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Avec :
Bae Doona (Young-nam) – Kim Sae-ron (Dohee) – Song Sae-byuk (Park Yong-ha)
July Jung est née en 1980. A Girl at My Door est son premier long métrage. Il a été présenté au Festival de Cannes 2014 dans la sélection : Un certain regard.
Résumé :
Une jeune commissaire de police est mutée dans un petit port de la côte coréenne. Dès son arrivée, elle croise une jeune adolescente dont le comportement l’intrigue. Elle va la défendre contre sa famille qui la brutalise, et s’attacher à elle. En même temps, son action pour faire respecter la loi perturbe l’équilibre économique précaire du village et lui aliène la population. Quand son homosexualité, cause de sa mutation, est révélée, l’assimilation homosexualité-pédophilie est vite faite et les commérages commencent …
Analyse :
July Jung exprime, de façon très asiatique, sa reconnaissance envers son producteur et mentor, Lee Chang-dong, le réalisateur de Oasis, Secret Sunshine, et Poetry. On peut voir une certaine parenté entre ce film et ceux de Lee Chang-dong : une mise en scène classique, une caméra qui sait être discrète, le tout au service du scénario ; et, à l’image, le même chef opérateur.
Dans les films qui nous parviennent, la société coréenne est montrée d’une façon peu flatteuse : violence, corruption, sexisme. Les mâles ne sont pas à leur avantage, les femmes ont les beaux rôles. Il est intéressant d’avoir, pour une fois, le point de vue d’une réalisatrice. Or on trouve dans ce film les mêmes ingrédients que dans les autres, mais July Jung y ajoute une bonne dose d’originalité et d’audace. Elle féminise le schéma classique du justicier intègre, (mais alcoolique), qui s’oppose au caïd local, ainsi que le schéma du couple flic-enfant : cela renforce son propos qui est de montrer la solitude de la policière, sa difficulté à se faire accepter par ses subordonnés mâles et par la population, et l’exclusion dont elle et l’enfant sont victimes.
Il faut souligner aussi la grande audace qu’il y a à parler d’homosexualité, qui plus est féminine, dans un film coréen, le sujet étant encore largement tabou en Corée. Originalité et audace également dans la résolution du problème policier : le méchant est puni pour le seul crime qu’il n’a pas commis !
Le film intéresse par l’ambiguïté que July Jung sait y introduire. Par exemple pour la personnalité de l’enfant, que l’on découvre progressivement, en même temps que la policière dont le spectateur partage le point de vue : enfant victime innocente ou enfant diabolique ? On frôle parfois le fantastique. Quant à l’attachement de la policière pour l’enfant, certains y verront la manifestation d’un instinct maternel jusque-là ignoré, d’autres une attirance plus trouble. Un premier film prometteur.
Christine Champeaux
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