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Réalisation : Dante Emma - Scénario Emma Dante & Giorgio Vasta ; Montage Benni Atria ; Image Gherardo Gossi ; Distribution France : Jour2Fête
Avec :
Emma Dante (Rosa), Alba Rohrwacher (Clara), Elena Cotta (Samira), Renato Malfatti (Saro Calafiore), Dario Casarolo (Nicolo), Carmine Maringola (Mangiapane), Sandro Maria Campagna (Santo)
Emma Dante (née à Palerme en 1967) est une Sicilienne, dramaturge, comédienne et metteur en scène de théâtre (Les Sœurs Macaluso, au festival d'Avignon 2014). Via Castellana Bandiera, d'après son roman éponyme, est le premier long métrage de la réalisatrice, qui tourne toujours en Sicile et en sicilien. Présenté à Venise, le film a suscité des réactions contrastées.
Résumé :
Deux voitures se retrouvent nez à nez dans une étroite ruelle d'une misérable banlieue de Palerme. Aucune des deux conductrices ne veut reculer pour laisser le passage. Tout un monde se déploie autour de l'absurde et acharnée confrontation qui durera jusqu'au matin suivant...
Analyse :
Un sujet si petit, si petit, il fallait oser ! Le banal incident est amené par l'énervement de Rosa d'une part, que l'on voit depuis le matin tourner en rond dans la ville en se disputant avec sa compagne Clara, et de l'autre par l'abrutissement bien installé de la vieille Samira et de son gendre Saro, patriarche mauvais et truculent. A partir de cela, un portrait d'une société de marginaux qui rappelle l'ambiance d'Affreux, sales et méchants (par exemple, le montage des paris truqués sur qui cèdera) est dressé sans attendrissement ni condamnation, et mis en miroir avec celui du couple de bourgeoises à la carapace bien étanche. Rapprochement aussi du machisme absolu des autochtones – les hommes disent et les femmes font, ayant oublié depuis longtemps qu'elles pourraient vouloir – et de l'homosexualité des étrangères – pas si étrangères que cela à la ville et au quartier... La domination, en particulier celle subie par les femmes, est un thème cher à Emma Dante. Quelques ponts vers une humanité moins dérangeante : le jeune Nicolo, capable d'affection envers sa grand-mère d'origine albanaise (les Albanais chrétiens sont installés dans le sud italien depuis la conquête turque des Balkans, et beaucoup vivent toujours dans leurs communautés et parlent leur langue) ; la voisine qui explique à la passagère Clara quelques données de la situation, ou celle qui apporte des assiettes de pasta...
Merveilles du cinéma ! Le réseau sous-marin de boites de conserves qui ouvre le film gardera son mystère, le mariage auquel il était si important de se rendre est oublié en route, leur rôle dans l'exposé de la situation ayant été accompli. Au cours de la nuit, l'étroite ruelle s'est peu à peu élargie pour devenir une large chaussée où deux camions se croiseraient aisément, et les petites voitures affichent au matin sans fard la vanité de leur affrontement... Il est plus facile, au cinéma, de créer des ambiances étrangères et insolites, que d'en sortir sans dégâts au moment du dénouement : il faut souligner qu'ici, la conclusion reste à la hauteur du récit.
Jacques Vercueil
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