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Réalisation et Scénario : Paolo SORRENTINO - Image : Luca BIGAZZI - Musique : Teho TEARDO - Montage : Cristiano TRAVAGLIOLI
Avec :
Toni SERVILLO (Giulio ANDREOTTI), Anna BONAIUTO (Livia DANESE-ANDREOTTI), Piera DEGLI ESPOSTI (Signora Enea), Carlo BUCCIROSSO (P. C. POMICINO), Flavio BUCCI (Franco EVANGELISTI), Giorgio COLANGELI (Salvo LIMA), Paolo GRAZIOSI (Aldo MORO), Giulio BOSETTI (Eugenio SCALFARI)
L’Auteur et autres napolitains : Paolo SORRENTINO (né à Naples en 1970) a commencé par la littérature, et il écrit lui-même les scénarios de ses films. Dès son premier long métrage, très remarqué (L’uomo in più, 2001) il met à l’écran Toni SERVILLO, autre (quasi)-napolitain, acteur et metteur en scène de théâtre, qui sera aussi le protagoniste des Conséquences de l’amour (2004) avant d’être ANDREOTTI dans Il Divo. SORRENTINO, qui s’était déjà frotté au cinéma politique en jouant un petit rôle dans Le caïman (Nanni MORETTI, 2006), s’est fait conseiller pour Il Divo par son ancien, Francesco ROSI, illustre réalisateur (napolitain) de films politiques (Main basse sur la ville, Cadavres Exquis, L’affaire Mattei...).
Résumé :
Giulio ANDREOTTI, membre permanent du parlement italien depuis 1947 (actuellement Sénateur à vie), et membre quasi-permanent du gouvernement (sept fois Premier ministre, et vingt-cinq autres postes ministériels) nous est présenté surtout dans la partie tardive de sa carrière, après le séisme de l’enquête Mani Pulite sur la corruption politique (‘mains propres’, 1992), alors que lui-même est cité à comparaître comme suspect de complicité avec la Mafia et d’assassinat ; mais le film évoque aussi l’ensemble des cinquante ans au pouvoir du divin Jules, et les innombrables crimes, complots et drames qui ont ponctué de façon sinistre l’histoire italienne de l’après-guerre. Car comme le dit l’Inoxydable : « Il n’y a que les guerres puniques [Rome contre Hannibal] que l’on ne me reproche pas !»
Analyse :
La matière était telle, surabondante, complexe et ambiguë, que plusieurs heures auraient pu y être consacrées. SORRENTINO a choisi de nous faire feuilleter un album de morceaux choisis, sans fil logique, sans prétention à la continuité, à l’exhaustif, à la démonstration. Le scénario est donc souvent difficile à suivre sans une bonne familiarité avec les amis, les concurrents, les ennemis d’ANDREOTTI, avec les évènements de cette époque torturée, et avec les interprétations contradictoires auxquelles ils donnèrent lieu. Mais plutôt que de reconstituer et expliquer des faits difficiles à vérifier et dont la liste pourrait s’allonger indéfiniment, il s’agit ici de recréer une ambiance, la vérité du ressenti d’alors. C’est ce que réussissent efficacement le jeu en sphinx de SERVILLO, l’obscurité nocturne qui enveloppe presque toutes les apparitions du Presidente, les marbres, les ors, et les colonnes des palais civils ou religieux où évoluent politiciens, évêques, gardes du corps, mafiosi. Cette histoire de morts violentes, de corruption, de mensonges, SORRENTINO l'a placée sur un rythme sautillant, peuplée de marionnettes ridicules même si mortelles, et soulignée par une musique guillerette et dérisoire.
Dérisoire, en effet. Car, comme pour les mains d’un prestidigitateur, c’est ce que l’on ne voit pas qui compte. Et l’invisible de ce spectacle, c’est l’Italie, c’est le monde réel des femmes, des hommes et de leurs vies, dont jamais il n’est question dans ce milieu de pouvoir. Faut-il en conclure que Il Divo est un film a-politique, sans rapport avec le devenir de la Cité ? Au contraire, il dénonce le chaos généré par un exercice du pouvoir devenu une fin en soi, confisqué par une caste soucieuse seulement d’elle-même et de ses jeux. Chaos qu’il n’est pas étonnant de voir représenté par une équipe venue de Naples, ville victime et témoin au premier chef de ces maux italiens.
Jacques Vercueil
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