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Réalisation : et scénario : David Robert Mitchell – image Mike Gioulakis, montage Julio Perez, thème musical Rich Vreeland, son Christian Dwiggins, distribution France Metropolitan Filmexport
Avec :
Maika MONROE (Jay), Lili Sepe (Kelly), Olivia Luccardi (Yara),Bailey Spry (Annie), Keir Gilchrist (Paul), Jake Weary (Hugh), Daniel Zovatto (Greg)
David Robert Mitchel est un jeune réalisateur étasunien, né à Détroit où il a situé son premier film (La légende des soirées pyjamas, 2011) primé à Austin (festival SxSW de musique et cinéma) et à Deauville, remarqué à Munich. Pour ce second film, qui vient d'être couronné à Gérardmer (films fantastiques) il reprend le thème "fin d'adolescence" mais le décline selon les clés du genre "épouvante".
Résumé :
D'une relation sexuelle anodine avec le gentil Hugh, Jay hérite d'être poursuivie ("Ça suit") par un être qui veut la détruire. Cet être, invisible par d'autres qu'elle, la terrorise, et sait prendre la forme de ses proches pour la rejoindre.
Analyse :
Comme la langue d'Esope, le cinéma peut être la meilleure ou la pire des choses. Ici, soulagement, ce n'est pas la pire ; les images violentes sont rares (une jambe brisée et retournée, quelques visages de style zombie) et plutôt que d'horreur, on parlera de film d'angoisse. La production compte néanmoins sur les décharges d'adrénaline pour émouvoir les amateurs, et comme l'oreille est bien plus émotive que l'œil, la bande son est puissamment mise à contribution : coups sourds sur rythme cardiaque, tintements, sifflements et grincements électroniques accompagnent les déplacements des héros dans des pièces riches en recoins d'ombre ; l'écran est souvent découpé par un réseau de murs, portes, panneaux qui créent un labyrinthe où le regard se perd encore davantage que les personnages eux-mêmes. Pour faciliter l'identification du spectateur et lui faire partager la crainte d'une menace, les épisodes de terreur s'insèrent sans que rien ne les annonce, sauf les sons et la musique adiégétiques, dans un quotidien très quelconque et donc familier : chacun de nous pourrait devenir victime de ce qui peut surgir derrière un arbre, d'une haie, ou d'une fenêtre qu'une pierre a brisée.
En dehors des ingrédients de l'angoisse, que trouvera-t-on d'autre dans ce film ? Un décor de riche banlieue américaine, belles allées arborées et maisons à deux garages, avec évocation de la barrière sociale qui tient à distance les quartiers pauvres, et un style de vie facile et 'mou' dont on se demande à quoi il se raccroche. Là évolue une demi-douzaine de jeunes gens allant vers leurs vingt ans. Dans un contexte de fin d'adolescence, la découverte du sexe est un sujet qui préoccupe les personnages. Or tout tourne en fait autour du caractère sexuellement transmissible d'une malédiction : faut-il penser alors à une allégorie du sida ? Mais la MST étant ici du type Mistigri (si tu l'as pris, je ne l'ai plus) ce gag permet aux garçons héroïques de proposer leurs services à la brave Jay, qui n'arrive pas pour autant à se débarrasser de son cauchemar – et il faudra in fine tuer le diable, de quelques simples coups de revolver dans une scène de piscine qui nous renvoie à La Féline (Maurice Tourneur, 1942). Surgissant d'une prairie à l'abandon,un énorme et sombre bâtiment de style victorien, avec porche à péristyle, cache dans ses entrailles cette prosaïque conclusion.
Jacques Vercueil
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