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Réalisation : Bonello Bertrand - Scénario, dialogues : Thomas Bidegain, B. Bonello - Photo : José Deshaies – Montage : Fabrice Renaud - Son : Nicolas Cantin, Nicolas Moreau – Musique : B. Bonello - Distribution : EuropaCorps, Orange Studio
Avec :
Gaspard Ulliel (Yves Saint Laurent), Jérémie Régnier (Pierre Bergé), Léa Seydoux (Loulou de la Falaise), Louis Garrel (Jacques de Basscher), Amira Casar (Anne-Marie Munoz), Aymenine Valade (Betty Catroux)
Ce réalisateur de 46 ans (il est né en 68) se fait remarquer par quelques courts métrages, puis en 2001 avec Le pornographe (portrait d’un réalisateur vieillissant de films pornographiques) et 2002, Tiresia (mythe grec revisité d’un homme qui se transforme en femme). De la guerre en 2007 (Quinzaine des réalisateurs) et en 2011, L’Apollonide –souvenirs de la maison close (Sélection Officielle Cannes) confirment sa capacité à décrire un monde désenchanté où les personnages sont à la recherche du bonheur. Bonello est aussi un remarquable compositeur. Il espérait faire carrière dans la musique mais les circonstances l’ont amené au cinéma, devenant un cinéaste majeur du nouveau cinéma français. A suivre !
Résumé :
Yves Saint Laurent est mort en 2008, à l’âge de 72 ans. Le film n’évoque que dix ans de sa vie de créateur de haute couture, de 1967 à 1976. Comme le dit le réalisateur : « Nous n’étions pas intéressés à montrer comment YSL est devenu un génie Ce que nous voulions montrer c’est ce que cela a coûté chaque jour d’être ce qui il était. C’est pourquoi, au début du film, il est déjà une star ». Voilà qui est clair : ce n’est pas une ‘bio-pic’ (comme peut l’être le film de Jill Lespert sorti en janvier 2014).
Analyse :
Au début du film, un homme à la démarche un peu hésitante et précieuse, on le voit de dos parler à un employé de la réception d’un hôtel. Il s’appelle « Monsieur Swann », et vient faire un séjour de repos. Proust est d’emblée invité à cette évocation filmique, la littérature est présente. Les années évoquées sont explicitement indiquées sur l’écran, un peu en désordre, comme si la mémoire du cinéaste se brouillait : 1977, 1968, 1976,1967… Belle idée de scénariste de se fixer comme des ancrages de mémoires sur dix ans de vie ! C’est A la recherche du temps perdu …et retrouvé. Il est là devant nous le Génie, qui peine à dessiner ses croquis de robes, d’ensembles, ses lignes qui ont – on a du mal à s’imaginer- révolutionné la mode. Il veut du Mozart pour accompagner sa solitude de créateur, et vraiment nous ne voyons qu’un homme recroquevillé sur lui-même, n’aimant pas être perturbé. Là où le film ‘marche’, c’est de nous montrer tout ce monde clinquant, prétentieux, superficiel. Malgré la beauté des ‘models’ que Saint Laurent habille sensuellement, avec un goût très sûr qui exalte la Femme.
Homme efféminé, certes, et aussi victime d’un certain Jacques de Basscher, dandy ténébreux qui devient son amant, son âme damnée (sexe, drogue, détournements sordides). Mais Pierre Bergé, magnifiquement campé par Jérémie Régnier, « l’homme », le protecteur, le gérant de sa fortune, veille sur lui. Un univers digne de Visconti (un clin d’œil au cinéaste italien avec Helmut Berger en vieux Saint Laurent !) préside aux défilés, aux soirées mondaines. Mais cet homme fragile et dépressif, si bien joué par Gaspard Ulliel, atteint une sorte de pureté, que Bonello nous restitue dans la dernière image. Saint Laurent, un héros de roman.
Alain Le Goanvic
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