectateur de construire son interprétation de ce qu'il voit et entend. Cette démarche est particulièrement illustrée par l'importance majeure accordée à la nature sauvage, au fil d'images très soignées qui mettent en valeur son omniprésence et sa beauté. L'acharnement de Pancho à éliminer ses carpes, les dégâts brutaux que cela occasionne, sont un exemple du viol perpétré par l'intrusion des colonisateurs dans ce milieu dont les Mapuche se considèrent, eux au contraire, partie intégrante. Une réalisation brillante, toute en subtilité.
Jacques Vercueil
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